AUXERRE

Notre-Dame la d'Hors


Liminaire

A l'emplacement de l'actuel palais de justice, il existait jadis un monastère et une église, Notre-Dame la d'Hors. Ce nom signifiait "hors les murs", en dehors des premières murailles qui ceinturaient le coeur d'Auxerre. Ce sanctuaire a été démantelé pendant la Révolution...

 
 

Palais de justice

Là était l'église des Cordeliers

Vestiges de l'abbaye

Vestiges réhabilités

 

 

J'ai habité ce rez-de-chaussée

Autre ancien bâtiment dont j'ai habité le rez-de-chaussée

Reste de sculpture sur la précédente

Partie de sculpture sur le côté de la maison

 

 
Nom de rue sur les vestiges
Pierre gravée au nom ancien
 

 

... A Notre-Dame-la-d'Hors d'Auxerre, en 1659, le facteur s'en tient une fois encore à la formule du grand positif de douze jeux - de 47 notes - avec montre de 4 pieds en façade, un seul clavier cette fois, le clairon remplaçant la trompette que l'on trouve ailleurs, la pédale riche d'une octave ; 94 tuyaux de cymbale s'ajouteront aux 140 tuyaux de la fourniture...

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Le 23 octobre 1659, le notaire royal Aubin Yon recevait le contrat par lequel le facteur Oudart SALOMON [d'après N. Dufourcq in "Le livre de l'orgue français" Tome III** La Facture" (ou OUDARD Salomon d'après Jean Martinod "Répertoire des Travaux des Facteurs d'Orgues du IXè siècle à nos jours")] s'engageait, pour 800 livres tournois, à faire un orgue composé de 13 jeux, savoir :

Grand orgue : R 47 t.
Prestant 4'          Bourdon 4' bouché
Cornet V            Doublette 2'
Flûte 4'              Quinte
Tierce                Nasard
Petite Doublette  Fourniture III
Cymbale II        Clairon

Pédalier : R 13 t.
Bourdon            Trompette                    Tremblant

Un buffet à compartiments, devait être fait moyennant 100 livres.

Prix fait à Oudart Salomon, facteur d'orgues, de l'orgue de N. D. la d'Hors d'Auxerre.
Par devant Aubin Yon, notaire tabellion royal..., le vingt troisiesme jour d'octobre mil six cens cinquante neuf, après midy comparut en sa personne Oudart Salomon° facteur d'orgues demeurant à Troyes, estant de présent en ceste ville d'Auxerre, lequel a marchandé, promis, et c'est obligé à vénérables et religieuses personnes, frère Pierre Duflot, prieur de l'abbaye de Sainct-Marien d'Auxerre et le curé de la paroisse Nostre Dame la Dehors... de faire dans l'église Nostre Dame la Dehors une orgue de quatre pieds, la monstre d'estain sonnant, polly et bruny qui sonnera les quatre pieds ouverts, qui servira pour le prestant, qui sera de quarente sept thyaux.
2. Plus ung bourdon de quattre pieds bouché qui sonnera l'octave en bas de la monstre, la première octave de thuyau sera de bois de chesne et le reste de plomb, qui sera aussi de quarente sept tuyaulx.
3. Plus ung cornet de cinq thuiaux sur marche, de plomb, qui commencera en e mi la au mylieu du clavier, jusques a C sol ut fa en hault qui sera de cent cinq thuiaux.
4. Plus la doublette qui sonnera deux pieds ouvertz les thuiaux sonneront à l'octave en hault de la montre ; les thuiaux serontz de plomb et d'estain meslé, qui sera aussy de quarente sept thuiaux.
5. Plus une fluste d'Allemagne de deux piedz bouché, de plomb, qui sonnera l'unisson de la monstre, qui sera aussi de quarente sept thuiaux.
6. Plus une quinte qui sonnera en la quinte de la monstre qui sera de mesme estoffe que la doublette, de quarente sept thuiaux.
7. Plus ung jeu de thierce qui sera de mesme estoffe que la doublette, de quarente sept thuyaulx.
8. Plus ung petit nazard de plomb de quarente sept thuyault.
9. Plus une petitte doublette de mesme estoffe que la doublette, de quarente sept thuiaux.
10. Plus une fourniture de trois thuiaux sur marche de mesme estoffe que la doublette qui sera de sept ving thuiaux.
11. Plus la cimballe de deux thuiaux sur marche de mesme estoffe que la doublette, qui sera de quatre vingtz quatorze thuyaux et qui servira pour le plain jeu.
12. Plus un clairon qui sera d'estain, l'anche et la languette de cuivre, qui sonnera de quattre pieds ouverts, à l'unisson de la monstre, de quarente sept thuiaux qui sera couppé avec deux tirants.
Et faire un sommier neuf de bois de chesne avec registre et chape de mesme bois pour mettre les dicts thuiaux pour les faire sonner d'accord. Plus faire ung d'esbeyne, les feintes d'yvoire, qui sera de quarente sept touches de quattre octaves au grand clavier.
Plus faire une octave de pédalle de flustes bouché à l'unisson du bourdon de bois de chesne, et ung octave de pédalle de trompette d'anches qui sonneront de huict pieds ouvert d'estain et anches comme dessus.
Plus faire ung aultre sommier séparé pour les dictes pédalles comme dessus.
Plus faire trois soufflets de bois de chesne suffisants, pour faire sonner les dictes orgues, de cinq pieds de long, trois pieds de large qui seront, assy [sic] de bois de chesne avec abrégé et mouvements qui s'étireront es deux costez du clavier.
Le tout bien et deument et sonnant d'accord. Pour fournir le buffet propre pour mettre les dictz jeux de haulteur de douze pieds et de largeur de sept pieds de bois de chesne, de valleur de cens livres, lequel sera de cinq chambre°°. Plus faire auxdictes orgues un tremblant à vent restrouvétz. Et commencer par le dict entrepreneur a travailler ausdicts orgues et ce rendre pour cest esfect en cette ville d'Auxerre dans le jour des Brandons prochain venant, et rendre le tout faict et parfaict bien et deument comme dessus est dict, a dict de gens a ce cognoissantz... dans le jour et feste de Sainct-Rémy prochain venant, et néanmoings s'oblige le dit entrepreneur de faire jouer partye des dictz jeux dans le jour et feste de Pasque prochain venant... moyennant la somme de huict cens livres tournois°°°.
(ADY, H 1.222.)
° Oudart Salomon s'était fait connaître en 1655 pour la restauration de l"orgue de Saint-Eusèbe d'Auxerre ; en 1659, il restaurait l'orgue de N.-D. aux Nonnains de Troyes, en 1660 celui de Saint-Jacques-aux-Nonnains de la même ville. Il avait pour associé Edme Le Bé, comme nous l'apprend la quittance qui se trouve à la fin de cet acte : le 11 février comparurent "le dit Oudart Salomon desnommé cy-dessus et honnorable homme Edme Le Bé, son assocyé" qui reconnurent avoir été entièrement payés.
(ADAude, 14 G 143 ; 22 H 200, ADY, G 2371.)
°° Cinq compartiments ou plates faces : ce buffet était plat sans aucune tourelle, comme l'indique l'acte de 1748 [Voir plus bas].
°°° Le facteur était assuré d'avoir tout le temps que durerait son travail "une chambre à cheminée".

Le 4 octobre 1673, Louis Lebé, facteur d'orgue à Troyes, se chargeait de transporter l'orgue sur le grand portail de l'église, de le réparer et l'augmenter. Lebé devait augmenter la montre, faire un bourdon de 8' bouché, une voix humaine, améliorer le cornet et réparer ou changer pas mal de choses. Tout devait être fini pour la Pentecôte 1674.

