Première partie



L a    C A T H E D R A L E

Quelques mots d'histoire




Une large majorité de l'histoire des Evêques d'Auxerre et par conséquent de la cathédrale est extraite des

Mémoires concernant l'Histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse

de l'Abbé LEBEUF
Chanoine et Sous-Chantre de l'église cathédrale de la même ville
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres




          La première cathédrale d'Auxerre fut l'église construite par St PELERIN [premier Evêque de cette ville de 258 au 16 mai 303 ou 304 martyre] dans la plaine au bord de l'Yonne ; c'est seulement vers l'an 400 que l'évêque St AMATRE [Vè Evêque de 386 à 418] la transféra à son endroit actuel ; voyant que l'église consacrée du temps de saint Pélerin, sur le bord de la rivière du côté qui regardait l'orient d'hiver {c'était du côté de la porte que les anciens auteurs appelaient la Porte des Bains, ne pouvait plus contenir le nombre des fidèles qui allait toujours en aumentant, trouva le moyen de se faire céder un grand corps de logis situé dans l'enceinte de la nouvelle cité. Il avait obtenu ce bâtiment d'un riche citoyen nommé RUPTILIUS ou Rutilius. Ruptilius refusa d'abord d'accorder à l'évêque ce qu'il demandait ; mais, étant ensuite tombé gravement malade, il y vit une punition divine et s'amenda. Agrandie et embellie par les générations suivantes, la cathédrale de St AMATRE fut détruite par le feu à la fin du IXème siècle, au cours d'un grand incendie qui ravagea toute la ville.
          Le Bienheureux (que Lebeuf dit vénérable) HERIFRIED (qui, selon le langage vulgaire, devrait être prononcé Herfroy) [XLè Evêque d'Auxerre de 887 au 23 octobre 909] rebâtit l'édifice {La cathédrale, composée des trois églises de Notre-Dame, Saint-Jean et Saint-Etienne, ayant été enveloppée dans ce malheur aussi bien que la maison épiscopale, Hérifrid se proposa de la rebâtir ; et, en attendant, il se contenta d'un petit logis qu'il fit accomoder à son usage. Il vint à bout de remettre sur pied les trois églises, et la mort l'ayant prévenu, il laissa à son successeur le soin de rebâtir la maison épiscopale} et l'orna richement. Il le dota d'une tour. Il existait des cryptes au-dessous de l'église. Ce sanctuaire n'avait pas les dimensions de la cathédrale actuelle. Le portail devait se trouver à l'emplacement du transept d'aujourd'hui. Mais la cathédrale du Bienheureux HERIFRIED devait, comme celle de St AMATRE, périr par le feu. Elle fut entièrement consumée après un demi-siècle d'existence.
          Le Vénérable GUY (XLIVè évêque d'Auxerre de 933 à 961) se mit à l'œuvre pour réparer le désastre. Il voulut avoir sa sépulture dans sa cathédrale. Jusqu'à lui il n'y avait encore eu aucun évêque inhumé dans l'église cathédrale, et lui-même par humilité n'avait d'abord souhaité d'être inhumé que sous son portique. Mais le malheur de l'incendie arrivé sous son épiscopat fit changer son premier dessein : ainsi, on enterra son corps entre le choeur et la nef devant l'image du crucifix. Comme le bâtiment de l'église était alors beaucoup plus petit que n'est le nouveau qui a été commencé en 1215, le choeur finissait à peu près à l'endroit ou se trouve le petit clocher... Hélas ! le feu, une fois de plus, vint réduire son œuvre à néant (1023).
          Après le dernier incendie, l'évêque HUGUES DE CHALONS (XLVIIIè évêque du 5 mars 999 au 4 novembre 1039) entreprit la construction d'une cathédrale voûtée, {Hugues, au lieu de la rebâtir de moellon, comme elle avait été auparavant, en jeta les fondements sur le roc avec des pierres de taille ; il voulut que son enceinte fût d'une plus grande étendue, et il y fit faire les grottes ou cryptes telles qu'on les voit encore aujourd'hui sous le sanctuaire et sous la moitié du choeur [Les cryptes de la cathédrale forment un monument très-intéressant. Elles s'étendent sous le choeur entier de l'église et se composent de trois nefs à six travées avec les bas-côtés terminés circulairement et conduisant à la chapelle qui est à l'extrémité orientale. Le système de construction de ces cryptes est le plein-cintre rustique. Les piliers sont cantonnés de quatre colonnes munies d'un chapiteau taillé en bizeau et orné d'un simple cordon sur les angles. Les voûtes sont à nervures. Des baies étroites jettent un jour douteux dans les profondeurs de l'édifice. La chapelle terminale voûtée en berceau est peinte de fresques représentant le Christ à cheval escorté de quatre anges, et, au fond du cul-de-four, le Christ bénissant, entouré des animaux symboliques.Une restauration intelligente vient de rendre à ce monument sa physionomie primitive (Perriquet, éditeur, 1848)]}dans le style roman qui florissait alors et que la crypte permet d'évoquer en l'absence de renseignements certains. {L'ouvrage était déjà bien avancé} Ce n'est que de justesse qu'elle échappa à l'incendie de 1035. Elle fut aménagée et embellie par les successeurs d'HUGUES DE CHALONS sur le siège épiscopal d'Auxerre.
          Parmi eux :

