LES ORGUES

de la Cathédrale

d'Auxerre



Troisième partie

Chapitre premier

 

ADY 11 J 24/6

 
  21 février 1900

 

 
 

     Mr l'Archiprêtre fait observer que la question de la tribune, toujours pendante, n'a pas progressé, malgré les lettres pressantes qu'il à adressées à Mr l'Architecte des Monuments Historiques. Un dernier délai a été signifié ces jours derniers. L'Architecte a daigné répondre qu'un projet d'adjudication des travaux de ladite tribune aura lieu avant Pâques.



Séance du 27 mars 1900
     Etablissement de crédits supplémentaires. Deux mille huit cents francs demandés pour constituer
     1° la première annuité nécessaire à la construction de la tribune du Grand Orgue...



On trouve dans les archives de la fabrique, une lettre de félicitations adressée par l'Archiprêtre de Neufchâteau, le 10 juin 1900, à Mr DIDIER Henri, pour la restauration du Positif du Grand Orgue de son église.



1er juillet 1900
     ... Le projet de construction d'une tribune pour les grandes orgues dû à l'initiative de Mr l'Archiprêtre appuyé de nombreuses souscriptions (dont une de 5000 frs consentie par la Fabrique), encouragé même par le Ministre des Beaux-Arts faisant espérer une subvention de 5000 frs doit être aujourd'hui abandonnée, de l'avis unanime des membres du Conseil. En effet depuis trop longtemps il n'a été donné aucune suite au dit projet et les personnes qui ont souscrites ou promis de s'inscrire se lassent d'attendre un commencement d'exécution qui ne s'annonce même pas.
     Le Conseil de Fabrique, en conséquence, décide pour ce qui le concerne qu'il n'aura plus à s'occuper de la tribune.



On trouve, également, dans les archives de la fabrique, un document imprimé à Saint-Dié, qui reprend un Extrait de la Semaine religieuse de Saint-Dié du 20 juillet 1900 concernant les NOUVELLES ORGUES de VAGNEY (Vosges) i naugurées le 27 mai 1900.
L'orgue est de Henri Didier qui avait comme harmoniste M. Fernand Prince, ancien ouvrier d'Aristide Cavaillé Coll.



7 octobre 1900
     ... En ce qui concerne les orgues, et vu la réclamation de Mr Lyon, le Conseil considère qu'il est nécessaire de le faire réparer.- De demander un devis à Mr Stoltz, facteur d'orgues, avenue de Breteuil, Paris.

 





 

ADY 11 J 24/6

 
  13 janvier 1901

 

 
 

     ... Sur la question toujours pendante des orgues, Mr l'Archiprêtre expose qu'il a reçu la visite de deux facteurs d'orgues. Tous deux ont déclaré ne pouvoir se charger de la réparation des vieilles orgues. Ce serait de l'argent perdu. Un d'entre eux, représentant de la maison Anneessens (Halluin, Nord) a déclaré qu'il pourrait établir un orgue suffisant pour la Cathédrale, en faisant disparaître l'énorme verrue qui soutient l'orgue actuel, si on lui concédait toute la chapelle, du haut en bas, dite Notre-Dame des Sept Douleurs. Le Conseil décide qu'on demandera à ce facteur un plan plus détaillé de son projet, avec devis approximatif. Ensuite Mr le Trésorier écrira à Mr Louzier, Architecte des Monuments historiques pour lui demander son avis et son autorisation.

 


 
 
 

Halluin (Nord) le 25 janvier 1901

Monsieur l'Abbé Pinçon, Archiprêtre, Curé
et Messieurs les Membres de la fabrique de la Cathédrale
d'Auxerre,

Messieurs,


Veuillez trouver ci joint le devis et cahier des charges bien précisés et sans aléa pour la construction de vos grandes orgues de tribune.
J'y joins les petits plans demandés
(que je n'ai pas retrouvés [NdA]) pour les buffets que vous avez à faire voir à Monsieur l'Architecte.
Les petits plans ne sont que des copies de plans d'orgues que nous avons déjà exécutés pour d'autres églises, mais ils vous donnereont ainsi qu'à Monsieur l'Architecte une bonne idée de la pose de l'orgue dans une des chapelles latérales de l'église et à deux faces.
Un plan fait sur échelle serait à faire par Monsieur l'Architecte ou serait fait par nous après avoir reçu son avis.
Les devis et cahier des charges ci-joints et la composition de l'orgue, annulent ceux que je vous ai envoyés précédemment ;
(que je n'ai pas retrouvés [NdA])
Avec un instrument ainsi bien exécuté il y aurait de quoi satisfaire les plus difficiles et il produirait un effet splendide.
_1°_ J'ai dit qu'il y a moyen d'établir un grand orgue sur la tribune actuelle, tout en laissant le buffet tel quel ainsi que le plancher au-dessus de la chapelle.
_2°_ Le plan n° A représente à peu près le dessin du buffet actuel, placé avec sa devanture du côté du transept entre les colonnes et plus ou moins soit en dehors ou en dedans de l'ogive supportée par les colonnes. L'ancienne balustrade avec son petit buffet serait conservée comme cela est indiqué sur le plan et l'on ferait disparaître l'affreuse console qui supporte l'orgue et qui détruit et masque une partie de l'édifice.
Il y aurait dans ce cas pour poser l'orgue à faire disparaître le plancher sur lequel sont placés les soufflets de l'orgue actuel et de faire mettre une boiserie en forme de buffet d'orgue entre les colonnes de la petite chapelle du côté des nefs de l'église.
_3°_ L es plans B sont des idées qui pourraient convenir pour le côté du transept si on ne veut pas faire usage de l' ancien buffet de l'orgue et les plans           
(Espace blanc sur la lettre [NdA]) conviendraient pour le côté des nefs.
J'aime à croire qu'il sera bientôt donné suite à l'un ou à l'autre de ces projets et je me tiens à votre entière disposition pour donner tous les renseignements que vous pourriez désirer, car comme je l'ai dit à Messieurs le Curé et Président du Conseil de fabrique les dépenses d'un orgue deviennent fabuleuses à l'insu des acquéreurs parceque parfois ces Messieurs peu entendus en la matière, basent en toute confiance leur décision sur les conseils de gens qui ne sont pas toujours inspirés par le seul amour de l'art et de la vérité.
Ces connaisseurs étant choisis à l'insu du facteur ont mieux leur tâche à remplir après l'achèvement et la pose de l'instrument. C'est alors qu'ils peuvent juger de la Composition des jeux de l'instrument, ou de leur qualité et du timbre, des dispositions prises et d'user de la faculté de contrôler le devis et cahier des charges bien détaillés, etc, etc. Que le facteur capable est toujours plus à même de donner que n'importe qui.
     Veuillez agréer, Monsieur avec l'offre de mes services, mes civilités les plus empressées.




Des lettres sont à en-tête représentant pour les 3/4 un dessin avec cette inscription :
Vue générale de la Manufacture de Grandes Orgues et Harmoniums
de Ch Anneessens et Fils
Halluin (Nord)               Succursale à Memin

et 1/4 un dessin d'orgue avec cette légende :
Eglise Ste Radegonde POITIERS
Orgue de tribune avec application
du système tubulaire pneumatique

 


 

Devis et cahier des charges
pour la construction d'un orgue neuf destiné à la
Cathédrale d'Auxerre,


Les facteurs s'engagent à construire, à placer un orgue neuf dans l'église susdite, aux conditions stipulées ci- dessous :

Art_1__ La question du prix du buffet est subordonnée à la décision de l'Architecte, toutefois le facteur se chargera de l'exécution et donnera tous les renseignements nécessaires à Messieurs les Membres de la fabrique et à Monsieur l'Architecte.

Art_2__ La soufflerie à lanternes et doubles réservoirs sera mise en mouvement au moyen de quatre pompes à pédales. Les réservoirs, les pompes devront avoir les dimensions siffisantes et le tout fonctionnera facilement, sans bruit, ni clapotement.

Art_3__ Les sommiers seront en beau bois de chêne choisi, sauf les barrages et construits d'après notre système tubulaire pneumatique.

Art_4__ Une boite expressive en bois de sapin rouge épais de trois centimètres et demi pleins, renfermera les jeux du Récit.

Art_5__ Les claviers manuels au nombre de trois, ayant chacun 56 touches seront construits à l'anglaise : Ces touches seront plaquées d'ivoire et d'ébène.
Le pédalier aura trente touches, il sera cintré et concave.
Le tout construit en une console séparée, placée de telle façon que l'organiste assis au milieu de la tribune aura la vue directement sur l'autel.

Art_6__ La partie mécanique entière des claviers, registres et accouplements sera remplacée par des tubes en plomb épais et sans soudure.

Art_7__ Le bâti général, la boite expressive, la soufflerie avec conduits de vent et quelques parties accessoires seront en bon sapin sec ainsi que les tuyaux en bois.
Tout le reste sera en beau chêne choisi, sec, sans aubier ni gercure.

Art_8__ Les tuyaux en métal seront en étain mixte dit spotted métal, les tuyaux de la famille des gambes auront au plus 20 pour cent de plomb.
Tous les tuyaux seront bien étoffés, soigneusement et solidement construits et polis, bien soutenus et fixés dans les faux sommiers.

Art_9__ L'harmonie des jeux sera faite avec le plus grand soin par Monsieur Anneessens lui-même. Chaque jeu aura son timbre spécial et son caractère propre.

Art_10__ Les facteurs garantissent leur instrument pendant vingt ans contre tout défaut de construction et de système. Si pendant ce temps le système ne répondait pas à l'attente, s'il était reconnu défectueux, les facteurs seraient tenus à le remplacer par un autre système à convenir. L'entretien de l'orgue sera fait pendant deux ans aux frais du facteur.

Art_11__ Après la pose de l'instrument une première expertise et l'inauguration seront faites aux frais des acquéreurs par une commission d'experts, d'artistes choisis au gré des acquéreurs.
Cette expertise aura lieu immédiatement après l'achèvement des orgues et Messieurs les Membres du Conseil de Fabrique s'ils le jugent nécessaire pourront faire ensuite examiner, expertiser à nouveau par qui bon leur semblera et ce pendant quinze jours.
Ce n'est qu'après ce dernier examen minutieux que les acquéreurs seront tenus à faire connaître leur décision et à prendre engagement si l'instrument leur donne pleine et entière satisfaction pour le présent et pour l'avenir.

Art_12__ L'emballage, les transports et tous frais quelconques seront à la charge des facteurs, la fourniture de l'éclairage nécessaire et l'aide d'un souffleur pendant l'accord et l'harmonisation des jeux restent à la charge des acquéreurs.

Art_13__ Le prix de l'instrument tel qu'il est décrit au devis et composé des jeux spécifiés à la nomenclature ci- jointe est de trente deux ou de trente quatre mille francs, sans les buffets et tribunes.
Les facteurs donnent toute latitude pour le paiement moyennant intérêt de 6 % pour la somme qui resterait dûe après l'acceptation définitive de l'instrument.