Transport et augmentation de l'orgue, par Louis Lebé, facteur d'orgues.
Par devant Gabriel Paintandre notaire royal à Auxerre, soubzigné le quatriesme jour d'octobre 1673 avant midy compary en sa personne honnorable homme Louis Le Bé° facteur d'orgues demeurant à Troyes estant de présent en ceste ville d'Auxerre tant pour luy que soy faisant et portant fort pour le sieur Edme Le Bé son père, aussi facteur d'orgues demeurant audit Troyes et... lequel es dits noms a marchandé, promet et s'oblige à messieurs les vénérables... de leur faire les besongnes et ouvrages cy après déclarés. C'est ascavoir transporter sur le grand portail de l'église leurs orgues, racommoder et augmenter en cette façon, achever jusques à huict pieds la monstre d'estain, faire un bourdon de bois de huict pieds bouché ; une voix humaine coupée comme la trompette, rendre le cornet de plus grosse taille et de son plus esclattant, à chaque jeu adjouster deux tuyaux en bas plus gros affin de rendre les dits jeux de plus grosse taille, plus faire trois soufflets à neufs de six pieds de longs sur trois de large, les planches jointes à languettes et bien fortiffiés ; deux sommiers de quatre pieds chacun, un clavier neuf, l'abbrégé et toutes autres choses qu'il conviendra pour la dite besogne, excepté la tribune, le buffet, l'estain, plomb et ferrures nécéssaires que les dits sieurs religieux seront tenus de fournir. A rendre les dites orgues bien sonnans et accordans. Faict et parfaict dans le jour de la Pentecoste prochain, à peine de tous despens, dommages et interest et ce moyennant le prix et somme de six cent livres...
Appartiendront aux dits entrepreneurs les vieux matériaux restant dudit orgue à la réserve de la tribune.

Signé : Louis Le Bé.

° Les Lebé furent, au cours du XVIIè siècle et au début du XVIIIè, une des célèbres familles françaises d'organistes et de facteurs d'orgues. Leur filiation exacte n'a pas encore été établie. Peut-être descendent-ils de Guillaume Lebé, le beau-père de Robert Ballard... Installés à Troyes, ils ont surtout travaillé en Champagne, en Bourgogne, en Ile-de-France et en Normandie. Jacques, organiste à Saint-Jean-du-Marché de Troyes (1611-1614), facteur associé à l'organier J. de Herville vers 1624, semble être l'ancêtre de cette famille. Son fils fut sans doute Edme qui s'associa comme facteur à Oudart Salomon. Edme qui fut organiste de Saint-Nicolas de Troyes (1643), puis de Saint-Rémy (1647) et qui restaura entre autres en 1662 l'orgue de Saint-Pantaléon, en 1664, celui de Saint-Jean-du-Marché, de 1664 à 1666 celui de Saint-Nicolas, eut pour fils Louis, le plus célèbre des facteurs troyens et peut- être Adrien qui travailla en Normandie.
C'est avec Louis qu'Edme travailla aux orgues de la Madeleine (1664), de Saint-Pantaléon de Troyes (1671), de Notre-Dame-la-d'Hors à Auxerre, et c'est à Louis qu'Edme semble avoir laissé toute sa clientèle.
Parmi les travaux de Louis Le Bé, citons les entretiens et restaurations à Troyes, des orgues de Saint-Nicolas (1668-1693), Saint-Jacques-aux-Nonnains (1674-1686), Notre-Dame-de-l'Isle (1674), Saint-Etienne (1684-1693), Saint-Urbain (1689), Saint-Pierre (1693-1724), Saint-Aventin (1694), Saint-Denis (1701), Notre-Dame-aux-Nonnains (1725). En 1676, il restaurait l'orgue de Saint-Martin de Clamecy ; en 1696 construisait un instrument neuf au Ricey-Bas, restaurait la même année les orgues de Saint-Germain de Châlons-sur-Marne et de Saint-Maclou de Bar-sur-Aube, en 1722, celui de la cathédrale de Sens...
Son fils Nicolas Le Bé, fut aussi organiste et facteur à Troyes au début du XVIIIè siècle ; il restaura en 1706 avec lui l'orgue de Saint-Pierre de Tonnerre qu'il avait expertisé en 1676 - (Prévost, Instruments de Musique usités dans nos églises... Troyes, 1905 ; ADAube, G 532, 10 G 148, 7 G 7 ; G 124, 11 G 6, 15 G 1, 14 G 163, 16 G 149, 16 G 136, 17 G 70 ; Grignon ; Chartraire, Les orgues de la cathédrale de Sens '1889) ; A. P. de Saint-Pierre de Tonnerre ; A. Mun. Clamecy.)

Or, le 29 décembre 1674, les Lebé père & fils (Edme & Louis) étaient toujours là, paressant, buvant et jouant (aux cartes ; ou à autre chose...). Or cela ne faisait nullement l'affaire des Religieux de Saint-Marien, chargés de faire les frais de ce travail au ralenti et de cette transformation de la tribune et du logement des Lebé en simple tripot. Ils s'en plaignent dans une épître amère et longue destinée aux arbitres. La conclusion normale est une demande d'argent, tant les Lebé sont coûteux.

Prétentions de messieurs les religieux de Saint Marien contre messieurs Edme et Louis Le Bé facteurs d'orgues, demeurant à Troie.
Premièrement les dits sieurs religieux demandent et ... sera adjugé par M. les arbitres, la somme de trente et une livres payée en leur acquit a un chartier de Troyes qui a apporté les sommiers, soufflets et autres ouvrages qu'ils estois [sic] tenus de livrer pour leur orgue car tout ouvrier est tenu de mettre son ouvrage en place s'il n'est stipulé au contraire ; or est-il qu'il n'est point stipulé par le marché que nous irons prendre à Troie les dicts ouvrages, doncques les dicts Le Bé en sont tenus, ce qui est à observer, que les dicts sieurs Le Bé ont faict reporter par le mesme chartier les vieux sommiers souflets et fust de l'ancien orgue.
Partant ici sera passé......................................................... 31 l. t.
Item les dicts sieurs vénérables demandent qu'il leur sera payé les matières suivantes que les dicts sieurs religieux n'estoient obligés de fournir, cod.....les [Illisible], colles fortes fil de fer, de laiton, le cuivre, peaux de mouton, et bois qui ont esté employées au dicts orgues, et achepter par leur ordre.
Scavoir pour fils de fer et laton, pris chez Madame Thiriat marchande la somme de six livres onze sols, six deniers suivant sa quictance du 20è décembre dernier, cy 6 l. XI s., 6 d.
Item, pour huict livres de colle d'Angleterre à 12 s. la livre 6 l. 16 s.
Item pour trente peaux de mouton du prix et somme de treize livres unze sols, cy 13 l., II s.
Item, en cuivre pour faire les anches et languettes, 50 s.
Item, pour du bois pris chez M. Simon Le Bel menuisier dont les religieux ont respondu suivant son mémoire, seize livres, dix huict sols, cy 16 l., I8 s.
Item, pour tous les autres bois employés au dict orgues et pris dans la maison des dicts religieux pour faire l'abrégé, les mouvements, les faux sommiers, sommiers, parfaire le gros bourdon, les dicts Le Bé n'ayant apporté que les quatre maitresses pièces du dit bourdon et les deux gros sommiers, tout le reste ayant esté fourny par les dicts religieux, ce qui sera estimé par un menuisier toutes lesquels materaux [sic] sont à la charge des dicts Le Bé ; ce qui se voit manifestement par la disposition du marché qui n'oblige les religieux qu'à fournir la tribune, le bufet, l'estain, plomb et ferrure nécéssaire, dont toutes autres choses qu'il conviendra pour ladite besongne sont deu estre fournies par les dicts entrpreneurs, comme le dict plus hault le dict marché.
Plus sera alloué à messieurs les religieux de Saint Marien la nourriture et logement donné aux dicts Le Bé et un aprentif, l'espace de six mois et trois semaines qui contiennent deux cent huict jours depuisd la Pentecoste 1674 jusqu'au 29è de décembre dernier, qui beuvoient six pintes de vin par jour en un temps qu'il valoit quatre et cinq sols la pinte, et quarante sols par jour pour tous les trois. Sera passé... la somme de quatre cent livres, cy 400 l.
La raison de cette demande est jeuste par ce que nous n'estions obligés de nourir les dicts ouvriers que jusquez à la Pentecoste de l'année 1674 auquel temps l'orgue devoit estre faict et parfaict comme il est dict dans le marché à peine de tous dépens, dommages et interets lesquels nous laissons au jugement des arbitres de liquider.
Quand il est dict à la fin du marché qu'il luy sera fourny sa nourriture et logement, luy troisièsme, pendant qu'ils travailleront aux dictes ouvrages, cela est limité à la Pentecoste de 1674, autrement, il leur auroit esté libre de prolonger l'ouvrage encore cinq ou six ans ou temps qu'ils auroient voulu, ce qui ne se peut, veu qu'il n'est pas dict tant qu'ils travailleront ce qui signifie un temps indéterminé ; mais il est dict pendant qu'ils travailleront, scavoir le temps qui est prefix et limité par le jour de la pentecoste, c'estoit à eux à prendre leur mesures ; car nous avons faict nostre compte la dessus, et s'ils nous eussent dict qu'il estoit necessaire de neuf ou dix mois pour faire le dict orgue nous n'aurions pas donné une somme si considérable, portée par le dit marché ; cela est tout clair sans parler de l'incommodité que nous aovns souffert pendant le dict temps que nous ne pouvions loger nos hostes et religieux et nous avons esté contraint de les envoyer coucher dehors le logis ; mais ce qui a prolongé un si long temps, c'est leur paresse, de se lever à sept heures du matin et couché à huict, c'est de jouer aux cartes°, de boire avec leurs amis qui les venoient veoir, enfin c'est d'avoir mal employé le temps, ce qui ne doibt pas estre supporté par les dicts religieux.
Si les dicts Le Bé n'eussent pas emporté tous lesz vieux materiaux de l'ancien orgue, ils n'auraient pas consumé tant de temps, tant de dépense et de couste aux dicts religieux, car ilq estoient obligé de faire les vieux matereaux qui pouvoient servir°".
(ADY, H 1.222.)
° Ces deux mots sont barrés sur l'original : les facteurs se livraient sans doute à un autre jeu de société que les religieux n'ont su définir !
°° Il ressort d'après cet acte, que les facteurs Le Bé en prenaient fort à leur aise avec les religieux ; Ils emportèrent tous les matériaux de l'ancien instrument, et furent si bien logés, hébergés à l'abbaye qu'ils ne firent rien pour activer le travail.
Par un acte du 9 janvier 1675, Louis Le Bé avait passé en son nom et au nom de son père une transaction avec les religieux de Saint Marien pour l'orgue de N.-D.-de-la-d'Hors. Les facteurs demandaient 400 l. "pour augmentation par eux faites à l'orgue qu'ils ont composé à l'église... dans la tribune qui est sur la grande porte... et qu'ils ont marchandée par contrat le quatre octobre mil six cent soixante et treize." Ils eurent gain de cause...