Geoffroy de CAMPELLEMAN
ou de Champ-Aleman (Lebeuf)
fils d'Hugues, vicomte de Nevers. Il était surnommé de Champ-Aleman qui est un village du Nivernais, proche Anant. Il était clerc du palais du roi Henri, ce que nous appellerions aujourd'hui aumonier ou chapelain, lorsqu'Héribert (successeur d'Hugues de Chalons) obtint de ce prince qu'il fut son successeur...









(Lè évêque du 1er décembre 1051 au 15 septembre 1076) Placé sur le siège épiscopal, il tourna d'abord son attention sur l'église cathédrale ; et ayant remarqué qu'elle était dénuée de tout, il fit en sorte que son successeur ne la trouvât pas dans le même état. L'an 1075. Ce fut cette année-là qu'il arriva, à Auxerre, un incendie dans lequel la cathédrale fut enveloppée.Le pieux évêque ne perdit point courage en voyant ce malheur. Il fit faire si grande diligence pour le réparer, qu'en moins d'un an la nouvelle charpente fut montée et la couverture mise en sa perfection. Pour cet effet, on le vit veiller lui-même sur les ouvriers et leur donner ses domestiques pour les aider et avancer l'ouvrage. A l'égard du vitrage, il chargea cinq de ses officiers de ce soin, voulant que chacun d'eux fit une des cinq verrières du fond de l'église, et il pria son chapelain de se charger de la sixième et plus considérable, qui était celle de la chapelle de Saint- Alexandre. Ayant à coeur le bien et la décoration de son église, il destina quelques prébendes pour des ecclésiastiques qui sauraient des métiers : l'une, pour un habile orfèvre, l'autre, pour un savant peintre, la troisième, pour un vitrier adroit et intelligent ; et les chanoines lui en firent leurs remerciements (Les détails dans lesquels entre l'auteur de la vie de Geoffroy de Champ-Aleman sur les soins que donnait le prélat à la décoration de sa cathédrale et à sa restauration, le choix de clercs artistes qu'il dote de canonicats, tout cela indique d'une manière évidente que le clergé et les évêques eux-mêmes présidaient à la direction des travaux. Les arts tombés dans un anéantissement presque complet au Xè siècle, se relevèrent en France au XIè siècle sous l'influence de quelques prélats, en tête desquels Geoffroy de Champ-Aleman mérite d'être placé (Perriquet, éditeur, 1848)).

Robert de NEVERS, fils de Guillaume, comte de Nevers, et d'Hermengarde, comtesse de Tonnerre.





(LIè évêque de septembre 1076 au 12 février 1084) A son entrée au trône épiscopal il donna un dorsal rouge (cela signifie des tapisseries qui se mettaient aux murs du choeur ou au dos des stalles). Il fit faire une tribune pour la lecture de l'Evangile, et il y employa la somme de quatre cents sols de ce temps-là. Il fit continuer le vitrage du choeur, dont on n'avait fait que le fond du vivant de son prédécesseur. Comme les cryptes bâties par Hugues de Chalon étaient obscures, il leur donna du jour par le moyen de deux ouvertures qui servirent d'entrées. Les tours pour les cloches, qui ne s'élevaient que jusqu'au bas de la couverture de l'église, furent pareillement achevées par ses soins et à ses frais...

HUMBAUD (que Lebeuf dit vénérable)












(LIIè évêque de 6 mai 1087 à 20 octobre 1114) L'église d'Auxerre fut si inconsolable de la mort de Robert de Nevers, et la perte qu'elle avait faite en sa personne fut jugée si difficile à réparer, que le siège épiscopal resta vacant pendant trois ans (Le Gesta Pontificum ne dit que deux mots, en passant, sur les troubles qui se sont élevés à la mort de Robert de Nevers et qui ont empêché l'élection de son successeur). Ce successeur fut Humbaud, noble auxerrois...
Le détail de tout ce qu'il fit pour l'embellissement de son église cathédrale est de longue étendue. Il la fit recouvrir à neuf : il fit élever une flèche de charpente sur la tour qui était alors au-dessus de la chapelle de Saint-Alexandre : et, à l'égard de l'autre tour qui était bâtie au-dessus du choeur, il la fit voûter de grosses pierres, pour éviter les accidents qui auraient pu arriver aux cloches. Il fit faire un vitrage très-beau aux quatre fenêtres qui éclairaient le grand autel, aux deux qui donnaient sur le choeur, et à vingt trois autres fenêtres de la nef. Il donna cinq chandeliers d'une hauteur prodigieuse, où l'on devait placer des cierges pour éclairer, pendant la nuit, le clergé et les fidèles qui venaient à l'office... des tapisseries diverses... Il mourut dans un vaisseau brisé par la tempête, lors du retour d'un voyage à Jérusalem.