Art_14__

Composition de l'Orgue

 
 

 

1er Clavier


Positif


56 notes


 
 
 

1
2
3
4
5
6
7
8

 

Bourdon
Flûte
Diapason
Salicional
Flûte octaviante
Clarinette
Trompette
Unda Maris

16 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
4 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds

56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
44 tuyaux

 

 

2ème Clavier


Gd Orgue


56 notes


 
 
 

9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23

 

Montre
Bourdon
Montre
Bourdon
Flûte harmonique
Gambe
Flûte
Prestant
Doublette
Plein jeu
Cornet
Bombarde
Trompette
Clairon
Trompette en chamade

16 pieds
16 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
4 pieds
4 pieds
2 pieds
2,3,4 rangs
5 rangs
16 pieds
8 pieds
4 pieds
8 pieds

56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
183 tuyaux
170 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux

 
 

3ème Clavier


Récit


56 notes


 
 
 

24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36

 

Quintaton
Cor de nuit
Flûte d'orchestre
Montre
Gambe
Voix céleste
Ocarina
Octavia
Trompette harmonique
Basson-Hautbois
Voix humaine
Carillon
Cornet progressif

16 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
4 pieds
2 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
1 à 4 rangs
5 rangs

56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
44 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
56 tuyaux
130 tuyaux
170 tuyaux

 
 

Pédale séparée


30 notes


 
 
 

37
38
39
40
41
42
43
44
45

*
*
*






Contre basse transm.
Soubasse transm.
Bombardon transm.
Tubasson
Flûte
Violoncelle
Tuba
Flûte
Quinte

16 pieds
16 pieds
16 pieds
8 pieds
8 pieds
8 pieds
16 pieds
4 pieds
12 pieds

 
 
 
30 tuyaux
30 tuyaux
30 tuyaux
30 tuyaux
30 tuyaux
30 tuyaux

 

 

Pédales Touches et Boutons de Combinaison

 

 

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23

1er Clavier au Pédalier
2ème Clavier au Pédalier
3ème Clavier au Pédalier
Positif au Grand orgue
Récit au Grand orgue
Anche Grand orgue
Anche Récit
Anche Pédale
Trémolo Récit
Expression à bascule
Récit au Positif
Octave aigu Grand orgue
Octave aigu Récit
Octave grave Positif
Octave grave Récit au Grand orgue
Composition des jeux Grand orgue
Composition des jeux Récit
Composition des jeux Positif
Composition des jeux Pédale
Forté général
Série de 45 registres ordinaires
Série de 45 registres boutons de combinaisons
Pédale de Crescendo et de Décrescendo

 

 

Prix . 32.000 Francs -


 

 

et avec les jeux n° 37. 38. 39 comme jeux réels
le prix serait de
34.000 francs

 





 

Halluin le 25 janvier 1901

Monsieur le Président du Conseil
de fabrique de la Cathédrale
d'Auxerre



J'ai l'honnezur de vous communiquer copie des devis et cahier des charges que je viens d'envoyer à Monsieur l'Archiprêtre et je sollicite toute votre bonne attention sur les articles surtout qui vous donnent toute garantie sans aléa.
     Si comme je l'ai compris vous allez trouver vous même l'arcjitecte à Paris avec les petits plans que je viens d'envoyer à Monsieur le Curé, je ne doute pas que l'autorisation du placement de l'orgue soit accordée et au pis aller vous pouvez jouir suaf pour la vue d'un bel instrument en le plaçant dans le buffet et la tribune actuels.
     Agréez, je vous prie Monsieur le Président, mes civilités les plus empressées.

Ch Anneessens



Suit un document, raturé, retouché, qui est plus un brouillon qu'un document officiel contenant les articles comme ci-dessus mais pas la composition...

 

 

Halluin (Nord) le 29 janvier 1901

Monsieur A. de Breuze
Président du Conseil de fabrique de la Cathédrale
d'Auxerre (Yonne)



     En reponse à votre honorée, je m'empresse de vous faire savoir, que si parfois vous auriez besoin de mes services personnels, je serai de passage à Laroche samedi et en me prévenant par télégramme demain, je pourrais à cette occasion être à Auxerre dans la matinée de samedi.
Dans tous les cas je vais tâcher de mieux me faire comprendre.
_1°__ En établissant l'orgue dans le buffet actuel et en ne changeant rien à la tribune, ni au plancher qui est au-dessus de la Chapelle ; vous n'auriez que la dépense de l'orgue neuf à faire.
_2°__ Le projet A avec tribune, en y comprenant le buffet du côté de la nef, ne dépasserait pas la somme de 3.300 francs tout en vous laissant le choix d'un des petits plans B comme buffet à mettre du côté des nefs.
_3°__ Le projet B quoique le tout serait à faire neuf, irait au plus à 5.300 francs.
_4°__ Le prix d'un buffet avec le bas et des tuyaux polychromés est le même que celui des plans B.
     Le travail qu'il y aurait à faire comme maçonnerie, démontage de la tribune de l'orgue, déblayage, etc, etc n'irait pas à 600 francs.
     Veuillez agréer, Monsieur de Breuze avec l'offre de mes services, mes civilités les plus empressées.

Ch Anneessens



Le même jour, une lettre du Ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts (Monuments historiques) adressée au même destinataire mentionne :


... Je sais pertinemment que Monsieur P. Boeswillwald se propose de diriger l'exécution du buffet d'orgues, que vous lui avez commandé ; il me l'a dit positivement et il est convenu entre nous que je ne prendrai possession de l'ancienne cathédrale d'Auxerre qu'après l'exécution de ce travail.
     C'est vous dire que je ne puis, à mon grand regret, donner satisfaction au désir que vous m'avez exprimé, tant que Mr P. Boeswillwald n'aura pas renoncé à l'affaire dont vous l'avez chargé et que l'Administration des Monuments historiques ne m'en aura point donné l'ordre formel.

...

Signé illisible

 


 

Paris 2 février 1901


Monsieur le Président



     Je réponds immédiatement à la lettre que vous avez bien voulu m'adresser au sujet de la décision prise par le Conseil de fabrique, pour les orgues de la Cathédrale d'Auxerre.
Je ne demande pas mieux que de me charger de diriger l'exécution du travail que vous projetez et je suis certain que l'administration l'approuvera.
Je suis à votre disposition soit lundi soit jeudi prochain à l'heure qui vous conviendra après midi, pour examiner les documents dont vous me parlez.
     Agréez, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments très distingués.



 


 

Halluin le 7 février 1901


Monsieur A. de Breuze
Président du Conseil de Fabrique
de la Cathédrale
d'Auxerre, Yonne



Un des dils de Monsieur Anneessens m'a chargé de vous faire savoir que leur père voyage dans le midi et sera à Tulle lundi matin où nous avons à lui adresser ses correspondances, poste restante ;
Si parfois vous aviez besoin de lui causer, vous pourriez lui écrire poste restante Tulle (Corrèze).
D'après l'itinéraire qu'il s'est tracé, il doit être de passage à Laroche, mardi matin et il pourrait aussi profiter de l'occasion pour aller à Auxerre, sans beaucoup se déranger.
Si vous n'aviez pas besoin de lui pour l'instant, veuillez considérer cet avis comme non avenu.
Croyez je vous prie Monsieur l'hommage de mon respect.

Pour M. Anneessens fils
Signé illisible

 


 

Paris le 10 février 1901


Monsieur le Président



J'ai fait connaître hier à l'administration des Monuments historiques le parti auquel s'était arrêté le Conseil de fabrique de l'Eglise St Etienne d'Auxerre de maintenir les orgues dans la chapelle qu'elles occupent actuellement mais de les refaire à neuf comme buffet et comme instrument en occupant tout l'espace disponible dans cette chapelle.
L'administration ne fait aucune opposition à l'adoption de sa            qui répond mieux à se que désirait la Commission des Monuments historiques et les 5000 francs alloués par cette dernière pour construction de la tribune, restent acquis à la nouvelle disposition adoptée.
Je puis donc dès que vous m'aurez accusé réception de cette lettre me mettre en rapport avec le facteur d'orgues de façon à savoir de lui quelles sont les exigences de son instrument comme dimensions pour lui préparer la place dans la chapelle en question.
     Agréez, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments très distingués.

Paul Boeswillwald

 


 

Halluin (Nord) le 14 février 1901


Monsieur A. de Breuze, Président du
Conseil de Fabrique de la Cathédrale
d'Auxerre, Yonne



     J'ai l'honneur de vous faire savoir que je mettrai toute l'activité possible pour mener à bonne fin l'affaire qui nous occupe, je suis appelé à Saint-Omer ('Seine) et je profiterais de l'occasion pour aller vois Monsieur P. Boeswillwald. Samedi prochain dans la matinée, peut-être pousserai-je jusque Auxerre s'il y a lieu.
Je puis vous assurer, Monsieur qu'avec les dispositions que je donnerais aux jeux et à toutes les parties de l'orgue, l'emplacement d'ailleurs sera des mieux choisi et principalement si nous pouvons utiliser la place qu'occupe la chapelle.
Veuillez bien agréer entre temps Monsieur l'assurance de mon profond respect.

Ch Anneessens

 


 


Messieurs les membres du
Conseil de Fabrique de la
Cathédrale d'Auxerre



Monsieur le Président m'a fait l'honneur de me donner connaissance d'un projet d'installation de nouvelles orgues pour la Cathédrale. Permettez moi Messieurs de vous manifester toute ma satisfaction de voir se réaliser ce que depuis longtemps je désire.
Monsieur le Président m'a donné lecture de la composition de cet instrument. Je la trouve parfaite.
Certainement l'effet sera plus que le double de celui qu'avec peine l'on peut obtenir de l'ancien.
Pour le bon entretien de ce nouvel instrument j'ai l'honneur d'appeler votre attention sur l'importance qu'il y aura à faire disparaître une bouche d'aerrage, nécessaire peut-être au calorifère, mais en tous poins nuisible aux orgues. Cette bouche fait déposer une quantité considérable de poussière non seulement sur les marches de l'escalier mais pénêtre dans les tuyaux. Il est donc indispensable de déplacer cette bouche.
Nous avons, Monsieur le Président et moi, parlé de la tonalité de l'instrument. Il devra être au ton normal, c'est-à-dire en Ut, tandis que l'autre est en si bémol, ce qui gênera pour faire de la musique avec des chanteurs ou des instrumentistes.
L'orgue de choeur est lui aussi en si bémol. Pour que les deux instruments soient au même ton il faudra que le facteur accorde l'orgue du choeur sur le grand orgue. Ce sera je crois une dépense minime.
J'ai cru Messieurs devoir vous signaler particulièrement ces choses nécessaires.
Veuillez je vous prie agréer l'assurance de mon profond respect.

X. Lyon

Auxerre le 15 février 1901

 


 

ADY 11 J 24/9

 
  Séance extraordinaire du 17 février 1901

 

 
 

     Mr de Breuze commence par rappeler les efforts tentés par Mr l'Archiprêtre, dès son arrivée, pour donner à la cathédrale des orgues dignes d'elle, et faire disparaître du transept l'affreuse tribune actuelle qui le défigure. Le premier progrès consistait à établir d'abord sous la grande rosace du portail principal une tribune destinée à recevoir le nouvel orgue. Mr Boeswillwald architecte des monuments historiques l'avait approuvé et avait promis de la réaliser. Une subvention de cinq mille francs avait été accordée par la commission des beaux-arts.
     Mais bientôt de longs délais et de nombreuses hésitations de la part de l'architecte, en désaccord avec la commission des beaux-arts sur le mode de construction de la tribune, firent comprendre la grande difficulté qu'il éprouvait à ménager complètement la rosace, et en même temps à ne gâter en rien la magnifique architecture de la grande nef.
     Lassé d'attendre, le Conseil de Fabrique prit une délibération d'après laquelle il annonçait à l'architecte qu'il se désintéressait désormais des travaux toujours annoncés et jamais commencés. Ce fut la fin du premier projet.
     Mais les vieilles orgues étaient toujours là plus essoufflées que jamais et demandant un repos bien mérité.
     Sur ces entrefaites Mr Anneessens facteur d'orgues à Halluin (Nord) avec lequel des pourparlers avaient été entamés, nous déclare qu'il pourrait établir un grand orgue suffisant pour la Cathédrale, si on lui abandonnait la chapelle entière où se trouvent les orgues actuelles.
     Ce fut le second projet. Mr de Breuze Président de la Fabrique en prit l'initiative. Il alla trouver l'architecte Mr Boeswillwald, lui exposa les plans du facteur, et lui demanda son approbation.
     L'architecte accepta avec empressement, fit approuver le nouveau projet par la commission des beaux-arts, et maintenir la subvention primitive.
     Il n'y avait plus qu'à commencer l'exécution, après avoir tout d'abord arrêté avec Mr Anneessens la composition et le prix du nouvel orgue.
     Mr de Breuze nous lit alors le cahier des charges d'un orgue proposé par Mr Anneessens, et dont la composition a été jugée parfaite par notre organiste Mr Lyon. Cet orgue se compose de 45 jeux effectifs. Les conditions du cahier des charges sont éxaminées et discutées par les membres du Conseil. Mr Anneessens donne les explications demandées, et l'accord se fait entre lui et le Conseil qui décide d'acheter à Mr Anneessens un grand orgue de 45 jeux au prix de trente quatre mille francs. Les deux buffets coûteront en plus, cinq mille trois cents francs, ce qui fait la somme de totale de trente neuf mille huit cents francs (!!!). Cette somme sera payée comme il suit : moitié après la réception de l'instrument que Mr Anneessens promet pour le mois d'août, c'est-à-dire vingt mille francs. Le reste portera intérêt à 5 % au profit de Mr Anneessens à partir de cette époque. Il sera payé moitié au 31 décembre 1901, moitié au 31 Xbre 1902.
     Le cahier des charges qui contient toutes les conditions stipulées sera transcrit au net sur papier timbré et envoyé à Mr Anneessens pour être signé.