Le 9 janvier 1675, Louis Lebé, agissant en son nom et comme mandataire de son père, transigeait avec les Religieux pour 400 livres. Quelques jours auparavant, les augmentations faites par les facteurs avaient été examinées en détail.

Détail des dépenses qui ont été faites par les Lebé pour la construction de l'orgue°
Premièrement donné à M. Le Bé le 8è novembre 1673, 198 l. t.
Item le 7è mars 1674, le sieur Le Bé est arrivé avec un apprentif et payé pour son cheval, 3 l. t.
Item, le 9è mars, pour refaire son habit, 7 l. t.
Item, le 8è avril, allant visiter l'orgue des Jacobins, 3 l. t.
Item, le 23è du dict mois à M. Le Bé le jeune, 77 l. t.
Item, pour six aulnes de toiles, 3l., I2 s., 9 d. de clou, en tout 4 l., I s.
Le premier jour de may payé pour le chartier qui apporté les souflets et sommiers et autres ouvrages, 31 l. t.
Le 2è may pour une peau de mouton pour faire un tablier au père Le Bé, II s.
Le 8è may pour une douzaine de peaux de moutons de cent du sols, et une autre de IIs. en tout 6 l., I s.
Le 10è pour une épinette que M. Le Bé le père a achepté de Me. Heuverard, chantre de Saint Estienne, 21 l. t.
Le 17 may pour deux livres de colle, 24 s.
Le 28è may baillé à m. Le Bé père cent sols, 5 l. t.
Item par ordre du dict Le Bé à la blanchisseuse 22 s., 5 d.
Le 7 juin, deux livres de colle 24 s.
Le 17 juin, donné au sieur Le Bé le jeune, pour reconduire sa femme à Troyes 22 l. t.
Le 18è pour cinq aulnes de leton 5 s., et cy devant pour du papîeer, cinq sols, cy I0 s.
Le 23è pour douze peaux de mouton, 5 l. t., I0 s.
Le 25è donné au sieur Le Bé jeune, 4l. 3 s.
et à la blanchisseuse en tout pour son ordre, I7 s., en tout 5 l.
Item au père Le Bé le mesme jour 40 s.
Le 6 juillet donné par le p[ère] Nicolas au sieur Le Bé jeune, 40 s.
Le 7è juillet donné au sieur Le Bé l'aisné pour faire son voyage à Troyes, II l. t.
Item payé par le sieur Nicolas tant en colle, poix, eaisine, blanc d'espagne, fil de leton et papier, 35 s.
Le 9 juillet donné au sieur Le Bé jeune, pour son voyage à Troies, 22 l., I0 s.
Item le mesme jour donné a Carré pas ordre pour un fusil qu'il a emporté à Troyes, 5 l. t.
Le mercredi 24 Juillet 1675, M. Le Bé est arrivé avec un apprentif.
Le 26 juillet pour une livre et trois quarteron de fil de fer, I7 s.
Le 27è , pour une livre de colle, I2 s.
Le Dimanche 28è Juillet, baillé au jeune Le Bé par le père sousprieur, 30 s.
Item, le 5 Aoust pour trois quarterons de laitton, I5 s.
Item, pour un quarteron de fil de fer 3 s., 6 d.
Le I2è donné au jeune Le Bé pour deux bouteilles de vin, 8 s.
Le 14 I/2, pour deux peaux de mouton, 20 s.
Le 19è baillé à M. Le Bé jeune pour son voyage de Pontigny, la somme de 30 s.
Le 20è baillé à la blanchisseuse par leur ordre, 30 s.
Le vendredi 23è Aoust, le père Le Bé est arrivé icy.
Le 28è Aoust deux livres de colles pour les sommiers, 24 s.
Le jeudi 29è donné au père Le Bé pour aller à la maitrise, 30 s.
Le mesme jour pour une peau de mouton, 9 s.
Le Ier de septembre, baillé au jeune Le Bé pour son voyage de Trois, la somme de 24 l. t.
Le 7 Septembre, baillé au père Le Bé 30 s.
... Le 4è Octobre, item donné à la blanchisseuse tant pour linge blanchi que pour avoir raccommodé, des chauses de l'apprentif à Pierot son valet, I8 s.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dépense de l'orgue
Le vingtroisième d'Octobre donné pour du cloud cinq sols, 5 s.
Le 26è donné au jeune Le Bé pour son voyage de Troyes, 27 l., I0 s.
... Le 8è Novembre pour trois livres de laiton ou chauderon pour faire les hanches (sic) 38 s.
... Le 21è pour deux peaux de mouton pour les sommiers des pédalles, I8 s.
Le 22è pour une livre et demi de fil de fer, 20 s.
... Le 26è donné pour chauderon à faire languettes, I2 s.
... Le mardy 3è Décembre, pour une livre de fil de fer, I4 s.
... L'onzièsme pour du laton pour soustenir les pédalles de trompette, I0 s.

Les articles cy dessus, y compris les quarante livres baillés cy aujourd'huy à M. Le Bé le père onty arrestés à la somme de quatre cens quatre vingt dix huict livres, dix huict sols, non compris les trente et une livres de port et chariage des souflets ny les douze sols cy dessus.
Fait le vingt huictièsme jour de Décembre 1675.


