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Transformations opérées dans l'église de Toucy
depuis l'année 1860 jusqu'à nos jours (1927)
(d'après des notes laissées par M. le Dr L. ROCHE)
par M. P. GAILLARD, Curé Doyen de Toucy
...
Embellissement de l'intérieur de l'église
... Un autre embellissement fut l'installation des anciennes orgues de la cathédrale
d'Auxerre, dont M. Dondenne s'était rendu acquéreur.
Voici leur extrait de naissance : "Jacques Amyot, évêque d'Auxerre, après la prise de la
ville par les Huguenots (1567) fit construire de nouvelles orgues. Il appela, à Auxerre, le Fr Hilaire, religieux de
Notre-Dame en l'Isle, près de Troyes, facteur célèbre de l'époque, pour fondre les tuyaux."
En achetant ce vieil instrument, mon prédécesseur aurait été tenté par la beauté et la
richesse artistique de ses deux buffets, mais il ne songea pas, sans doute, qu'il devait être bien malade, peut-être
irréparable, puisque l'architecte des Beaux-Arts en autorisait la vente.
On le plaça, au fond de l'église, sur une tribune où il fit grand effet. Confiant dans ses
multiples talents, M. Dondenne, aidé seulement de quelques ouvriers de la maison Anneessens, dirigea lui-même
l'installation des sommiers et des jeux. Quand tout fut terminé, il s'aperçut, mais trop tard, qu'il eut été préférable de
confier son vieux malade à un homme du métier. Un habile facteur aurait pu, peut-être, le prolonger et même le faire
chanter encore pendant quelques années. Il méditait une restauration plus heureuse quand il mourut le 6 avril 1912,
avant d'avoir pu réaliser son projet. Cette satisfaction devait être réservée à son successeur, M. l'abbé Gaillard, curé de
Ravières.
En effet, à peine installé à Toucy, je fus heureux de retrouver le splendide buffet que
j'avais admiré à Auxerre ; mais péniblement affecté de le voir chacher un instrument sans voix, dont on ne pouvait plus
se servir, j'eus immédiatement la pensée et le désir de le faire restaurer.
A cette intention, de concert avec les membres du Conseil paroissial, j'invitai plusieurs facteurs
à venir l'éxaminer. Après un examen minutieux, ils déclarèrent unanimement se refuser à toute restauration : "C'est
un bel instrument à refaire, disent-ils, mais non à réparer."
Devant ce refus justifié, je me résignai à leur demander un devis pour transformation
complète et l'établissement d'un orgue neuf de dix à douze jeux seulement.
Le devis de la maison Cavaillé-Coll (14 jeux et 14 000 francs de dépenses) fut
écarté par la Conseil paroissial qui retint le projet présenté par M. Regaert, facteur d'orgues à Auxerre, et dont voici les
principaux articles :
" les deux buffets, avec leurs tuyaux , seront conservés ;
" le facteur pourra utiliser le matériel de l'ancien orgue pour la construction du nouveau qui
aura 11 jeux, deux claviers manuels et ses pédaliers ;
" la soufflerie sera placée au-dessus des sommiers et à l'intérieur de l'église ;
" tout ce qui ne servira pas appartiendra au facteur. Prix :
7 000 francs. Garantie : 10 ans."
Pour couvrir les frais de cette transformation, une souscription fut ouverte et joyeusement
accueillie par mes paroissiens. Le 28 septembre 1913, l'orgue était construit à neuf et pouvait être béni solennellement
par Mgr Barillon, protonotaire apostolique, en présence d'un nombreux concours de prêtres et de fidèles. La cérémonie
fut l'occasion d'un vrai régal pour les amateurs de belle musique. Après un harmonieux discours de Mgr Barillon, M. Gouard,
lauréat du conservatoire, et Mlle Sauvage, organiste, surent mettre en valeur les richesses du nouvel instrument. Au banquet,
M. le docteur Roché narra l'histoire du ressuscité, dans une poésie pleine d'humour et d'esprit.
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P.-S. : Depuis la rédaction du mémoire précédent, de nouvelles générosités se sont manifestées en faveur de notre église.
Le 12 août 1928, une nouvelle cloche...
Ce même jour a eu lieu l'inauguration de la sonnerie électrique des cloches et de la
soufflerie mécanique du grand orgue.
Merci à nos généreux bienfaiteurs.
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