 


 

Sur une feuille sans en-tête

Halluin (Nord) le 20 février 1901

Monsieur l'Abbé Pinçon
Archiprêtre Curé de la Cathédrale
d'Auxerre, Yonne



Après réfléxions bien faites, j'ai cru devoir vous envoyer mes hommes de suite pour opérer le démontage de l'orgue et prendre exactement toutes les mesures dont j'ai besoin.
Il me semble que vous ne sauriez assez tôt faire mettre tout en train pour enlever le petit autel, tribune, etc sans cela nous pourrions être gênés pour le placement des orgues.
Veuillez bien dire à mes ouvriers où ils doivent mettre l'ancien orgue, ainsi que les buffet et balustrade.
J'écrirai aussi à Monsieur l'Architecte pour activer le plus possible la besogne des plans pour les buffets, j'irai même le voir un des premiers jours de la semaine prochaine.
Veuillez agréer Monsieur l'Archiprêtre, l'assurance de mon profond respect.

 


 

Halluin (Nord) le 8 mars 1901

Monsieur de Breuze, Président du Conseil de fabrique
de l'église Cathédrale d'Auxerre, (Yonne)



J'ai l'honneur de vous adresser les deux devis faits en double et signés, vous y remarquerez quelques rectifications insignifiantes, mais d'ailleurs faites d'après ce qui a été dit à la réunion de Messieurs les Membres de la fabrique à laquelle j'ai assisté.
J'ai vu Monsieur Boeswillwald lundi dernier, il n'y avait encore rien de commencé, je lui ai remis les plans et les mesures qu'il aurait du faire prendre par M. l'Architecte d'Auxerre. Je lui ai à nouveau donné toutes les indications possibles pour lui faciliter son travail ; il en était enchanté et m'a promis son plan pour fin de la semaine.
Je l'ai dans tous les cas poussé on ne peut plus et fait croire que s'il me faisait attendre après ses plans, il m'aurait causé beaucoup d'ennuis, perte de temps et d'argent. Nous sommes déjà en train et y mettons tous les soins possibles. Votre orgue m'en fera avoir un autre, le double plus grand pour une église avec laquelle je suis en pourparlers. Je crois bien faire de vous engager à faire la quête pour l'orgue avant le placement car ordinairement après, ces quêtes sont beaucoup moins fructueuses.
Si je pouvais trouver acheteur pour l'ancien orgue combien devrais-je demander c'est-à-dire à quel prix le céderiez-vous maintenant.
Agréez je vous prie, Monsieur de Breuze, l'assurance de mon profond respect.

Ch. Anneessens

 


 

Brouillon

L'an 1901, le 10 mars
   +   Messieurs Anneessens et fils,
      Facteurs à Halluin (Nord)



la boiserie qui doit être déposée au-dessous du buffet du bas côté La boiserie au-dessous du buffet du bas côté étant remplacée par un mur en pierres, il en sera tenu compte à dire d'experts, sur le prix de 5 300 frs.

 


 

ADY 11 J 24/6

 
 

Séance du 27 mars 1901

     ...On examine le cahier des charges relatif aux nouvelles orgues. Il y manque la date et la raison sociale des facteurs n'est pas suffisamment désignée. Observation sera faite au Conseil.

 


 

Suit un projet de composition sensiblement identique à celui figurant ci-dessus.
Seules les variantes figurent ici.

Positif : le jeu n° 8 Unda maris a 56 tuyaux au lieu de 44.
Récit : pour les mutations 35 & 36, Carillon et Cornet progressif ne figure pas le nombre de tuyaux.
Pédales Touches et Boutons de combinaisons : des n° 1 à 8 sur chaque ligne figure : Pédale et Touche.
au n° 21 seulement : Série de registres ordinaires,
au n° 22 : Série de 38 boutons de combinaisons.

Sous le dernier prix une personne dans la décennie 1960 a anoté 200 000 FF (20 000 000 Anciens).

 


 

Puis un devis et cahier des charges également comme ci-dessus.
Seules les variantes figurent ici.

Art_1__ Le buffet sera construit pour la devanture en bois de chêne d'après un plan fourni par l'architecte diocésain et sera garni de ses tuyaux de façade en étain, polis et brunis.
Le plan du buffet n'ayant pas été soumis, on ne suarait maintenant en évaluer le prix exact.
Les facteurs donneront tous les renseignements nécessaires à Mons. l'architecte, afin que le buffet soit proportionné aux dimensions de l'instrument.
Afin que les boiseries de la balustrade aient la même teinte que le buffet, les facteurs se chargeront de l'éxécution de ces boiseries et à un prix modéré défiant toute concurrence.
Art_2__
Un § supplémentaire : Il sera placé un régulateur de pression différente pour le Récit, et au besoin d'autres régulateurs anti-secousses afin d'obtenir un vent régulier et toujours égal.
Art_8__
Remplacé par : Les tuyaux en métal seront en étain fin, avec un alliage maximum de 15 % de plomb.
Tous les tuyaux seront bien étoffés, soigneusement et solidement construits et polis, bien soutenus et fixés dans les faux sommiers. Les plus grands tuyaux du jeu de 32 pieds seront en zinc.
Art_10__
Une précision est apportée : L'entretien... qui s'engagent à l'expiration de ce délai à continuer cet entretien deux fois chaque année au prix de cinquante francs par déplacement et d'ailleurs chaque fois que l'instrument l'éxigera.
Art_11__
Complété par : L'instrument devra être au ton normal et les facteurs s'engagent sans augmentation du prix dont il va être parlé à accorder et à mettre au même ton l'orgue du choeur. Ce petit orgue sera accordé comme le grand deux fois par an sans augmentation de prix.
Art_12__
Complété par : ... ainsi que pour les accords annuels.
Art_13__
Modifié comme ceci : Le prix de l'instrument tel qu'il est décrit au devis et composé des 45 jeux spécifiés à la nomenclature ci-dessous est de trente quatre mille francs. Le prix des buffets et de la galerie de la tribune donnant sur le transept est de cinq mille trois cents francs, soit en tout trente neuf mille trois cents francs que les preneurs s'engagent à payer, savoir : vingt mille francs à l'expiration des quinze jours qui suivront le placement de l'orgue, dix mille francs fin décembre 1901, neuf mille trois cents francs fin décembre 1902.
      Ces sommes porteront intérêt à cinq pour cent à partir du premier versement de vingt mille francs. Dans le cas où la Fabrique n'aurait pas trouvé preneur pour ses anciennes orgues, le jour du troisième paiement, les facteurs s'engagent à les prendre et à les faire enlever moyennant la somme de mille francs.
Art_14__Composition de l'Orgue
...Au premier clavier (Positif) le jeu : Unda Maris n'a plus que 44 tuyaux au lieu de 56.
Au deuxième clavier (Grand Orgue) la Trompette en chamade devient une Trompette grosse taille.
Au troisième clavier (Récit) pas de modification.
Pédale séparée : idem.
Pour les Pédales, touches et boutons de Combinaisons : Série de 45 registres de combinaisons au lieu de
Série de 38 boutons de combinaisons.

Signé par Ch.ANNEESSENS et ses deux fils, d'une part et par A.de BREUZE, Président et G BERNIER, Trésorier de la Fabrique.
à Auxerre le 12 mars 1901. Enregistré à Auxerre le quatre mars.

 


 

Halluin (Nord) le 10 avril 1901,

Monsieur De Breuze, Président du Conseil de Fabrique de
l'église Cathédrale d'Auxerre (Yonne),


En réponse à votre honorée, je m'empresse de vous dire que j'ai déjà été trois fois tout exprès à Paris pour voir Monsieur Boeswillewald et que je l'ennuie tous les cinq ou six jours par écrit ; quand je vais le voir il est toujours très gentil et promet pour dans deux ou trois jours, mais rien n'arrive. Toutefois les dispositions sont arrêtées et il a des croquis et les idées faites, la semaine dernière j'étais allé le voir et à force de demander, il m'avait donné quelques traits de crayon du plan pour les buffets, en rentrant chez moi j'ai remarqué qu'il avait fait erreur dans les mesures et je lui ai tout renvoyé et exposé les choses au point, j'attends sa réponse mais pour quand ?
Monsieur Boeswillewald m'a dit l'autre jour que l'entrepreneur d'Auxerre est en possession depuis quinze jours des plans et mesures pour le plancher de la tribune. Je lui ai dit que nous aurions été prêts à commencer le montage de l'orgue pour fin courant et que c'était malheureux de n'avoir pas encore les plans pour les buffets à exécuter.
Donc, vous m'obligeriez beaucoup Monsieur, de vouloir me donner l'adresse de l'entrepreneur, celui qui doit fiare le plancher et préparer la place pour l'orgue, je lui tomberais également sur le dos à tel point qu'il se verra dans l'obligation de pousser l'architecte.
Dans tous les cas, l'orgue sera bien fini et nous serons prêts à en commencer le placement à l'église Cathédrale pour vers la fin du mois, ce ne sera donc pas un poisson d'avril mais un instrument qui gênera beaucoup mes injustes détracteurs.
D'ailleurs j'ai assez l'expérience de la vie pour ne pas prendre au sérieux les propos de la concurrence jalouse injuste et intéressée.
Si vous trouvez acheteur de l'ancien orgue pour le prix de 5000 francs lâchez-le et quand au paiement, il sera bien facile à l'acheteur de trouver quelqu'un qui lui avancera les fonds moyennant un petit intérêt ou un autre moyen lui permettant de payer comptant si vous insistez sur ce point.
Quand à des organistes artistes pour venir jouer les nouvelles orgues, il n'en manque pas et rien ne presse pour cela, il sera encore bien temps lorsque nous serons occupés au placement de l'instrument.
Agréez, Monsieur De Breuze l'assurance de mes meilleurs sentiments et de mon profond respect.

Ch. Anneessens

 


 

ADY 11 J 24/9

 
 

Séance du Dimanche de Suasimodo 14 avril 1901

     Le facteur des nouvelles orgues écrit à Mr de Breuze qu'il pourrait être à même de commencer leur montage à la fin du mois courant, si la place était prête. Il presse vivement Mr l'architecte Boeswillwald de construire la tribune.

 


 

Halluin (Nord) le 17 avril 1901,

Monsieur De Breuze, Président du Conseil de Fabrique de
l'église Cathédrale d'Auxerre (Yonne),


J'ai l'honneur de vous faire savoir que je compte faire mettre au chemin de fer la partie instrumentale des nouvelles orgues, vers fin de la semaine prochaine.
J'écris à Mr Guillon pour le presser.
J'écris à Mr Boeswillwald, qui ne m'a encore rien envoyé.
J'aime à croire que les cahiers des charges sont déjà en règle et que j'en serai en possession avant l'expédition de l'orgue.
J'irai voir Mr Boeswillwald vendredi si je n'ai pas de ses nouvelles d'ici là.
Veuillez agréer, Monsieur mes civilités empressées.