(D'une autre écriture : celle de Le Bé) :
J'ay soubsigné comffesse avoir receu les somme si dessus porté par les article qui se sont trouvé monté à la somme de quatre vingt dix huict livres dix huict sols, temps des quitansse que de mon père que de moy donné si devant et tous les quitance sont nul. Faict et sept Janvier 1676.
Louis LEBE

Estoffes fournies pour l'orgue

Le 12è Mars 1674 a esté achepté 42 livres d'estain et six vingt livres d'estain le 16è Mars pour la somme de 8I l. t.
Item, le 2è May, quarante huict livres et demie, 24 l., 5 s.
Le 18è, I28 livres d'estain, le 21è seize livres et demye, le 3è Juin trois livres et un quarteron, et le 9 Juillet 4 livres et demy d'estain ; en tout cet article cent cinquante deux livres et un quarteron qui valent la somme de 74 l. 2 s. 5d.
Le 27è Juin payé par le père sousprieur à Germain Carré le nombre de cent dix sept livres et demye de fer à 35 s. la livre qui valent I7 l. 2 s.
... Item à M. Simon Le Bel menuisier de compte fait avec le p[ère] Grimel il a receu sur le bufet et tribune de l'orgue... 50I l., I4 s.
Item, pour les 5 tuyau de pédalles, 22 l. t.
(ADY, H.1.222.)
° Il existe dans la liasse H 1222 trois exemplaires de ce compte ; ces exemplaires sont à très peu de choses près semblables.Il est donné ici le plus complet en mettant en italique les passages tirés des deux autres et qui n'existent pas dans le premier.

Détail des augmentations faites par les facteurs sur le devis de 1673.
1675. 31 décembre ... plusieurs augmentations considérables au dit orgues par l'ordre des dits sieur prieur et religieux, scavoir à la montre deux plates faces qui sont tout en hault faites à neuf, plus une double tierce faict à neuf, plus deux sommiers de cornet faicts à neuf, le dit cornet ne commencoit qu'à f ut fa, et commence présentement à la fainte de C sol ut fa qui sont quatre touches d'augmentations, composé de cinq thuiaux, plus faict quantité de thuiaux tous neufs, aux jeux à la dite orgue, là où il n'estoit obligé que d'en faire deux en bas ; plus fait un plein jeux tout neuf composé de sept thuiaux sur marche° ; plus fait la trompette tout à neuf ; plus fait la place à la double tierce garnie de son registre et chappe et la coupper comme aussi le nazard et la petite tierce pour jouer le parement la basse, et le dessus comme formé de deux claviers ; plus fait deux sommiers de pédalles à neuf composés de neuf marches sur chacun et trois registres de tirants, plus un marche pieds de pédalle fait à neuf composé de dix huict touches de pédalles d'anches tant marche que faincte, plus six thuiaux de pédalles d'anches qui sont les plus gros, plus deux faux sommiers de pédalle d'anche à neuf, plus un tremblant à vent perdu tout à neuf ; plus fait tous les mouvements des jeux couppés, là où il ne falloit qu'un mouvement, il y en a deux présentement...
° Il doit s'agir ici de deux registres de fourniture (4 rangs) et de cymbale (3 rangs).
(ADY, H.1.222.)


Le 10 janvier 1676, le facteur Claude Esclavy, d'Appoigny, examine l'orgue et dresse procès-verbal de sa vérification. Il trouve à l'instrument des Lebé de nombreuses imperfections.

Procès-verbal de la vérification de l'orgue par Claude Esclavy, facteur d'orgues°
1676. I0 janvier Sur le requis de messieurs les V. Religieux du couvent de Nostre Dame la Dhors, je, Claude Esclavy, organaire csic) demeurant à Appongny, soussigné, certifie avoir veu l'orgue qui est dazns l'église parroichiale N. D. la d'hors, faicte par le sieur Lebé, accompagné du dit Le Bé, lequel orgue après avoir veu le dit ouvrage, faict à neuf s'est trouvé :
Les soufflets ne sont garnis ; les portevents sont de sappins e granis de papier et doibvent estre de bois de chesne et garny de vellin.
Les ressorts trop affoiblis qui cause que les touches ne se peuvent relever assez vitte.
L'abrégé, le fond de l'abrégé est de bois de sappin e doit estre de bois de chesne.
Les sommiers ne sont garnis dans les litteaux.
La monstre, le C D F ne parlent pas e octavient, à cause que la dite monstre est de trop petite taille, et 7 tuiaux dans le milieu qui sont inégaux.
Bourdon de 8 pieds bouchés ; le bourdon est de trop petite taille e n'a point d'effect ; duquel le C D E F d'em bas ne parlent pas e le surplus de la première octave n'a pas la netteté d'armonie.
Bourdon de 4 pieds est faible à cause de la taille.
Prestant, doublette.
Fourniture et cimballe de 7 tuyaux n'a pas effect de 7 tuyaux.
Goce tierce, elle est inégale e faut adoucir l'accord.
Larigot, donner de la force aux basses.
Cornet, n'est pas de tailles ésgalles ce qui cause qu'il est trop aigus sent comme son dessus de plein jeu.
Trompette est toutte inesgalle.
Voix humaine est de taille de régalle e quoyque la hauteur n'a point effect de voix humaine.
Quand au sommier, je n'ay pas visité s'ils sont en la forme de reception.
Pédalles, il y a de l'inégalité.
Lesquelles ouvrages veu, j'ay trouvé ce que dessus, dont j'ay delivré le présent rapport aux dits vénérables religieux, lequel j'affirme estre très véritable, en foy de quoy j'ay signé.
                   Auxerre, le I0è janvier 1676.                                                         Signé : Esclavy.
(ADY, H.1.222.)
° Voir plus loin.

Malgré ce procès-verbal qui lui est défarovable, Louis Lebé est chargé, le 3 décembre 1677, de restaurer l'orgue, pour le prix de 60 livres, plus sa nourriture et son logement jusqu'au 1er février 1678, jour auquel doit être terminé le travail. Mais les Religieux de Notre-Dame-la-d'Hors ont pris leurs précautions. Ils savent par expérience, que les Lebé ne travaillent pas de façon trop rapide et qu'ils mangent et boivent bien, et ils stipulent cette fois que Louis Lebé devra se nourrir et loger à ses frais après le 1er février. De cette façon le facteur aura intérêt à ne pas faire traîner les choses en longueur..

Accord passé entre Louis Le Bé et les religieux pour la restauration de leur orgue.
1677. 3 décembre Nous soubsignés sommes convenus de l'accord qui s'ensuit, scavoir, moy Louis Le Bé de faire et parfaire toutes les ouvrages nécéssaires de l'orgue entreprise par moi susdit dans l'aglise de Nostre Dame de la d'hors située dans la ville d'Auxerre, scavoir de la demonter, neoyer, refaire les tuyaux rompus et gastés et rendre enfin le dit orgue en estat de réception le premier jour de février prochain venant, et nous prieur et religieux... de nourir le dit Le Bé et son homme jusqu'au dit jour premier de février, en leur donnant trois paintes de vin par jour et le reste raisonnablement suivant la nourriture de nous dits religieux ; et en cas que le dit Le Bé aye plus tost rendu recevable le dit orgue, il n'en prétendra aucun remboursement de nourriture ; et s'il arrivait qu'il employat plus de temps que jusqu'au dit premier jour de février prochain, le dit Le Bé sera pour lors obligé de se defrayer luy mesme et son homme jusqu'à la réception du dit orgue ; et de plus les dits religieux s'obligent de loger le dit Le Bé et son homme et luy fournir les matériaux nécéssaires comme aussi de luy payer sur son deub dans le dit temps cinquante livres, et après la reception pour demeurer quittes envers luy de toutes choses quelconques, il luy sera payé par nous soixante livres : laquelle reception sera faite par Me. Burat, organiste de la cathédrale d'Auxerre° ou par tout autre au choix de nous dits religieux, sitost l'ouvrage achevée ; et en ce faisant toutes quittences sont demeurées nulles ; le dit Louis Le Bé se portant fort de tout pour Edme Le Bé son père ; en outre, sommes convenu que le dit Le Bé sera seulement obligé de mestre en estat les pédalles tant de flute que de trompettes suivant la quantité qu'elles sont désja dans le dit orgue, scavoir dix huict d'anches, et douze de flustes ; lequel accord a esté fait double et signé par nous ce troisième décembre mil six cent soixante et dix sept.
                                                                            Signé : Louis Le Bé. (ADY, H.1.222.)
L'orgue, qui devait être reconnu par M. Burat, organiste de la cathédrale d'Auxerre, fut effectivement reçu par celui-ci après les travaux de Lebé, qui, chose extraordinaire, furent terminés le 18 décembre 1677.
° Cette visite fut faite effectivement par Burat, comme le prouve l'acte suivant du I8 décembre 1677 (ibid.)
"Je soubsigné certifie avoir visitté l'orgue de l'église de Nostre Dame de la Dehors dans laquelle tant au sommier qu'aux soufflets, je n'ay rencontré aucun deffaut essentiel. Les thuyaux estant maintenant bien sonnant et d'accord et toute l'orgue ne souffrant aucune altération. Je suis pourtant d'avis que si l'on y fait un jour un positif, l'on oste du dit orgue la tierce, le nazard et la fluste pour mettre dans le dit positif, estant de trop petite taille pour une grande orgue ; et que l'on mette dans la place de la dite fluste une quarte de nazard et que l'on fasse pour le dit grand corps une tierce et un nazard de taille aussy grosse qu'ils le doibvent estre. C'est mon sentiment. Ce I8è décembre 1677. P. Burat."