Guillaume de TOUCY, frère de Hugues de Toucy, archevêque de Sens, fils de Girard de Narbonne, qui a été le premier surnom des barons de Toucy...




(LVIè évêque du 2 juillet 1167 au 28 février 1181) ... Il partit pour Rome, à dessein de reconnaître pour pape Alexandre III ; il fut le premier évêque de France qui fit cette démarche.
Ce qu'il fit pour la décoration de son église cathédrale est digne d'attention. Il la fit revêtir, par dehors, d'un entablement de pierre ; il fit refaire à neuf le pignon de devant et celui de derrière, avec les vitrages qui en dépendaient. Il fortifia la tour méridionale, et la fit recouvrir de tuiles au lieu de bois ; il renouvela entièrement la couverture de tout le bâtiment, tant en poutres et en chevrons qu'en tuiles plombées qu'il fit employer pour plus grande sûreté. Il fit des présents au trésor...

Hugues de NOYERS, fils de Miles, seigneur de Noyers...

(LVIIè évêque du 13 mars 1183 au 29 novembre 1206) ... On lui attribue plusieurs décorations faites au bâtiment, comme d'avoir agrandi les fenêtres du frontispice de l'église, pour la rendre plus claire, d'avoir élevé le pavé de l'église en faisant apporter des terres et d'avoir refait ce pavé tout à neuf...