Ch Anneessens

 


 

Paris 23 avril 1901,

Monsieur


Je réponds à votre lettre.
Précisément, j'attends Mr Anneessens au sujet de la menuiserie du buffet.
Il m'a annoncé sa visite pour aujourd'hui.
J'écris par la même occasion à Mr Guillon qui a toutes instructions nécessaires pour marcher.
Je sais bien qu'il a dû commander la pierre et la faire tailler au dehors de la Cathédrale.
Je lui demande de me dire où il en est et de presser le travail le plus possible.
Je veux faire calquer qussitôt après avoir vu Mr Anneessens le tracé du buffet et vous l'adresserai pour que vous puissiez en faire juges les personnes intéressées.
Veuillez croire que j'ai hâte de vous mettre à même de disposer de l'instrument et agréez l'expression de mes sentiments très distingués.

Paul Boeswillwald

 


 

Halluin le 23 avril 1901,

Monsieur De Breuze, Président du Conseil de Fabrique de
l'église Cathédrale d'Auxerre (Yonne),


En réponse à votre honorée de ce jour, vous me permettrez sans doute, de vous dire que dans une église aussi spacieuse que la cathédrale on trouvera facilement un coin ou l'autre pour placer momentanément les colis du nouvel orgue, mais la question est de pouvoir les poser de suite, car je tiens à rentrer dans mes fonds le plus vite possible. Les échafaudages extérieurs ne nous gêneront nullement et le mur à faire du bas côté non plus pourvu que nous ayons le plancher de la tribune posé et la chapelle libre.
Je remarque que j'ai affaire à un avocat comme président du conseil de fabrique et qu'il veut de plus en plus mettre les points sur les i, sans doute les bons comptes font les bons amis mais quand on a eu à faire avec 3 ou 400 conseil de fabrique on voit de suite où l'on veut en venir.
L'affair de la tribune et des buffets d'orgues restera au prix de 5300 francs comme convenu, j'ai dit et répété maintes fois à Mr Boeswillwald que la fabrique m'aurait payé ce prix pour les buffets avec les tuyaux et la balustrade et que ce prix de revient ne serait pas dépassé, car d'après une clause du contrat, si l'architecte avait eu l'idée de faire faire un buffet qui me reviendrait à 10.000 francs, j'aurais dû passer par là si je n'ai pas de soubassement à faire j'aurai autre chose et qui me paiera pour mes ennuis et les courses que j'ai déjà faites et la perte de temps pour avoir les plans de ces malheureux buffets que je n'ai pas encore.
Le gouvernement vous paie une grosse somme m'a dit Mr Boeswillwald pour les travaux que la fabrique a à faire en fait de maçonnerie et travaux à la tribune, il m'a dit combien, mais je ne me rappelle pas la somme ; donc sous le rapport rien à craindre pour la fabrique. Il est vrai que cela ne me regarde pas, mais cela peut être dit puisque vous me réclamez déjà sur le prix de 5.300 francs, alors que vous ne savez pas au juste ce que j'aurai à faire.
Quand au devis et cahier des charges, ne vous semble-t-il pas étrange que je n'en ai pas de trace du tout et que vous en tenez le double et même les brouillons ?
Si je vous arrive l'un de ces jours, ne vous en étonnez pas.
Entretemps, veuillez bien agréer l'assurance de mes meilleurs sentiments.

Ch Anneessens

 


 

Suit le brouillon relativement raturé d'une lettre de réponse.

 


 

Halluin le 25 avril 1901,

Monsieur De Breuze, Président du Conseil de Fabrique de
l'église Cathédrale d'Auxerre (Yonne),


Je ne comprends pas quel mal vous pouvez interpréter dans ma lettre du 23 avril et quel intérêt aurais-je en cherchant des difficultés avec vous ? A mon âge on est plus rusé que cela, je ne comprends même pas où vous voulez en venir.
Si je vous arrive l'un de ces jours, étant de passage, ce ne serait que pour vous serrer la main, causer l'entrepreneur et voir où on en est avec les travaux.
J'irai voir samedi l'architecte.
Agréez, Monsieur De Breuze, mes civilités les plus empressées.

Ch Anneessens

 


 

Télégramme reçu à Auxerre le 30 avril 1901

DE BREUZE PRESIDENT CONSEIL
DE FABRIQUE
CATHEDRALE AUXERRE

A DE HALLUIN 7'50 22 30 5H20 S
PRIERE FAIRE SAVOIR POUR DEMAIN MIDI A QUEL PRIX
VOUS CEDERIEZ ANCIEN ORGUE = ANNEESSENS

 


 

Séance du 1er mai 1901

     ... Mr l'Archiprêtre parle de la vente des vieilles orgues. Un certain prix 2500 Frs a été offert par Mr le Doyen de Vezelay.      ...     ne le trouvera pas assez élevé, on décide de faire dans le journal La Croix deux annonces par semaine pendant deux mois.
Monsieur l'Archiprêtre s'en occupera.
     ... Stolts a été prévenu par Mr l'Archiprêtre qu'il sera inutile désormais de venir accorder les orgues de St Etienne.

 


 

Télégramme reçu à Auxerre le 2 mai 1901

DE BREUZE PRESIDENT CONSEIL
FABRIQUE AUXERRE

A DE HALLUIN 7'71 20 2 7H
VERRAI VENDREDI ACHETEUR SERIEUX AGIRAI POUR OBTENIR
PLUS HAUT PRIX POSSIBLE LETTRE SUIVRA = ANNEESSENS

 


 

Halluin le 3 mai 1901,

Monsieur De Breuze,
Président du Conseil de Fabrique
de l'église Cathédrale d'Auxerre (Yonne),


Veuillez trouver ci-joint la lettre de Mr le Curé d'Aubers qui, il y a 8 jours était bien disposé d'acheter votre vieil orgue et que j'avais amené à le payer 5.000 francs.
Le grand buffet de l'ancien orgue est trop grand pour l'utiliser à habiller votre orgue de choeur, il me semble que le petit buffet avec un soubassement neuf qui ne vous reviendrait pas à plus de 250 francs defait mieux votre affaire, et probablement que celui qui acètera l'orgue ne pourra utiliser le buffet faute de place, par conséquent pour l'acheteur le buffet en moins ne diminuerait pas de beaucoup la valeur de son achat.
L'ancien orgue sans le buffet perd une moitié de sa valeur, par le fait même que l'acheteur aurait à me payer davantage pour le remontage de son orgue, puisque les parties instrumentales attachées à l'intérieur du buffet auraient besoin d'autres supports. Si vous aviez à faire avec moi pour vos deux buffets, je les céderais à 400 francs.
Je n'ai pas encore mes plans pour les buffets.
Veuillez agréer je vous prie mes meilleures salutations.

Ch Anneessens

 


 

Halluin le 18 mai 1901,

Monsieur l'Abbé Pinçon
Auxerre


J'ai l'honneur de vous faire savoir que nous avons remis l'orgue au chemin de fer port dû mercredi dernier, il doit vous arriver l'un des premiers jours de la semaine prochaine.
Veuillez avoir l'obligeance de payer le prix du transport en déduction du prix de l'orgue comme d'habitude.
Je serai de passage à Auxerre mercredi ou jeudi. Si M. de Breuze est libre nous pourrions aller voir l'emplacement pour l'orgue de l'acheteur que vous avez en vue et je dois aussi aller à Fleury-Vallée d'Aillant ou M le Curé voudrait faire changer le système de son orgue.
J'ai reçu hier une partie des plans et épures pour la construction des buffets, nous sommes déjà à l'oeuvre avec un grand nombre d'ouvriers.
Je vais aller voir mercredi Mr Boeswillwald pour avoir les autres dessins.
Veuillez bien agréer entretemps nos meilleures salutations.

Ch Anneessens

P.S.- J'apporterai avec moi les devis et cahiers des charges signés.

 


 

Halluin le 19 mai 1901,

Monsieur l'Abbé Pinçon
Archiprêtre
Curé de l'église Cathédrale
d'Auxerre (Yonne),


Je regrette beaucoup que ma lettre d'avis d'expédition de l'orgue vous soit arrivée trop tard, mais je ne m'attendais pas du tout qu'il vs serait arrivé si vite ; ordinairement nos expéditions restent 10 et 15 jours en route.
Les 2 ouvriers porteurs de la lettre ne parlent pas bien le français mais ils comprendront tout ce que vous aurez à leur dire d'ailleurs d'autres suivront dès que je saurai qu'il y a moyen de commencer le placement sans être gênés.
A jeudi comme il est dit dans ma lettre d'hier.
Agréez Monsieur l'Archiprêtre mes civilités les plus empressées.

Ch Anneessens

 


 

Halluin le 11 juin 1901,

Monsieur De Breuze
Président du Conseil de Fabrique
de l'église Cathédrale
d'Auxerre (Yonne),


J'ai l'honneur de vous annoncer que j'arriverai à Auxerre demain mercredi soir par dernier train.
Jeudi vers 8h.1/2 du matin, j'aurai déjà vu les travaux des orgues et parlé à mes ouvriers.
Si vous avez besoin de moi pour aller voir l'église ou vous croyez pouvoir vendre l'ancien orgue, je serai à vous pourvu que je puisse reprendre le train de 1h.22, et au besoin je pourrais rester jusqu'à 4h.21, mais alors j'aurais à voyager toute la nuit pour me rendre à Bayeux et le lendemain j'aurais de nouveau une nuit blanche d'après l'itinéraire que je me suis tracé.
Nous venons tout juste de recevoir les plans pour commencer la balustrade.
Nos deux buffets avec tuyaux de façade sont faits depuis quinze jours, excepté la sculpture des Chapiteaux des colonnes et des fleurons parce que je n'ai pas pu avoir les épures. Sur les tuyaux de façade nous avons mis une couche de couleur. Je ne sais pas les faire finir puisque l'architecte ne m'a pas encore donné les Dessins et nous ne savons pas quelle teinte définitive donner aux tuyaux.
Cela n'est pas permis vraiment, car pour me donner le plan de la balustrade, il ne lui fallait qu'une heure me disaient les employés il y a un mois.
Demain mercredi à cinq heures de l'après-midi, je serai pour une vingtième fois chez l'Architecte.
Agréez je vous prie l'assurance de mon respect.

Ch Anneessens

 


 

Séance du 22 juin 1901

     ... Mr           se présente pour la soufflerie des orgues en cours d'exécution. Il demande 4 Frs par jour. On l'accepte provisoirement.
     ... Mr l'Archiprêtre lit une lettre d'un curé du Doubs qui propose d'acheter les vieilles orgues pour 4500 Frs. Le prochain Conseil en délibèrera.

 


 

6 Juillet 1901

 

N° 27

 

LA SEMAINE RELIGIEUSE
DE SENS ET AUXERRE
...
CHRONIQUE DIOCESAINE

AUXERRE.- La cérémonie d'inauguration des nouvelles grandes orgues de la cathédrale est dès maintenant fixée. Elle sera présidée par S. G. Mgr Dizien, évêque d'Amiens. Le sermon sera donné par M. l'abbé Vignot.

 


 

Séance du 7 juillet 1901

     Mr de Breuze lit une lettre de Mr Boeswillwald au sujet des travaux de la tribune. Il affirme que tout sera prêt au trente juillet.
     Dieu le veuille !
     ... Mr l'Archiprêtre présente une lettre de Mr l'abbé Dondenne, Doyen de Toucy qui s'engage à acheter les vieilles orgues au prix de 4 500 frs. Le Conseil y sonsent. Un marché sera passé.
     Mr l'Architecte annonce ensuite que l'inauguration des nouvelles orgues est fixée au 30 juillet veille de St Germain. Mgr Dizien évêque d'Amiens, en l'absence de Mgr l'Archevêque a bien voulu accepter la présidence de cette cérémonie. Elle aura lieu le mardi 30 à 2h1/2. Le Conseil discute de la poroposition de savoir si l'entrée sera gratuite ou payante. Afin d'aider à couvrir les frais assez considérables de l'expertise et de l'inauguration, on décide que le prix de l'entrée sera fixé à 0f50 cent. par place même pour les abonnés. De plus une quête sera faite pendant le Salut.
     ... Le trimestre de Mr Lyon, organiste, n'a pas été payé. Le Conseil décide qu'il a droit à son traitement intégral et que son mandat lui sera délivré. Mr Lyon se propose de le remettre à Mr l'Archiprêtre pour la souscription des orgues.