Testament du facteur Esclavy.
1688. Au nom du père et du fils et du Saint esprit ainsi soit-il.
Le cinquièsme jour d'avril mil six cent quatre vingt huit, en la ville d'Apoigny, en la maison de Me. Claude Esclavy facteur d'orgues y demeurant ou je me suis exprès transporté à sa requisition ou etant le dit sieur esclavy gisant au lit malade, néanmoins sain de corps, mémoire et entendement ainsy qu'il est apparu au dit notaire et des sieurs témoins sousignés, lequel a déclaré qu'après avoir souvent et murement considéré que tout ce qui est vivant doit mourir, que la mort est un deffault de notre nature, ayant faict faites de fréquentes et sérieuses reflections sur toutes ces choses et souhaité faire son testament et faire mettre par écrit sa dernière volonté en la manière qui en suit.
Avant toutes choses, avec une conscience chrétienne, a le dit testateur recourre à l'infinie miséricorde de Dieu pour en obtenir le pardon de ses péchez qu'il reconnoit estre sans nombre, avec ce sentiment, il rend son âme à Dieu qui la luy a donné et le prien en toute humilité de le recevoir en sa saincte grace.
Pour son corps, veut et entend quand il aura plu à Dieu séparer son âme d'icelluy qu'il souhaite etre inhumé dans l'église paroissiale où il sera decedé ; pour en effet qu'il soit fait un convoy honète à l'execution de l'exécuteur de son présent testament cy après nommé, une messe d'obit un service un an après, et un autre service deux ans après son décès à la manière accoutumée.
... Item, donne et lègue le dit sieur testateur à Edme Esclavy son fils tous ses houtils de menuiserie et facture d'orgues, les orgues et ouvrages et instruments parfaits° et à parfaire qui pourront estre en la possession du dit testateur, pour sa part des meubles sans exclusion des immeubles et ce par amitié qu'il a pour luy...
... Item donne et lègue le dit testateur à Marguerite Thérèse Esclavy sa fille toutes les notes et minutes de notariat que le dit testateur a reçu tant à Apoigny qu'à Everon étant notaire, et ce pour récompense des bons et fidèles services qu'elle luy a rendue...
(ADY, G.1.992.)
° Aucun renseignement n'a été trouvé sur les orgues qui auraient été construites par ce facteur avant cette date ou qui lui auraient été commandées à cette date. En 1663, il était payé I00 l. par le chapitre de Sens pour les réparations qu'il avait faites à l'orgue de la cathédrale. En 1676, il expertisait l'orgue de N.-D.-la-d'Hors d'Auxerre... De son mariage avec Marie Arment, il laissait trois filles, Petronille, Jeanne, Françoise et un fils, Edme, dont nous ne connaissons aucun ouvrage de facteure d'orgues, C. Esclavy figurait le 8 sept. 1666 comme parrain, sur l'un des registres de baptême de Montargis (ADY, H 1222, G 679 ; H Stein, Inventaire des Archives Com. de Montargis.)


L'organiste reconnaissait dans son procès-verbal qu'il n'y avait "aucun deffaut...". Et nous faisons dans le temps un saut de 70 ans pour arriver au 4 mai 1748. L'orgue qui ne parle plus, est examiné dans tous ses détails par Joseph Cottereau facteur réputé {1741 St Pierre Avallon, devis de réparation ; 1747 cathédrale [sic]de Noyers-sur-Serein, restauration}. Celui-ci reconnaît les jeux, au nombre de 17 (dont 2 à la pédale), et tout ce qu'il faut faire à l'instrument.
Il expose que l'orgue a coûté 4000 livres, qu'il faudrait payer 5000 livres pour en avoir un semblable, et que le relevage coûterait 2000 livres. Il nous donne en même temps une description détaillée du buffet, qui se composait de 5 plates-faces, sans tourelles. Il y avait, nous dit-il, une grande plate-face centrale (hauteur : 2,97m), 2 plates-faces de 0,99m, entourant celle du milieu, et, aux deux extrémités, deux plates-faces de 1,98m. Le tout surmonté d'une corniche sculptée, le pied du buffet comportant également des sculptures, une corniche et une frise. [Il est malheureusement impossible d'avoir aujourd'hui une idée plus précise de l'instrument, l'église ayant été détruite avec lui.]

Mémoire de l'Etat présent de l'orgue de l'église abbatiale et paroissiale de Notre Dame la Dor fait par l'ordre de monsieur le prieure (sic) de la ditte abbaye.
Premièrement trois soufflets de six pieds de longueur ayant de chaque coté cinq plie (sic) ces à dir douse feuillet et douse a la taite, ce qui fait pour chaque soufflet trante six feuillet, le tout de bon bois de chaine, garnie de leur gozier, bar, chevallet, bascule de bois de chaine, boulet et bar de fer qui serve à faire mouvoir les dit soufflet ; les plis ont de profondeur à la taite cinq pouce et trois agre, et les gozier ont de largeur sept pouce et de profondeur quatre pouce et demie, le tout en dehor. Il faut garnir les soufflets en cuir neuf et garnir les portevant en parchemin.
Le portevant qui est au dessous des soufflet et qui vat jusqu'à la boitte du trenblan doux a de largeur en caré en dehors cinq pouce, le portevant qui conduit au saumié du grand orgue a six pouce et un quar de largeur et cinq pouce et demie sur le couté. Ce portevant porte d'un bout à la boite de trenblan doux et de le autre au saumié, après le portevant est attaché le trenblan fort deont le dessus est détaché : je l'ay laissée sur la boite du tremblan doux, le tremblan est fort bien construit, estant à coulisse. qent au le (sic) couvercle de la boite, la soupape et le chappe en sont bon aussi bien que le resor qui est de cuivre. Je ne parle poin de son mouvement, parce que je ne l'ay poin entendu, le roulot est cassée aussi bien que celuy du tremblan fort.
Le clavier de pédalle a dix huit touche. Il vat jusqu'à la clef de f ut fa ; son abrégé est bon, il est de dix huit roulot, garnie de ses vergette, fer d'abrégé, pointe et tourillon esgallement, les vergettes qui vont au saumié des dittes pédalle sont bonnes, excepté qu'il lie en a quel qu'une qu'il faut regarnir.
Ilie (sic) a aussi deux pilotte de chaque coté, deux à droite et deux à gauche qui serve à tirer et pousser les registres. Ces pilotte on de longueur trois pieds garnie de leurs fer, de leurs tourillon, de leurs point, de quatre vingt et seize vergette, cet a dire celle qui suporte le clavié, que celle qui (qui) tire au saumié.
Il lie aussi en dedans et a cauté du clavier, dix pilotte de chaque coté soutenu sur des piesse en bois tent en haut qu'en bas ces pilotte sont garnie chacune de deux plaque de fer et deux boutton de même.
Il lie a aussi quarante baton caré, vingt au deux coté du clavier et vingt autre qui sont en dedans et qui serve a faire mouvoir le ballancié et par conséquan les registre. Il manque trois plaque ou pallette au pilotte et de autre baton core (sic) dont les pioche manque aussi.
Il paroit au clavier les jeu cy desus expliqué : montre de huit pieds qui doit estre de quarante huit tuiaux, et dont il manque le f ut fa en bas qui est à la platte face du milieu et qui a de hauteur neuf pieds.
Plus, à la platte face de la gauche qui est devant les pedalles séparée, il manque un tuiaux qui a de hauteur cinq pieds et dix pouce.
Plus, à la platte face de droite, il en manque un de pareille hauteur qu'a celle de la gauche, plus a la platte face qui est a coté de celle du milieu a la droite, il manque un tuiau qui a de hauteur trois pieds.
Plus, il en manque cinq a la platte face qui est au dessus de celle dont je vien de parler qui sont de la meme hauteur, c'est a dire trois pieds chacun.
Plus a la platte face qui faits parallèle à celle que je vien de dire, il en manque cix de pareille hauteur, ce jeu, 48.
Plus un bourdon de huit pieds bouché, parlant une octave plus bas que la montre dont une partie en bois, leautre en plomb. Il manque le vingt et le vingt et un. Il faut regarnir le tempon en peaux de mouton et plusieurs en parchemin, le long du corps. Il faut aussie lever toutes les lefre et mettre de nouveau pieds à plusieurs tuiaux de bois, par ce qu'ils sont tout vermoulleu et redresser les tuiaux de plomb qu'il faut decaller et les resouder. Ce jeu est de quarante huit tuiaux, cy 48.
Bourdon de quatre pieds sonnan ou parlant huit, c'est à dire à l'unisson de la montre de huit pieds et une octave plus haut que le bourdon de seise. Il manque a ce jeu un tuiaux dans la table et plusieurs tuiaux de bois ou les leure manque. Il faut aissi regarnir les corps en parchemin et les tampon en paux de mouton et redresser tous les tuiaux de plomb pour pouvoir servir. Ce jeu est de 48.
Flute de deux pieds bouché parlant en quatre, c'est à dire à l'unisson du prestant de quatre, et une octave plus haut que la montre. Il manque a ce jeu cinq tuiaux, savoir trois des premiere basse et deux sur le desus. Il faut redresser tous les autres pour pouvoir s'en servir. Ce jeu est de plomb et de 48.
Prestant de quatre pieds qui est le fondement de l'orgue. Ce jeu parle une octave plus haut que la montre. Il manque a ce jeu sept tuiaux savoir cinq sur les basse et deux sur le desus. Ce jeu est d'étoffe, il faut adjouter des pieds à plusieurs, les redresser et les resouder pour pouvoir en tirer de l'armonie, ce jeu est de 48.
Le cornet est composé de cent vingt tuiaux distingué par cinq demie jeu qui sont un desus de bourdon de quatre pieds parlant en huitte, un desus de prestant de quatre parlant une octave une octave plus haut que le bourdon, plus un desus de nazard, parlant à la quinte majeure du prestant, plus un desus de quarte de nazard parlant à l'octave plus haut que le prestant, plus un desus de tierce parlan à la tierce majeure de la quarte de nazar. Il manque neuf tuiaux en différante marche ; tous les tuiaux sont en plomb, I20.
Grosse tierce qui est composée de quarante huit tuiaux, parlant à la tierce majeure du prestant de quatre pieds. Il manque à ce jeu dix tuiaux, savoir six sur les basse et quatre sur le desus et plusieurs tuiaux à qui il faudra faire de nouveau pieds, par ce que ceux qui sont, sont touttes affesée. Il faut redresser tous les autres, affin de pouvoir s'en servir tous les tuiaux de ce jeu sont de plomb, 48.
Nazard est aussie de quarante huit tuiaux, parlant à la quinte majeure du prestant. Il manque à ce jeu cinq tuiaux, trois des premié d'en bas et deux sur le desus. Ce jeu est aussi de plomb. Il faut le redresser et resouder les eschancrure, 48.
Doublette est aussie de quarante huit tuiaux, parlan à l'octave plus haut que le prestant de quatre pieds. Il manque à ce jeu quatre tuiaux, savoir deux sur les basse et deux sur le desus. Il faut adjouter des pieds à ceux qui i sont entièrement froissée et redresser tous les autres, et lez faire parler, 48.
Larigot est aussi de quarante huit tuiaux, parlant à l'octave plus haut que la nazard et pat conséquan une quinte majeure plus haut que la doublette. Il manque à ce jeu trois tuiaux, un sur les basse et deux sur le desus. Il faut redresser tous les autres, les nettoier et les faire parler.
Fournitur quiest composée de cent quatre vingt douse tuiaux, les corps d'étain et les pieds d'étoffe ; distribués en trois repetions (sic). Il parait que le premié de la première marche parle à la quinte plus haut que la doublette, le secon à l'octave plus haut, le troisième à l'octave du premier et le quatrième à l'octave du second, et les autres à proportion suivant les marches. Il manque à ce jeu vingt quatre tuiaux en différante marche et plusieurs qui i sont cassée. Il faut aussie les demeller par ce qu'ils sont tout pelle melle, les uns dans les autre. Ce qui ne se peu faire qu'en autant (sic) les tuiaux affin de voir par la hauteur, où il doive estre placé. I92.
Cimballe qui est composée de trois tuiaux par marche qui sonne leurs accor avec la fourniture, ce qui faits en tout la quantité de cent quarante quatre tuiaux. Il manque a ce jeu dix tuiaux en differante marche et plusieurs qui sont cassée. Il faut redresser tous les autres. I44.
Trompette du grand orgue est composée de quarante huit tuiaux, les corps d'étain, les pieds et les noiau de plomb ; ce jeu parle à l'unisson de la montre, le premier tuiaux de la basse a environt huit pieds de hauteur, sur six pouce de diamettre en fuzeau et les aute à proportions. Il manque a ce jeu dix huit tuiaux, savoir neuf sur les basse qui sont C sol ut, De la ré ; e si mi bémol, ef si mi, ef ut fa, ef ut fa diaize, ge ré sol, diaize, et a mie la, et les neuf autre dans la taille (sic. Il faut observer que les languette ne valle rien, qu'il faut languéer le tout à neuf et redresser tous les autres tuiaux sur le moulle, rajuster et resouder plusieurs noiau et resouder plusieurs tuiaux qui sont cassée et mettre dé autre rasette, redresser les anche et les dévoiller. 48.
Voix humaine qui est aussie composée de quarante huit, parlant une octave plus bas que le prestant de quatre pieds, les corps sont d'étain, les pieds et les noiau de plomb, les anche et les languette de cuivre qu'il faut redresser et languéer le tout à neuf sie l'on veut s'en servir. Il manque a ce jeu quatre tuiaux en différant endroit.