 


 

38è année

20 Juillet 1901

N° 29

 

LA SEMAINE
RELIGIEUSE
DU DIOCESE
DE SENS ET AUXERRE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
...
AUXERRE

CATHEDRALE.- Mardi 30 juillet, à 2h.1/2, inauguration et bénédiction des grandes orgues par Mgr Dizien, évêque d'Amiens.
Sermon par M. l'abbé Vignot.

 


 

38è année

27 Juillet 1901

N° 30

 

LA SEMAINE
RELIGIEUSE
DU DIOCESE
DE SENS ET AUXERRE
...
AUXERRE

CATHEDRALE.- Le mardi 30, à 2h1/2 du soir, bénédiction et inauguration des nouvelles orgues, sous la présidence de Mgr Dizien, évêque d'Amiens.

                     Programme de la cérémonie :
                     Chant du Psaume : Laudate Dominum in sanctis ejus.
                     Bénédiction des orgues.
                     Ouverture : Offertoire (Schubert) par M. LYON.
                     Discours, par M. l'abbé Pierre Vignot.
                     Grande audition des orgues par M. MISSA, compositeur,
                     premier prix d'orgue.

S A L U T

                     O Salutaris (Saint-Saëns), par M. LORRAIN.
                     Magnificat en faux-bourdon, avec verset d'orgue, par M. Missa.
                     Ave Maria (Mozart), chanté par M. Lorrain.
                     Improvisation, par M. Missa.
                     Tantum ergo (Dubois), chanté par M. Lorrain.
                     Sortie grand orgue, par M. Missa.
     Nota.- Une quête sera faite au profit de l'Oeuvre par M. l'Archiprêtre et Mme Bladier.

                     [Le nouvel orgue de la cathédrale est un magnifique instrument comprenant trois claviers à mains, un pédalier et 47 jeux. Construit d'après le système tubulaire pneumatique, avec ses derniers oerfectionnements brevetés, il est l'oeuvre de M. Anneessens facteur d'orgues à Halluin (Nord)].

 




 

     Auxerre, le 30 juillet, veille de la Saint Germain 1901, avait auditionné son nouveau grand orgue. Monseigneur Dizien présidait. L'instrument venait des ateliers Anneessens, d'Halluin, et le double buffet gothique avait été réalisé par BOEWISWALD architecte au Ministère des Beaux Arts. 47 registres répartis sur trois claviers et un pédalier, 45 combinaisons, tel était l'importance du nouvel orgue construit sur un système tubulaire pneumatique. C'est l'abbé Vignot qui fit le discours de circonstance.
     Lors du banquet, rassemblant une quarantaine de convives, l'archiprêtre Pinçon retraçait l'état de l'ancien orgue.
     <<Je fais appel ici au souvenir de mes condisciples du Petit Séminaire d'Auxerre. Vous vous rappelez, Messieurs, que nous assistions quelquefois, dans les grandes circonstances, aux fêtes de la cathédrale et, qu'au beau milieu de cette nef superbe, sous ces voûtes magnifiques, il y avait quelque chose qui déplaisait à nos regards : c'était un immense champignon, que nous appelions irrévérencieusement un nid d'hirondelles sur lequel reposaient les orgues et qui défigurait le transept comme une verrue défigure un beau visage>>.
     L'ancien buffet qui datait de Jacques Amyot fut recueilli par l'église de Toucy.
<<en échange d'un vil métal>>
a écrit la Semaine religieuse qui rapporte les propos de l'archiprêtre auxerrois.
     Berthier et Leblanc-Duvernoy firent assurer l'inauguration par des artistes parisiens : Missa, premier prix d'orgue et compositeur, toucha l'instrument en accompagnateur de Lorrain, basse de l'Opéra de Paris ; le compositeur auxerrois H. GOUARD s'y manifesta également.

 


 

Ici devrait figurer le programme de la cérémonie, énoncé plus haut, mais sa qualité de reproduction est trop mauvaise, de même que pour le menu du banquet qui suit :

 

 

                     Banquet du 30 Juillet 1901
                     Cantaloup Glacé
                     Truite du Lac Sauve Vénitienne
                     Filet de Boeuf garni Parisienne
                     Croustade de Ris de Veau à la Piémontaise
                     Poulet de Grain truffé Rôti
                     Salade de Légumes à l'Italienne
                     Glace Comtesse Marie
                     Gauffrettes
                     Petits Fours Variés
                     Coupes de Fruits
                     V I N S
                     Chablis Grand Ordinaire en Carafe
                     Milly 1895
                     Chablis Première 1893
                     Champagne Ay Billecart
                     CAFE - LIQUEURS

 


 

L'Indépendant auxerrois du mercredi 31 juillet 1901
Treizième année - N° 176 - 10 Cent. Le Numéro
Organe Quotidien Républicain Progressiste de l'Yonne
...
Nouvelles des Communes
Auxerre

INAUGURATION DES ORGUES DE LA CATHEDRALE

     Hier ont eu lieu, en la cathédrale d'Auxerre, au milieu d'un élégant et nombreux public, un événement artistique et une cérémonie peu banale, l'inauguration des grandes orgues.
     L'évêque, Mgr Dizien, ancien grand vicaire de Sens, a béni les orgues selon les rites, et, aussitôt après, ce superbe instrument, signé Anneessens, a répandu ses flots d'harmonie dans la vaste basilique, sous les doigts exercés tour à tour de M. Lyon, l'organiste habituel et de M. Missa premier prix d'orgue, ancien organiste de l'église Saint-Roch, à Paris.
     M. Lorrain, bien connu des auxerrois, était venu prêter le concours de sa voix magistrale, et l'abbé Pierre Vignot, un maître actuel de l'éloquence de la chaire, a prononcé un remarquable discours, fort goûté de tous les assistants, même les plus sceptiques.
     Les dilettantes de la musique et de l'éloquence n'ont pas dû regretter leur après-midi.

 


 

Dans les documents aimablement mis à ma disposition figurent deux causeries sur les orgues tubulaires pneumatiques dont je reproduis ci-après la page de couverture pour l'une et la présentation pour l'autre.
La première fait 10 pages au format A5 et la seconde 2 pages 1/2 en A4
J'intégrerai ces textes au site, si des personnes sont intéressées.

 


 

CH. ANNEESSENS

Henri DIDIER
 


 

3 Aout 1901

N° 31

 

LA SEMAINE RELIGIEUSE
DE SENS ET AUXERRE
...
CHRONIQUE DIOCESAINE
Inauguration des nouvelles orgues de la cathédrale d'Auxerre

     La bénédiction et l'inauguration des nouvelles orgues de notre belle cathédrale ont eu lieu mardi dernier, 30 juillet, sous la présidence de Mgr Dizien, évêque d'Amiens.
     Par une heureuse inspiration et pour obéir à un sentiment de piété filiale envers Saint Germain, M. l'abbé Pinçon, notre zélé et intelligent archiprêtre, avait fait coïncider cette cérémonie avec la neuvaine et la fête du puissant protecteur de l'insigne Eglise d'Auxerre.
     Son désir le plus vif était que le magnifique instrument dont il vient de doter la cathédrale, grâce à l'inépuisable générosité des catholiques auxerrois, pût faire entendre ses premières symphonies en l'honneur du grand saint demeuré en si profonde vénération dans notre vieille cité. L'habileté et la diligence du constructeur et de ses excellents ouvriers lui ont permis de réaliser son désir bien légitime et d'entendre, en la solennité incomparable de Saint Germain, la voix merveilleuse des nouvelles orgues.
     Une bénédiction d'orgue étant une cérémonie rare, j'ai pensé intéresser les lecteurs et les amis de notre petit Echo en écrivant pour eux ce modeste compte-rendu de la fête.

*
*  *

     Mais tout d'abord, disons un mot de l'instrument. Le nouvel orgue de la cathédrale, chacun le sait, sort des ateliers de MM. Anneessens, père et fils, facteurs d'orgues à Halluin. Dans le principe, on avait pensé le placer au-dessus de la grande porte de l'église, entre les deux premiers piliers ; mais, devant les difficultés presque insurmontables de l'installation, dans la crainte de cacher la rosace du grand portail, le premier projet fut abandonné.
     Un nouvel emplacement fut choisi. Très discuté tout d'abord, il a maintenant rallié tous les suffrages.
     Dans la chapelle où elles s'élèvent, les nouvelles orgues, avec leur double buffet gothique dessiné par M. Boeswiswald, architecte éminament attaché au ministère des beaux-arts, présentent un gracieux ensemble qui n'altère en rien la beauté architecturale du monument. De plus, au point de vue de l'acoustique, elles sont admirablement placées. Ainsi que chacun a pu s'en rendre compte, elles répandent leurs ondes sonores dans toute la cathédrale avec une égalité parfaite. De tous les points du vaste édifice, l'oreille perçoit avec la plus grande netteté les notes les plus rapides et les nuances les plus délicates.