Pédalle séparée

La pédalle separée est composée de dix huit tuiaux savoir en ce qui concerne la flutte, de huit pieds, parlant a l'unisson de la montre. Il faut les regarnir et mettre des pieds à ceux qui sont vermoulleu et qui tombe toute en poussière ; il lie a plusieurs tuiaux ou il nie a poin de lèvre, ils sont tonbé les uns sur les autres, par ce que les croche sont cassée, I8.
Trompette de pédalle est composée de dix huit tuiaux, qui sont tout de fer blanc, les noiau sont de plomb aussie bien que les pieds, les anche et les languette de cuivre, lesz rasette de fil de fer. Il manque a ce jeu deux tuiau sur les basse et quatre sur le desus. Qent au les quatre dernié qui ne peuve plus servir par ce qu'il sont tout rouillée, les caisse ou boite de basse sont cassée, il les faut redresser et resouder les noiau, I8.
Les aumié des pédalle séparée sont posée au desous du tanbour. Ils sont composé de neuf renur garnie de ses soupape, ses boursette, esse (sic) pointe et resor de laiton, deux registre et deux chape, chacune de dix huit portevant de plomb de différante longueur, qui porte le vant aux tuiaux de flutte et aux tuiaux de trompette. Il lie a aussi les faux saumié et les supor et les croissant avec les pièsse graavée, le saumié est a la gauche et autant à la droite, I8.
Le saumié du grand orgue est séparé en deux partie. Il lie a de chaque coté vingt quatre renur garnie de ses chapes, registres, dorman, faus saumié, supor, resor, esse pointe, soupape. Il contien tous les jeux cy devant espliqué, dont la plus grande partie sont coupé par faciliter messieurs les organistes à diversifier leurs piesse par ce qu'il nie a qu'un clavié.
Le clavié est composé de quarante huit touche, tant naturelle que diaise et bémol, les naturelles sont garnie en os bien blanc, les diaise et les bémol d'ébène ou bois noire, garnie de ses pointe et anneau de fil de fer et de ses clavette, le chassie a de longueur vingt deux pouce.
Le buffet a environt vingt pieds de hauteur en tout. Il est plat sans aucune tourelle, le tout est en platte face qui i sont au nombre de cinq sur une meme ligne, savoir la grande platte face qui a de hauteur environt neuf pieds deux autre platte face aux deux extrémité qui ont environt six pieds de hauteur, et deux autre a cauté de la grande qui ont environ trois pied de hauteur, le tout ornée de scrulture, audesus le buffet se trouve une corniche qui termine l'ouvrage, esgallemen aux dessous desplatte face se trouve une autre corniche, une frise et une architrave : le buffet a de largeur dix pieds et quatre pouces et de profondeur quatre pieds, le tout en dehor.
L'armoire du clavié a aussie deux porte et deux porte au coté du pieds de l'orgue, au desous du tenbour ; le derrière du grand orgue a aussie trois porte ; le croissant de la grande platte face est cassée, il faut en faire une autre et un registre de cassée.

Estat de tous les tuyaux qui manque :

Montre, il en manque quinse, cy............................. I5
Bourdon de huit pieds parlant en seise, manque. 2
        "         quatre                       huit         "       I
Fluctte de deux pieds       "         quatre,     "       5
Prestant de quatre, manque sept, cy                   7
Cornet                        "       neuf, cy                   9
Grosse tierce               "         dix, cy                 I0
Nazard                       "       cinq, cy                   5
Doublette                   "     quatre, cy                   4
Tierce                         "         "   , cy                   4
Larigot                       "       trois, cy                   3
Fournitur                   " vingt quatre, cy             24
Cimballe                     "         dix, cy                 I0
Trompette                 "     dix huit, cy                 I8
Voix humaine             "     quatre, cy                   4
Pédale de trompette   "           six, cy                   6
Total des tuiaux qui manquent, cent vingt sept   I27

Il doit avoir actuellement dans l'orgue huit cent nonante trois tuiaux, 893.
Adjoute a cent vingt sept, feray sie l'orgue estait en estat mil vingt tuiaux, cy I020.
Il faut faire attention que ce qui reste de tuiaux a la montre ne peuve plus servir que pour la fonte par ce que la plus grande partie des tuiaux sont afessée et que les bizeau sont enfonsée, et du moin s'il lie en avoit quelques uns qui puisse servir, il faudray y faire des pieds neuf et de autre a qui il faudray mettre des piesse par derrière et sie l'on vendoit à présent la ditte montre comme les autres tuyaux, on ne les vandroit qu'au pois, ce qui feray une perte considérable et de plus des deux tiers.
Car je suppose ce qui peut estre vray que l'orgue estant neuve ay couté quatre mille livre a cause du prix modique des metteau et autre mattereau de le tems, mais pour ce qui est a présent, une orgue de cette espèce couteray au moin cinq mille livre non compris la tribune nie le buffet, et je suppose qu'en la vandan dans l'état qu'il est, l'on en poure tire mil ou douse cent livre, ce que j'ay paine a croire ; la perte seray toujour considérable au lieu qu'an la faisant retablir, l'on connettray la bonté de l'ouvrage, ce qui ne se peut connestre à présent que rien ne parle et par conséquan l'orgue seray bien plus de defaite qu'elle ne l'est à présent, et pour la rétablir et la randre aussie bonne comme en sortant de la main du premier maitre, il pouray couter deux mille livres ; ce seroy avoir une orgue a bonmarché. Ce que moy, facteur d'orgue, sousigné, certifie estre véritable. Fait à Auxerre, ce quatre may mil sept cent quarante huit.

Signé : Cottreau.
(ADY, H I222)

Un autre facteur , dont le nom ne nous est pas connu, fait à son tour, à une date également imprécise, [mais certainement entre le 4 mai 1748 et 1750], un examen de l'instrument et de ce qu'il y faut faire pour le rendre convenable. Il propose de très sérieuses additions, notamment un cromorne et surtout la construction d'un positif (composé de 8 jeux) et de deux claviers nouveaux (récit et positif).

Mémoire de l'état présent de l'orgue de l'église abbatiale et paroissiale de Notre-Dame Lador,
et de ce qu'il convient faire au dit orgue°

Premièrement,

I. L'orgue est un huit pieds en montre ; il y manque quinze tuyaux de montre qu'il faut faire à neuf, si les tuyaux qui sont en place ne sont pas bons et de bon étain, qui ne puissent pas se retablir ; mon avis est de faire une montre neuve ; il serait necessaire de faire une visite de l'orgue et faire pour cela un voyage sur les lieux ; si la montre peut resservir, on curera et polira les tuyaux autant qu'on pourra.
2. Un bourdon de huit pieds sonnant seize, il y manque deux tuyaux, et ceux qui ne pourront pas resservir, on en fera d'autres, les basses de bois seront garnies de cuir, parchemin, des pieds et lèvres à ceux qui manqueront ; les dessus de plomb seront retablis, netoyés, ressoudés, redressés ; des cheminées et des oreilles et des plaques à tous les tuyaux qui en auront besoin pour qu'ils soient de bonne harmonie et fort.
3. Plus au bourdon de quatre pieds, faire comme cy dessus.
4. Au prestant refaire les tuyaux qui manqueront, et en refaire d'autres à la place de ceux qui ne pourons pas servir, les ressouder, redresser et faire qu'ils parlent bien.
5. A la flute, faire le même ouvrage que cy dessus.
6. Le cornet en faire de même, et bonne harmonie.
7. Grosse tierce, de même.
8. Nazard, de même.
9. Doublette, de même.
10. Tierce, de même.
II. Larigot, de même, faire à neuf tous les tuyaux qui manqueront.
I2. La fourniture, 24 tuyaux manquent, y mettre des neuf, et retablir ceux qui seront defectueux, s'ils peuvent servir, ou en faire des neufs à la place.
I3. La cimbale, manque dix tuyaux, en faire des neufs, et d'autres à la place de ceux qui ne vaudront rien, en sorte que le dit plein jeu soit d'une bonne et forte harmonie et bien d'accord comme tout le reste.
I4. Trompette de huit pieds d'étain manquent dix huit tuyaux tant en basse que taille et dessus. Elle sera retablie, et fournis les tuyaux necessaires et tout ce qu'il convient pour la rendre d'une bonne harmonie, en cas que la matière soit bonne, languettes, razettes etc...
I5. La voix humaine, 4 tuyaux manquent ; il y sera fait tout ce qui sera necessaire, souder, dresser comme tous les autres.
I6. Un clairon neuf seroit necessaire, d'étain ; il n'y est pas, mais on le peut mettre.
L'orgue est bien complet de jeux ; si on vouloit m'en croire, je mettrois trois claviers, clavier cornet séparé, clavier grand orgue avec tous les jeux necessaires, un clavier pour le positif avec tous les jeux au nombre de huit qui sont necessaires, pour jouer toutes les piècesz qu'on peut jouer, sur le surplus grand seize pieds, parfait, en ajoutant un cromorne qui est très necessaire, sans faire de buffet au positif, sans faire de sommier au grand orgue. M. l'organiste de la cathédrale a vu et touché l'orgue du Saint-Esprit, il en peut dire son sentiment ; un orgue qui n'a qu'un clavier, l'organiste ne peut pas s'étandre et est borné sur tout.
I7. La pédalle de trompette sera rétablie comme l'autre, y mettre les tuyaux qui y manquent, en cas que le fer blanc ne soit pas pourri.
I8. La pedalle de flute sera retablie et mise en bon etat, en y faisant tout ce qui sera necessaire, et faire ses mouvements.
Trois soufflets, il faut les estancher et les mettre en bon etat, comme je ne les ay pas vus et que je ne puis pas juger de leurs desfauts, je ne scais s'il faudrait les mettre en cuir neuf.
Tous les portevents de bois seront garnis en cuir et parchemin aux endroits qui en auront besoin. Tous les mouvements en général, pilotes, et les dependances, comme palètes e fer, et autres, retablis, avec l'abbrégé et tout ce qui en dépend, et clavier de même, le clavier de pédale, vergette, et tout ce qui dépend de l'orgue, bien rétabli pour le rendre bon, d'accord, d'une bonne harmonie et égale, tout ensemble et séparément, rétablis les deux tremblans et les faire bien battre, le tout à visite.
Si ces messieurs doutent que je puisse mettre trois claviers à leur orgue, j'en ay deux dans une chapelle de M. les Bernardins, qui sont plus de moitié plus petites, qui ont trois claviers, dont pourrons rendre témoignage les organistes qui viendront les toucher et sur lesquels on touche toutes les pièces que l'on veut ; le tout à la volonté de ces messieurs.
(ADY, H I222.)
° Ce mémoire d'une écriture du XVIIIè siècle est sans date et non signé ; il dut être dressé au même moment que le précédent par quelque facteur parisien ou de la région, d'après les dires d'une tierce personne (l'organiste ou le curé) car il est visible que celui qui l'a rédigé n'a pas vu l'orgue dont il parle...
Peut-être est-il dû au facteur Cachet qui entreprendra la restauration de l'orgue en 1750.
(Voir plus bas.)