*
*  *

     Voici maintenant quelques détails sur la composition et la facture du puissant instrument qui fait l'admiration de tous les visiteurs.
     Il possède 47 registres répartis sur trois claviers manuels et un pédalier. Quarante-cinq boutons de combinaisons permettent d'en varier les timbres à l'infini. Construit avec les derniers perfectionnements du système tubulaire pneumatique, il présente comme qualités premières une douveur de clavier tout à fait exceptionnelle, une pureté parfaite des sons et une rapidité extraordinaire d'émission.
     Rompant avec le vieux système des vergettes et autres accessoires que le profane ignore, M. Anneessens est entré résolument dans la voie des progrès, et avec lui la facture de l'orgue a fait un grand pas.
     Dans les orgues de la maison Anneessens, on ne trouve plus, en effet, lesorganes multiples et délicats qui constituaient jadis le mécanisme nécessaire pour transmettre aux sommiers le mouvement imprimé aux claviers par les doigts de l'artiste. L'air comprimé est le seul intermédiaire entre les claviers et les sommiers. Les touches n'ont plus à vaincre que la résistance d'un ressort formé d'un fil de métal qui les maintient comme dans un harmonium ordinaire. L'air, en s'échappant par l'orifice rendu libre, laisse ouvrir au sommier la soupape du tuyau et la note se fait entendre avec une simultanéité si grande que, jusque dans les dernières notes du tuba 32 pieds, peuvent s'exécuter les traits les plus rapides écrits pour piano.
     Somme toute, puissance, sonorité, douceur et précision, toutes qualités qui, jointes au plus parfait des mécanismes, caractérisent les orgues de M Anneessens.
     Le rapport d'expertise de nos nouvelles orgues constate que toutes ces qualités maîtresses se trouvent réunies dans le bel instrument soumis à l'examen des membres de la commission présidée par M. Missa, compositeur, 1er prix d'orgue.
     Qu'il nous soit donc permis d'adresser ici à M. Anneessens, nos plus sincères félicitations et remerciements. Son orgue de la Cathédrale est incontestablement un des beaux de la région. Il donne à tous et sous tous les rapports la plus entière satisfaction. Il ferait à lui seul la réputation de son habile et ingénieux facteur, si elle était encore à faire, mais du moins il contribuera à le faire connaître et apprécier comme un novateur habile et heureux, loyal émule des Cavaillé-Col, des Barker et des Merklin.
     Que dire de la cérémonie d'inauguration ? Deux mots suffiraient à traduire l'impression générale : elle a été fort brillante et très intéressante.
     A 2 heures, les portes de la Cathédrale s'ouvraient à la foule des paroissiens et aussi d'artistes et d'amateurs venus du dehors, tous désireux d'entendre chanter le nouvel et magnifique instrument, d'écouter une voix éloquente bien sympathique aux Auxerrois... et aussi de revoir celui qui n'est pas et ne sera jamais oublié, dans le diocèse de Sens, Mgr Dizien, l'évêque très aimé d'Amiens.
     A 2 heures et demie, Mgr Dizien, qui a bien voulu, en la circonstance, venir suppléer notre vénéré archevêque, Mgr Ardin, et donner à M. l'archiprêtre une marque de sa toujours fidèle amitié, fai sont entrée au chant du Benedictus. Il est assisté de Mgr Guignot, vicaire général d'Amiens, Mgr Barillon, MM. Prieux et Labbé, vicaires généraux de Sens. Dans le cortège d'honneur, que lui fait le clergé et que dirige avec art notre infatigable maître des cérémonies, on remarque M. l'abbé Blondel, doyen du chapitre, M. l'abbé Olivier, archiprêtre de Sens, M. le chanoine Bauffre, M. l'abbé Dellinotte, supérieur du petit Séminaire, plus de dix doyens et de nombreux prêtres venus de toutes les parties du diocèse.
     Après le chant du psaume :Laudate Dominum de M. l'abbé Thorelle, exécuté avec un entrain bien auxerrois, par un choeur de voix d'enfants et d'hommes, qui nous laisse espérer bientôt, sous l'habile direction de M. l'abbé Corberon, une belle maîtrise, on procède à la bénédiction du nouvel orgue.
     Ô combien touchantes les prières liturgiques ! "Ta voix, lui dit le Pontife, sera une voix religieuse. Elle sera, après la voix du prêtre, la deuxième voix de Dieu dans le temple. Tu diras aux fidèles : Venez tous dans cette église où le Christ Jésus vous appelle, vous attend pour vous bénir."
     A peine la prière du Pontife a-t-elle fixé sa destinée, qu'aussitôt l'orgue fait entendre sa voix merveilleuse. Nouveau confirmé, il fait sa profession de foi sous le jeu sympathique de l'habile organiste de la Cathédrale, M. Lyon à qui revenait tout naturellement l'honneur de le présenter au plus bel auditoire que puisse rêver l'âme d'un artiste.
     Après avoir dit sa première hymne de louanges à Dieu. l'orgue se tait. Il a comme conscience qu'une autre voix veut chanter à son tour, la voix du prêtre. Et en effet voici que du haut de la chaire, retentit un chant d'une incomparable beauté, une musique exquise, une harmonie captivante : le discours de M. l'abbé Vignot.
     Il ne siérait pas à un petit vicaire, de faire ici, l'éloge de ce maître éminent de la parole chrétienne, de cet écrivain distingué, de ce diseur charmant. Qu'il me pardonne, si pourtant j'ose dire qu'il nous a donné un fin régal littéraire, un délicieux morceau d'éloquence.
     Je me garderai bien d'analyser ce magnifique discours. Ma plume inexpérimentée s'égarerait dans la merveilleuse forêt d'idées où M. l'abbé Vignot, nous a promenés pendant une heure, qui a paru bien courte. Comme un enfant à qui l'on présente plusieurs objets attrayants, d'égale beauté, elle serait embarrassée, hésitante... Comment faire un choix ? tantôt les pensées se succédaient délicates, gracieuses, aimables coomme les mélodies insaisissables qui bercent la ramure, tantôt elles s'élevaient sublimes, ailées, lumineuses comme les flèches aériennes de nos basiliques et de nos cathédrales, d'autres fois originales, variées, hardies, semblables aux cimes des montagnes les plus escarpées.
     Tout serait à citer dans cette page de haute éloquence, conçue, écrite et dite par un artiste dont les Auxerrois ont pû déjà - et ils en sont fiers - apprécier l'incomparable talent.
     On voudra bien nous excuser de ne donner ici que sa péroraison, recueillie aussi fidèlement que possible :

     " Ô jeune orgue des prochaines vêpres et des grand'messes, des premières communions, des mariages et des funérailles futures, nous nous fions à toi pour seconder les joies des fidèles, bercer leurs rêves pieux, apaiser la crainte de leurs coeurs nazvrés. Mais nous ne t'aimerions pas tant, nous ne te ferions pas un tel accueil, si tu devais n'être utile qu'à nous, les habitués de l'église. L'heure est venue où la musique religieuse, pas plus que la parole sacerdotale, n'a le droit de s'intéresser uniquement aux bons chrétiens, toute voix dans l'Eglise doit se faire apôtre. Si l'humble prêtre à qui est échu l'honneur de te souffler des mots pour te mieux expliquer, peut formuler un souhait à ton adresse, ce n'est pas assez que tu édifies, nous attendons de toi que tu convertisses ; songe aux dissidents, parle aux sourds, à ceux qui ne veulent pas nous entendre. Tandis que là-haut tes actives camarades, les cloches et les bourdons des tours, enverront leurs volées à travers la ville et iront recruter des hommes, poursuis ici leur oeuvre de propagande. Les indifférents que la curiosité a pu amener aujourd'hui en cette cathédrale, les mécréants que les convenances sociales y feront entrer un jour ou l'autre, ne les laisse point partir sans leur dire quelque chose ; remue en eux ces souvenirs, les meilleurs d'eux-mêmes, que le catéchisme y a déposés ; rends-leur le sens de nos cérémonies, l'accent de l'Evangile intérieur, l'esprit de l'Eglise. Je sais dans un coin de province un grand artiste qui, exécutant au fond de sa maison solitaire les chefs-d'oeuvres des maîtres, souffre de ne point partager ses joies, et parfois s'interrompt, court aux fenêtres et les ouvre toutes grandes, pour répandre par les rues mornes un peu d'air et de beauté, pour que l'imagination du passant ou du voisin en soit ennoblie. Ah ! je voudrais ici ouvrir les portes, afin que ta voix débordât et versât au loin les grâces de paix et de piété dont elle est chargée ! Voix nouvelle qui vas parler dans Auxerre, sois la voix catholique de l'harmonie dans cette ardente et batailleuse cité ; dissipe les préjugés mutuels, réconcilie les âmes désaccordées ; couvre le bruit des vaines disputes. A ses citoyens sans exception, désapprends la seule chose qu'au monde il nous soit permis de haïr : la haine, et enseigne-leur la seule chose qu'il nous soit permis d'aimer : l'amour, l'amour de Dieu et de tous nos frères. "

     Après ce discours de M. l'abbé Vignot, que nous avons regretté de ne pouvoir applaudir à cause de la sainteté du lieu, M. Missa lui succède aux claviers.
     M. Missa est trop connu du public pour avoir besoin d'une longue présentation. Premier prix d'orgue, compositeur de mérite, cet artiste, que nous avons eu la joie d'entendre grâce à d'autres artistes auxerrois,aimables autant que dévoués, a tenu son auditoire pendant cinq quarts d'heure sous le charme de ses improvisations pleines de verve, de variété et de richesses harmoniques. L'inspiration et la science, qui semblent d'ordinaire deux soeurs ennemies, se rencontrent en lui, et loin de s'en exclure, elles s'unissent dans son jeu pour produire les plus heureux effets. Ajoutons, avec les connaisseurs qui nous ont transmis cette appréciation, que ces qualités s'augmentent de toutes les ressources d'un prestigieux doigté. Avec son beau talent, M. Missa n'a pas eu de peine à faire ressortir, sous toutes les formes, les merveilles de suavité et de sonorité de l'instrument qu'il avait entre les mains.
     Dans un offertoire hâtivement préparé la veille, un jeune maëstro d'Auxerre, plein d'avenir, M. H. Gouard, a fait entendre une délicieuse pastorale d'une belle composition. Sa registration judicieuse, non moins que son thème agréablement développé, font honneur à son goût et à son talent artistique.
     Un autre artiste parisien, M. Lorrain, de l'Opéra, a exécuté pendant le salut, divers motets qui ont fait admirer l'ampleur et la puissance de sa belle voix de basse.
     Après tout ce que je viens de dire, je n'étonnerai personne en ajoutant que profonde a été l'impression produite sur tous les auditeurs et par l'audition des grandes orgues et par le magnifique discours de M. l'abbé Vignot. Chacun s'est retiré plus aimant des harmonies célestes et de nos incomparables cérémonies religieuses, avec des ailes pour s'élever vers tout ce qui est beau, idéal et sanctifiant.
     Malgré sa longueur, ce compte-rendu serait encore incomplet si je passais sous silence les toasts qui ont été tant applaudis au banquet qui réunissait autour de Mgr l'évêque d'Amiens, plus de soixante convives invités et amis personnels de M. l'archiprêtre.
     Celui-ci le premier a pris la parole dans un langage plein d'esprit et d'humour :