Ses propositions ne seront pas accueillies. [Il est très important de souligner ici que ce facteur inconnu ajoute à la fin de son devis : "Si ces messieurs... ...le tout à la volonté de ces messieurs". Quel dommage qu'ici encore nous ne sachions rien !

En 1750, le facteur Charles Cachet, de Langres, était chargé, par le Prieur de l'Abbaye, de relever l'orgue dans des conditions analogues à celles proposées par Cottereau, sous cette réserve qu'il devait remplacer la voix humaine par un Clairon.

Marché passé entre les religieux et le facteur Ch. Cachet pour la restauration de leur orgue.
1750. Nous soubsignés, prieur de l'abbaye de Saint Marien d'Auxerre ordre des Prémontré, et Charles Cachet°, facteur d'orgues et organiste à Langres, sommes convenusz et nous obligeons a ce qui suit, scavoir que moy Cachet, m'oblige et promet de réparer l'orgue de la ditte abbaye sise dans l'église de Notre-Dame de la d'Hors de la mesme ville d'Auxerre, dont les réparations consistent :
I° A nettoyer tous et chacuns des tuyaux de la montre et des différens jeux, de les redresser et refaire les pieds de ceux qui ont besoin ; en outre d'y fournir les neufs qui y seront besoin.
2° A completter tous les jeux, c'est à dire refaire et completter en neuf tous les tuyaux qui manquent dans chaque jeu, à mettre tous les jeux d'accord et à les rendre tous dans leur parfaite raisonnance
3° A refaire tous les mouvemens qui manquent dans les dits jeux tant en fer qu'en bois.
4° A réparer et mettre en bon ordre la soufflerie en sorte que rien n'y manque.
5° A nettoyer généralement le dedans et le dehors de l'orgue, de mettre le clavier dans sa parfaite harmonie, d'en refaire les touches, , les bois et généralement de faire et parfaire tant le dedans que le dehors de l'orgue pour le premier du mois d'aoust mil sept cent cinquante et un, le tout sujet à la visitte et à dire d'experts ; s'oblige en outre et promet le dit sieur Cachet de faire à neuf une trompette, en place de la voix humaine, lequel ouvrage enentier et parfait le dit sieur Cachet garantit pendant une année et s'oblige à toutes les réparations qui seront à faire pendant le cours de la ditte année...°°
                                                                                                   Signé : Cachet.
(ADY, H I222.)
° Ce facteur avait été désigné en 1724 pour examiner les orgues que Claude Moucherel venait de réparer à Saint-Epvre de Nancy. Organiste de la cathédrale de Langres, il avait fait en 1736 l'inventaire des jeux de son instrument. En 1735, il avait rétabli l'orgue de l'abbaye des Mureaux, et devait construire en 1740 celui de N.-D. de noyers [pour le moment voir cet orgue sur le blog des orgues de l'Yonne. NdA]. - (Jacquot, Artistes Lorrains...)
°° Le prieur lui promettait de lui verser 800 livres, en trois paiements.

1748-1750     AUXERRE.     Notre-Dame-la-d'Hors

G.-O., 48 t.     Montre 8 ; Bourdon 16, 8 ; Flûte 4 ; Prestant ; Cornet ;
                        Grosse Tierce 3 1/5 ; Larigot 1 1/3 ; Nasard 2 2/3 ; Fourniture IV ; Cymbale ;
                        Trompette ; Clairon.
Echo               Cornet.

Pédale 18 t. Flûte 8 ; Trompette.

Le 27 janvier 1755, Cachet reconnaissait, en une valable quittance, avoir reçu 920 livres pour les travaux faits par lui depuis 1750.

Quittance du facteur Cachet.
Par devant les conseillers du roi, notaires à Auxerre soussigné, le vingt septième jour de janvier mil sept cent cinquante cinq après midy, fut présens le sieur Joseph Charles Cachet, facteur d'orgues et organiste demeurant ordinairement à Langres, de présent en cette ville, lequel a reconnu et confessé avoir eu et receu de messieurs le prieur et chanoines reguliers de l'abbaye royalle de Saint Marien d'Auxerre... la somme de neuf cent vingt livres pour tous les ouvrages qu'il a fait aux orgues de la ditte abbaye, depuis l'année mil sept cent cinquante jusqu'à ce jour, suivant les conventions faittes entre eux et qui consistoient premièrement à netoyer tous et un chacuns des tuyaux de la montre et des différents jeux, de les redresser et refaire les pieds de ceux qui ont besoin, en outre d'y fournir les neufs qui y seront besoin.
2° A completter tous les jeux, c'est à dire le faire et completter en neuf tous les jeux qui manquent dans chaque jeux, a mettre tous les jeux d'accord, et a les rendre tous dans leurs parfaites raisonnances.
3° A refaire tous les mouvements qui manquent dans les dits jeux tant en feort qu'en bois.
4° A réparer et mettre en bon ordre la soufflerie, en sorte que rien n'y manque.
5° A netoyer généralement le dedans et le dehors de l'orgue, de mettre le clavier dans sa parfaite armonie, d'en refaire les touches, les bois et générallement de faire et parfaire tant le dedans que le dehors de l'orgue, le tout sujet à la visite et à dire d'experts de refaire à neuf une trompette, raisonnante huit pieds, un clairon à l'octave de la trompette, en place de la voix humaine et d'augmenter un jeu appelé l'echo, lesquels ouvrages ont été reçus par gens a ce connaisseurs et accepté par le dit sieur Colette qui luy a payé la susdite somme...
(ADY, H I222.)

Sur tous les instruments les claviers étaient en basses et dessus.

 
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