          " Monseigneur, Messieurs,
     " Je suis heureux de la corconstance qui me procure aujourd'hui l'honneur de votre présence : l'inauguration et la bénédiction des nouvelles orgues de la cathédrale d'Auxrerre.
     " Si je craignais de remonter jusqu'au déluge (le temps que je dois évoquer est déjà si loin ! ) je vous rappellerais l'origine première de cette oeuvre. Elle est née de l'horreur instinctive qu'inspire même à un enfant, la laideur qui choque les yeux, surtout quand elle fait contraste.
     " Je fais appel ici au souvenir de mes condisciples du petit Séminaire d'Auxerre. Vous vous rappelez, Messieurs, que nous assistions quelquefois, dans les grandes circonstances, aux fêtes de la cathédrale, et qu'au milieux de cette nef superbe, sous ces voûtes magnifiques, il y avait quelque chose qui déplaisait à nos regards : c'était un immense champignon, que nous appelions irrévérencieusement un nid d'hirondelles, sur lequel reposaient les orgues et qui défigurait le transept comme une verrue défigure un beau visage.
     " Je ne savais guère alors, ni vous non plus, de quelle main la Providence se servirait un jour pour faire une opération chirurgicale qui s'imposait.
     " De longues années après, lorsque la haute bienveillance de Monseigneur m'eut désigné pour ce poste de curé d'Auxerre, la verrue était toujours là, avec un air de provocation - mais le sentiment premier subsistait aussi, plus fort parce qu'il était plus conscient et plus éclairé. - La lutte allait commencer. On m'y engagea de toutes parts - Je vous vois et je vous entends encore, Monseigneur, lorsque, évêque nommé d'Amiens, vous me fîtes l'honneur de vous accompagner dans votre première visite à Auxerre : je vois votre geste, et j'entends votre parole : Voilà ce qu'il faut faire disparaître. C'était une sorte de delanda Carthago.
     " La disparition est faite ; elle est complète, peut-être trop complète ; car il y aurait bien quelques larmes à verser, non pas sur le nid d'hirondelles, mais sur le beau buffet de Jacques Amyot, que M. le doyen de Toucy, si connaisseur et si amateur de belles choses, a su recueillir pieusement dans sa belle église, en échange d'un vil métal.
     " Pour une oeuvre d'art comme celle-là, un artiste comme lui n'en donnera jamais assez.
     " Le métal était nécessaire - après avoir détruit, il fallait rebâtir. - Il fallait des nouvelles orgues assez puissantes pour remplir de leur souffle le beau vaisseau dont elles sont comme l'âme éloquente et inspirée.
     " Où les placer ? A l'entrée de l'édifice, sous la grande rosace ? Plusieurs le pensaient. - Ce fut un premier projet caressé d'abord, puis combattu et rejeté. - La commission des beaux arts, par l'organe de son habile architecte M. Boiswillwad a dit : Non - c'est une raison péremptoire devant laquelle il faut s'incliner. - Elle est explicable même pour les profanes. Obstruer si peu que ce fut le magnifique vitrail si beau sous les rayons du soleil couchant ; ou bien alourdir par une tribune trop basse la nef si élégante et si élancée eut été une erreur de laquelle on eut dit plus de mal que de la première. Elle n'a pas été commise.
     " Ce fut alors que l'habile facteur, M. Anneessens, en possession d'un système nouveau, qui par sa simplicité permet de réstreindre beaucoup la place nécessaire à l'établissement des orgues, se fit fort de placer sans la chapelle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, un orgue suffisant pour la cathédrale. On eut confiance en lui. Je ne crois pas qu'on ait à s'en repentir. L'oeuvre fut menée rapidement. Elle est faite. Vous allez en juger.
     " Mais auparavant, cet exposé historique rapidement fait, je dois des actions de grâce et je veux payer mes dettes. Elles sont nombreuses.
     " Je les dois d'abord à Mgr l'archevêque de Sens qui, le premier, m'encouragea de ses conseils et de sa bourse. Son offrande fut généreuse comme son coeur. Aujourd'hui, s'il est absent, il n'est pas oublié et je veux que l'écho de cette fête aille redire dans les montagnes du Jura qu'il possède un titre de plus à ma reconnaissance, et celle de sa bonne ville d'Auxerre, toujours heureuse de l'accueillir.
     " Merci ensuite à vous, Mgr d'Amiens. J'ai dit ce que furent vos conseils. Vous les avez appuyés de vos largesses. Aujourd'hui vous avez bien voulu vous souvenir d'une vieille amitié, et vous avez fait des prodiges, vous disiez même des folies, pour répondre à mon appel. J'en suis profondément touché. Votre présence aimée rehaussera cet solennité et donnera un nouvel éclat à la fête de saint Germain, notre illustre évêque d'Auxerre. Vous ne trouverez pas les colossales fêtes de Brebières ; mais après un repas plantureux, quelque chose de plus frugal n'est pas à dédaigner. Ce que vous retrouverez ici, Monseigneur, c'est l'affection dont fut entouré le vicaire général ; les coeurs auxerrois l'ont gardée à l'évêque et sont heureux, en cette circonstance, de la lui témoigner hautement.
     " MM. les membres du conseil de fabrique, je salue votre présence, tout en regrettant les absences que des causes différentes, mais impérieuses, ont faites en ce jour : celle de M. de Breuze, notre président, de M. le docteur Pied, notre secrétaire, de M. le colonel de Bange. A eux comme à vous, j'adresse l'expression de ma reconnaissance. Vous m'avez apporté l'appui précieux de vos sympathies, de vos conseils, de vos encouragements, de votre collaboration intelligente et dévouée. Je sais que je puis compter sur elle. Elle ne me manquera jamais toutes les fois qu'il s'agira de donner un embellissement nouveau à cette cathédrale que vous aimez tant et dont vous êtes fiers à juste titre.
     " Vos orgues, M. Anneessens, lui apportent une beauté qui lui manquait. Elles réalisent aujourd'hui un de nos plus chers désirs. C'était un problème difficile ; vous l'avez résolu, et je vous en remercie vivement. Grâce à votre système, la seule place dont nous avions la liberté de disposer a suffi. Grâce à votre activité et à celle de vos ouvriers, le travail a été rapidement achevé. Nous sommes en possession d'un instrument que vous pourrez montrer avec orgueil, en disant à vos détracteurs, qui n'en a pas ? " Allez entendre les orgues de la cathédrale d'Auxerre.
     " Auparavant, nous allons vous entendre, vous, M. l'abbé Vignot, nous expliquer leur symbolisme dans cette langue si artistique, si littéraire, si personnelle qui fait de vous un orateur de marque, cher à l'élite intelligente de notre ville. Merci d'avoir bien voulu vous imposer un surcroît de travail, qui sera pour notre fête un surcroît d'honneur.
     " Je ne puis vous oublier, messieurs les artistes qui venez de la capitale, rehausser, vous aussi, cette cérémonie par l'éclat de votre talent ; et j'oublierai moins encore ce que je dois à votre ami, l'aimable et sympathique M. Berthier, et à M. Leblanc-Duvernois dont le goût musical aussi savant que distingué, n'a d'égal que leur empressement à le mettre au service de toutes nos fêtes religieuses.
     " Messieurs, je termine en vous remerciant tous, vous, MM. les vicaires généraux d'Amiens et de Sens, M. le doyen du Chapitre, M. le chanoine maître de chapelle de la cathédrale de Sens, M. l'archiprêtre de la métropole, M. le supérieur du petit Séminaire, vous tous enfin, dont la présence ici est pour moi une marque de sympathie dont je suis fier.
     " Messieurs, merci ! "

     M. Retif, ancien magistrat, prend ensuite la parole pour exprimer en termes bien pensés, les sentiments de reconnaissance des membres du Conseil de Fabrique et de toute la paroisse, envers M. l'archiprêtre de la Cathédrale.      Puis, Mgr Dizien se lève et ouvre son âme de Pontife, à une improvisation toute d'esprit, de coeur et de grâce charmante. A M. l'abbé Pinçon son ami, il dit tout d'abord sa joie et son bonheur, de se trouver dans cette cité des saints évêques, qui éveille en son coeur tant de souvenirs... qui lui rappelle les joyeuses années de son petit séminaire..., son cher petit séminaire d'Auxerre, comme il l'aimait ! Comme il trouve, à en parler, des accents d'une touchante éloquence !
     Monseigneur salue ensuite, les représentants autorisés du chef du diocèse et les prie de vouloir bien transmettre l'expression de son fraternel dévouement et de sa respectueuse affection. En M. l'abbé Vignot, il loue l'orateur distingué et habile, " qui a su dire du bien d'Auxerre, sans blesser Sens et du bien de Sens sans choquer Auxerre. "
     A redire comme il conviendrait, quelques unes des paroles si belle et si pleines d'affectueuse bonté qui ont ravi tout le monde, je sens mon impuissance et comprends que mon devoir est de ne point déflorer les belles choses qu'il nous a dites et qui lui ont valu les plus chaleureux applaudissements.

P. G.

     A l'issue de la cérémonie, Mgr Dizien et les prêtres présents à l'inauguration des orgues de la Cathédrale d'Auxerre, ont envoyé à Mgr Ardin, une adresse dans laquelle ils lui exprimaient leurs hommages bien respectueux.
     Mgr Ardin, très touché de ce souvenir paternel de Mgr Dizien et du témoignage de respectueux attachement de ses prêtres, a répondu par une dépêche de remerciements.

 


 

Façade côté petite nef
 
 

Console

Pédalier
 


 

DEUXIEME ANNEE

AOUT-SEPTEMBRE 1901

 
 

L'ECHO D'AUXERRE

 
 

BULLETIN DES OEUVRES CATHOLIQUES

 
 

INAUGURATION DES NOUVELLES ORGUES
DE LA
CATHEDRALE

 
 

Ce bulletin reprend pratiquement le contenu du document précédent.

 


 

ARCHEVECHE
DE
SENS

Sens, le 5 Octobre 1901

 
 

OBJET :

   
 

Fabrique St Etienne
d'Auxerre

   
 

Vente des anciennes
orgues


Monsieur le Préfet,

 
   


J'ai l'honneur de

 
   

vous adresser revêtu de mon approbation le marché intervenu entre la fabrique St Etienne d'Auxerre et M. l'abbé Dondene, curé doyen de Toucy pour la vente des anciennes orgues qui étaient placées dans le transept sud de l'église cathédrale.

     Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma haute considération

          L'archevêque de Sens.

          + Etienne, Arch. de Sens

 


 

A Monsieur le Préfet de l'Yonne.

 
 

Sous la date de cette lettre de l'archevêque est apposé le tampon de réception du courrier du Cabinet du Préfet en date du 7 octobre 1901

 


 

Séance du 6 octobre 1901
     Mr l'Archiprêtre demande au Conseil de bien vouloir consigner dans le registre des délibértations la visite de Monseigneur Dizien évêque d'Amiens qui est venu le 30 juillet 1901 bénir les nouvelles orgues et présider à leur inauguration, ainsi qu'à la fête de Saint Germain. Le Conseil offre à Monseigneur d'Amiens tous ses remerciements de l'honneur qu'il a fait à la paroisse de St Etienne, et de la bienveillance qu'il lui a témoignée en voulant bien se dérober aux nombreuses obligations de sa charge pastorale, pour rehausser de sa présence cette double cérémonie.
     L'inauguration des orgues construites par Mr Anneessens a donné toute satisfaction aux artistes chargés de l'expertise en ce qui concerne la qualité des jeux, leur timbre et leur sonorité. Le public venu en foule pour les entendre a partagé leur sentiment.. Le Conseil et les personnes généreuses de la paroisse n'ont pas à se repentir des sacrifices consentis pour doter notre belle cathédrale du magnifique instrument qui lui manquait.
     A ce sujet Mr l'Arhiprêtre et Mr Bernier exposent au Conseil quelle est la situation par rapport au réglement de la dette contractée avec Mr Anneessens.
     Vingt huit mille francs ont été payés comptant.
     Vingt quatre mille viennent de la souscription ou de la quête déduction faite de tous les frais d'inauguration, deux mille, versés par la Fabrique sur les cinq mille vôtés, par annuité de mille francs ; deux mille enfin provenant de la vente des vieilles orgues à Mr l'abbé Donnante doyen de Toucy.
     Mr Bernier, à ce sujet, fait connaître au Conseil le marché passé entre lui et Mr le Doyen de Toucy pour régulariser cette vente que le Conseil avait approuvé dans sa précédente séance et qui s'élève à 4 500 frs. Mr le Doyen de Toucy a versé deux mille francs comptant. Il lui reste à verser 2 500 frs. Il a demandé un délai jusqu'au 30 juin 1903 au plus tard. La Fabrique y a consenti moyennant le paiement d'un intérêt de 5 % sur la somme qui reste à payer. Le marché a été déposé à la Préfecture pour approbation.
     Donc d'après le contrat passé entre la Fabrique et Mr Anneessens, et qui s'élevait à la somme de 39.300 frs pour l'orgue et les buffets, il reste à payer 11.300 frs.
     Pour rendre son instrument plus complet, dans le courant de la construction, Mr Anneessens a ajouté, de son propre chef, deux jeux non compris dans le devis primitif, et en a modifié un troisième. Pour ce travail supplémentaire, il demande une augmentation de 2 000 frs.
     Le Conseil consulté répond qu'il n'a rien demandé en plus des jeux énumérés dans le devis ; qu'en principe il n'accepte pas ce supplément de dépenses que Mr Anneessens a pris sur lui seul d'introduire dans la construction de l'orgue ; que par conséquent, celui-ci peut reprendre les jeux qui sont en plus du devis arrêté entre lui et la Fabrique, pourvu que le nombre et la qualité des autres jeux restent tels qu'ils ont été stipulés dans le contrat et qu'il n'y ait aucune détérioration dans l'instrument.
     Cependant après reddition complète des comptes de l'architecte, la Fabrique pourra, si ses ressources le lui permettent, satisfaire au désir de Mr Anneessens, et conserver les jeux supplémentaires qui complètent la valeur de l'orgue.
     Jusque là elle ne s'engage à rien, pas même à payer l'intérêt des deux mille francs, qui seraient soldés à une date indéterminée, selon les ressources dont elle pourra disposer, si toutefois elle consent à garder ces jeux.
     Le Conseil fait aussitôt une réserve en ce qui concerne les boiseries des buffets ; en particulier sur le buffet qui regarde la nef latérale. Dans le projet accepté par Mr Anneessens, la chapelle où se trouvent les orgues devait être fermée par une boiserie qui aurait eu sa base sur le pavé de la chapelle et se serait élevée jusqu'au sommet de l'ogive avec des motifs, colonnettes et ogives reproduisant celles qui se trouvent dans le transept sur la tribune de l'orgue. Le tout étant aux frais de Mr Anneessens pour la somme stipulée dans son contrat.
     L'architecte a décidé, à la place du bois, d'élever un mur en pierre à une hauteur assez considérable avec colonnes, ogives, chapiteaux taillés par un sculpteur de Paris. C'était autant en moins à dépenser pour Mr Anneessens, ce sera autant de plus pour la Fabrique, surtout si la subvention donnée par l'Etat ne suffit pas à couvrir le prix de ces travaux. Dans ce cas là, en toute rigueur de question, on pourrait demander à Mr Anneessens une déduction proportionnée sur le prix des buffets, qui du reste, ne donnent pas complète satisfaction.
     Mr Petit et Mr l'Archiprêtre parlent ensuite d'un accident arrivé dans la chapelle des orgues. A la suite d'une pluie considérable, une infiltration s'est produite par la tribune, et a endommagé trois tuyaux. Mr Petit est monté sur le toit et a fait monter aussitôt les ouvriers maçons et plombiers. Le retour d'un même accident est éloigné pour cet hiver, mais la toiture tout entière étant en mauvais état, il sera bon d'attirer sur ce point l'attention de l' architecte en lui demandant de nous faire voter le crédit alloué depuis deux ans, et oublié cette année, et qui a pour objet la réparation très nécessaire de la toiture de la cathédrale. On pourra commencer par cette partie de la chapelle des orgues. Il faut qu'avant tout elles soient à l'abri de la pluie.
     Le dégât, fort peu considérable du reste, caussé aux tuyaux a été réparé par les ouvriers organiers de Mr Anneessens qui travaillaient aux orgues de St Pierre et qui furent prévenus aussitôt par Mr l'Archiprêtre.

 





 

Séance ordinaire du 12 janvier 1902
     Un versement de dix mille francs a été fait au 31 décembre au facteur d'orgues Mr Anneessens. Mr Bernier trésorier en a reçu quittance. Il reste donc à Mr Anneessens, d'après le marché conclu entre lui et la Fabrique la somme de treize cents francs payable au 31 décembre prochain.
     A ce sujet, Mr Petit fait observer qu'on s'est trop hâté de solder le facteur d'orgues et qu'un aurait dû conserver une somme à payer plus importante, en prévision des éventualités qui peuvent se produire dans le réglement des comptes, surtout en ce qui concerne les buffets. Mr l'Archiprêtre répond qu'on a voulu rendre service au facteur, un peu pressé, et surtout à la Fabrique, en épargnant à ses finances, toujours à ménager, le paiement d'un intérêt assez considérable.
     A leur point de vue différent, les deux honorables contradicteurs ont raison.
     Le Conseil constate que Mr l'Archiprêtre a versé pour les orgues entre les mains de Mr Bernier Trésorier, au 30 juillet 1901, la somme de 24 000 frs et au 31 décembre de la même année une autre somme de 10 000 frs, provenant de la souscription.
     Deux mille francs pris sur les cinq mille francs votés par la Fabrique et deux mille francs venant de la vente des vieilles orgues ont été ajoutés à ces différentes sommes. La somme totale, c'est-à-dire 38 000 francs a été versée à Mr Anneessens par Mr Bernier trésorier. Le Conseil approuve ce versement.

 


 

Séance ordinaire du 6 avril 1902
     Il reste à recouvrer 5 000 francs de subventions de l'Etat pour la construction de la tribune des grandes orgues ; cette somme est portée au budget supplémentaire de 1902.
     ... Mr le Président...
     Il fait remarquer que la porte provisoire qui a été placée pour fermer les orgues est toujours dans le même état, son effet est déplorable. On se demande pourquoi la porte définitive n'a pas encore été mise en place ainsi que les grilles dont l'architecte des monuments historiques devait remettre les dessins. Ces derniers travaux font partie de ceux concernant la construction de l'orgue et qui ont été interrompus depuis l'inauguration. Le Conseil décide d'adresser à ce sujet une demande pressante à l'architecte des monuments historiques.

 


 

Séance du 12 juin 1902
     ... Mr Bernier(s) a reçu différentes lettres relatives au paiement du reliquat du prix des orgues construites par Mr Anneessens. Il n'y a pas répondu favorablement attendu que l'époque des paiements est encore éloignée et qu'il y a des décomptes à faire au sujet du buffet. Aucun compte n'a encore été remis par Mr l'Architecte des Monuments Historiques.
... Une fuite importante s'est produite à la suite des grandes pluies au-dessus des orgues, à côté de la petite réparation qui a été faite il y a quelques années.
     Mr Fétis explique qu'une noue donne beaucoup d'eau à cet endroit et que le chêneau en plomb qui reçoit ces eaux est en très mauvais état, la chapelle elle-même a beaucoup souffert des fuites anciennes. Un chêneau en plomb neuf doit être refait pour éviter de nouvelles infiltrations qui pourraient détériorer d'une manière très importante les nouvelles orgues.
     Mr l'Archiprêtre a dû faire exécuter une réparation par l'organiste.

 


 

Séance ordinaire du 6 juillet 1902
     Une lettre a été adressée à l'époque des fêtes de la Pentecôte à Mr Boeswillwald architecte au sujet de l'achèvement tant désiré des travaux qui sont restés en suspend depuis près d'une année et ayant rapport aux orgues, c'est-à-dire porte en remplacement de celle provisoire et grilles en fer. Mr Boeswillwald a répondu qu'il devait venir à Auxerre dans une quinzaine de jours, puis nouveau silence de sa part.
     ... Mr l'Archiprêtre explique que l'orgue est faux et a besoin d'être accordé. Il écrit à ce sujet à Mr Anneessens pour lui demander d'envoyer un accordeur. N'ayant pas reçu de réponse Mr l'Archiprêtre a écrit une seconde lettre qui n'a pas produit plus d'effet que la première. Il sera écrit par lettre recommandée, indiquant qu'à défaut de réponse Mr l'Archiprêtre defra faire le travail par un autre accordeur et que la dépense sera retenue à Mr Anneessens.

 


 

Budget pour 1902

 
 

Organiste du Grand Orgue
Organiste du Petit Orgue
2 souffleurs

500,00
510,00
225,00

 


 

Suivent des budgets : à reporter à l'exercice 1903 ou supplémentaire de l'exercice 1901

 


 

Séance ordinaire du 5 octobre 1902

Accord des orgues.

 
 

     Mr Anneessens a fait accorder les orgues, et le fils Corberon a aidé l'accordeur, il demande le paiement du temps qu'il a passé cette réclamation est fondée, mais incombe à Mr Anneessens.

 





 

Séance du 26 avril 1903

Compte Anneessens.

 
 

     Monsieur O... accordeur doit faire un rapport au sujet des réparations qui pourraient être nécessaires aux orgues de manière à faire le décompte de ce qui peut être dû à la faillitte (!) Anneessens. Mr Bernier doit écrire au syndic au sujet de la question des intérêts. Mr Petit examinera les croix de St André qui ont été faites après coup sous les orgues, Mr Bernier indiquant que les bois avaient pris beaucoup de jeu.
     Mr l'abbé Dondenne n'ayant pas remis le solde de son acquisition du vieil orgue, en y comprenant les intérêts ainsi que le remboursement de la somme avancée pour l'enregistrement de son marché, Mr Bernier va lui écrire pour lui rappeler cet arrêté de compte.

 


 

Séance du 23 juin 1903

8 heures

 
 

     ... Il est donné connaissance d'une lettre de Mr Anneessens fabricant de l'orgue qui réclame le dernier paiement qui devait avoir lieu fin 1902. Le Bureau décide que Mr Berniers écrira à Mr Anneessens pour lui expliquer que le Conseil de Fabrique n'ayant reçu aucun décompte de l'Architecte des Monuments Historiques relativement à la construction des orgues et notamment en ce qui concerne les modifications apportées par l'Architecte au projet primitif, il est dans l'impossibilité d'effectuer ce paiement.
     En effet le prix convenu avec Mr Anneessens comprend une façade en menuiserie qui devait descendre jusqu'au niveau du sol de l'ancienne chapelle ; au lieu de ce travail, l'Architecte a fait effectuer une construction en pierre, d'où un décompte à établir entre ce qui était dû par Mr Anneessens et ce qu'il a exécuté. Le Conseil de Fabrique étant très désireux de terminer ce compte Mr Berniers engagera Mr Anneessens à voir Mr Boeswillwald pour le prier de terminer ce décompte.
     Mr Berniers écrira aussi directement à l'Architecte des Monuments Historiques tant pour lui demander le compte de Mr Anneessens que pour lui rappeler que les travaux ne sont pas achevés et qu'il reste à faire la porte sous les orgues et les grilles en fer.

 


 

Séance ordinaire du dimanche 5 juillet 1903

Accord des orgues.

 
 

     Mr Bernier annonce qu'il a écrit au syndic de la faillite Anneessens au sujet de l'accord des orgues qui était nécessaire. Un accordeur a été envoyé par le syndic et satisfaction a été donnée à cette réclamation.
     Au sujet de la somme qu'il reste à payer pour la construction des orgues, il ne sera pris de décision que lorsque les comptes auront été réglés par Mr Boeswillwald architecte.

 

 

 

Mémoire Martinaud plombier pour réparation au-dessus des orgues.

 
 

     Un mémoire de plomberie Martinaud pour travail de changement de noue au-dessus des orgues en 1902 et réglé à 214f45 sera remis par Mr Bernier à l'architecte diocésain pour qu'il en fasse faire le paiement à l'entrepreneur.

 

 

 

Paiement par Mr l'abbé Dondenne du solde du prix d'acquisition des anciennes orgues.

 

     Mr Bernier annonce au Conseil que Mr l'abbé Dondenne Curé doyen de Toucy a versé entre ses mains le solde du prix d'acquisition des anciennes orgues, y compris les intérêts soit une somme de deux mille sept cent trente neuf francs dix centimes.

 





 

Séance de Bureau du 8 avril 1904

 
 

     ... Mr Bernier a reçu la visite de Mr Heidt avoué au sujet des comptes de Mr Guilles entrepreneur de maçonnerie pour la construction des orgues, et il a aussi reçu une lettre de Mr Mouttard relativement au réglement de la créance Anneessens.
     Le Bureau regrette une fois de plus ne pouvoir terminer cet ancien compte n'ayant reçu aucun mémoire de l'Architecte des Monuments historiques.
     ... Mr l'Archiprêtre expose que le nommé Bourrier, serpent, se trouve maintenant, par suite de son état de santé dans l'impossibilité deremplir convenablement ses fonctions et de ne pas le remplacer. Cette proposition sera soumise au Conseil. Un secours de 200 frs annuel pourrait lui être accordé, prélevé sur les fonds du bureau de bienfaisance.

 


 

Séance ordinaire du Dimanche 10 avril 1904
 
 

Réclamation de Mr Maillard avocat à Tourcoing relativement au réglement de la créance Anneessens.

 
 

     Le Trésorier donne lecture de deux lettres qui lui ont été adressées par Mr Maillard avocat à Tourcoing relatives à la faillite Anneessens. Par la 1ère en date du 12 mars Mr Maillard dit qu'il lui a été impossible d'avoir des renseignements de Mr Boeswillwald architecte et qu'il ne sait si les mémoires sont ou non réglés.
     Par la seconde lettre du 2 avril Mr Maillard indique que Mr le Juge Commissaire le presse de terminer le réglement de la faillite.
     Mr Bernier a répondu que le Conseil de Fabrique n'avait reçu aucun mémoire et qu'il se trouvait donc dans l'impossibilité de pouvoir s'occuper du réglement de la créance de Mr Anneessens.

 

 

 

Délibération du Conseil

 
 

     Le Conseil regrette une fois de plus de n'avoir pas obtenu de Mr Boeswillwald aucun arrêté de compte et il décide de prier Mr le Juge Commissaire de s'adresser directement au Ministère des Beaux-Arts.

 

 

 
 

Le nommé Bourriou serpent cesse ses fonctions, il ne sera pas remplacé.

 
 

     Sur la proposition qui en est faite par le Bureau, le Conseil décide que le nommé Bourriou serpent cessera ses activités à partir de ce jour et ne sera pas remplacé.

 





 

Budgets 1905 & 1906 : rien à signaler

 


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Chapitre deuxième