          GUILLAUME DE SEIGNELAY (LVIIIè évêque d'Auxerre de mi février 1206 {quoiqu'en France on ne comptât encore alors que 1206, parce que l'année n'y commençait qu'à Pâques, on comptait à Rome 1207 depuis le premier jour de janvier} à 1220 {mort le 23 novembre 1223}) voyant que de tous côtés on rebâtissait les églises cathédrales, ménagea une somme d'argent pour rebâtir la sienne qui menaçait ruine en quelques endroits dans le nouveau goût (gothique). Il fit commencer à détruire l'ancienne du côté de l'orient, l'an 1215. On n'eut pas besoin de jeter de nouveaux fondements ; ceux qui avaient été assis sur le roc, sous l'épiscopat d'Hugues de Chalon, environ deux cents ans auparavant, furent trouvés solide et excellents ; mais comme on jugea que l'espace de l'église souterraine, qui se trouvait toute faite, pouvait servir à régler la largeur de celle qu'on allait élever au-dessus, on ne crut pas devoir prendre d'autres dimensions, et on se contenta de l'élever beaucoup plus que n'avait été la précédente. C'est ce qui a été cause que l'édifice parut un peu étroit, quant aux bas-côtés, lorsqu'il fut achevé. Toute l'église inférieure ayant donc été conservée en son entier, quant aux piliers du dedans et aux cintres de la voûte, on vit avancer considérablement dans l'espace d'un an l'ouvrage de la nouvelle. L'évêque y employa, pour cette première année, sept cents livres. Les années suivantes il donna souvent, par chaque semaine, dix livres ou au moins cent sous... Moyennant les aumones et les offrandes des peuples, avec tout ce que purent produire les quêtes faites dans son diocèse et dans les diocèses voisins, l'ouvrage continua d'avancer dans un goût qui fut trouvé d'une grande délicatesse. Quelques évènements parurent tenir du miracle dans le temps de la démolition de l'ancien choeur. La tour méridionale, manquant de son appui ordinaire, tomba sur celle qui était vers le septentrion, sans que personne fût écrasé, par les précautions qu'on avait prises, et une demi-heure après cette dernière tomba d'elle-même sans autre accident. Pour preuve de miracle, aucune des cloches qui étaient dans ces deux tours ne fut cassée, les deux jubés, qui étaient adossés à l'un des piliers angulaires de ces tours, ni les autels qui étaient sous chacun, ni la croix placée sur le jubé septentrional, ne furent presque pas endommagés, non plus que les châsses qui étaient sous l'autel de l'un de ces jubés. Plus d'un mois après on retrouva sous les ruines, au milieu du choeur le volume qui contenait la règle d'Aix-la-Chapelle et le martyrologe, avec quelques livres graduels sains et entiers, quoique le coffre qui les renfermait eût été brisé en pièces. Cette chute arriva, l'an 1217, le dimanche de devant le commencement des offices de l'Avent, sur l'heure de midi [Le récit de cet évènement présente des détails intéressants. On y voit la situation des deux tours de l'ancienne église ; elles étaient placées aux deux côtés du choeur et assez rapprochées, puisqu'elles étaient alors étayées l'une contre l'autre. Leur chute avait été annoncée par des signes précurseurs. Les chanoines, célébrant l'office au-dessous, effrayés du danger appelèrent le maître des oeuvres. Celui-ci, dont le nom a été malheureusement omis, garantit la solidité des tours et reprit même un de ses ouvriers qui prédisait leur chute prochaine. Cependant, pressé de nouveau, il finit par déclarer qu'il ne répondait de rien ; aussitôt le Chapitre quitta la cathédrale et se retira dans l'église Notre-Dame-de-la-Cité qui était voisine (Perriquet, éditeur, 1848)]. Au reste, il n'y a rien d'absolument merveilleux, ni qui n'eût pu arriver sous un autre évêque, si dès lors on eût affaibli le soutien de ces tours.
Le prélat fit d'autres dons à l'église de Saint-Etienne.
Et ces travaux durèrent jusqu'au milieu du XIVème siècle.
           D'AYMERIC GUENAUD (LXXè évêque d'Auxerre du samedi des Quatre-Temps de l'Avent de l'an 1331 au 15 février 1338)
... Le commencement de son épiscopat ne fournit aucun acte important, il n'y paraît de remarquable que la consécration du grand autel de la cathédrale, en 1334 ; encore ne l'apprend-on que par l'apostille d'un catalogue manuscrit des évêques d'Auxerre. Il consacra aussi, en 1338, l'autel appelé de la Comtesse, au fond du sanctuaire. D'où il resulterait que, jusqu'à son temps, la chaire de pierre, placée depuis au côté droit du sanctuaire, aurait été dans ce fond conformément à la bonne antiquité, et qu'on la déplaça alors pour construire ce nouvel autel ; mais on est sûr, d'ailleurs, qu'il existait au XIIIè siècle un autel de la Comtesse. On a aussi lieu d'inférer que vers le temps de son arrivée, il fit la dédicace de l'église ; au moins cette dédicace ne paraît marquée dans les calendriers du diocèse, que depuis son épiscopat, sous lequel l'année 1335 est la seule où le neuvième juillet ait tombé un dimanche. Mais comme on dédiait les églises les jours de férie aussi bien que les dimanches, rien n'empêche absolument de croire que l'église entière n'ait été dédiée, en 1334, un samedi neuvième juillet [Malgré le silence des chroniqueurs sur les grands travaux de la construction de la cathédrale, après sa fondation par Guillaume de Seignelay, l'oeuvre n'en avait pas moins avancé pendant les temps pacifiques du XIIIè siècle et du commencement du XIVè, grâce aux sacrifices des évêques et du Chapitre, et aux aumônes abondantes des peuples. On avait élevé successivement le choeur tout entier, ce chef d'oeuvre de l'art ogival, les parties basses du grand portail et surtout la porte de droite avec les piliers de l'entrée de la grande nef, les transsepts intérieurs et probablement le portail sud, et enfin le soubassement des murs d'enceinte d'une grande partie des nefs collatérales. Les traces de la cérémonie de dédicace se voient encore sur les deux piliers d'entrée de la nef et sur les quatre piliers des transsepts. (Perriquet, éditeur, 1848)].

           PHILIPPE DES ESSARTS (LXXXVè évêque du 22 février 1410 au 14 octobre 1426)
Pendant son épiscopat, l'édifice du portail de l'église cathédrale, du côté de l'évêché, fut commencé en 1415, et ensuite continué par les libéralités de Jean de Molins, chantre et chanoine, et celles des fidèles.Quelqes-uns ont cru y apercevoir lescarmoiries de Philippe des Essarts, qui sont trois croissants {on voit un écu chargé de trois écussons, mais il est impossible de le déchiffrer aujourd'hui [Perriquet, éditeur]}.

           JEAN BAILLET (LXXXXè évêque du 15 mai 1478 au 10 novembre 1513)
... il contribua notablement pour achever le portail septentrional de la croisée de l'église, et pour avancer la tour méridionale du grand portail, qui est restée imparfaite {les travaux de construction des tours du grand portail avaient commencé en l'an 1500. Le Chapitre s'était imposé du sixième de son revenu pour faire avancer l'oeuvre... on lit sur la cage de l'escalier de la tour du nord, à des hauteurs différentes, les dates de 1525, 1530 [Perriquet, éditeur].} On voit ses armoiries en l'un et l'autre endroit. Il fut le premier qui rendit utile à l'église d'Auxerre la nouvelle invention de l'imprimerie ; il fit imprimer le Missel et le Bréviaireà l'usage du diocèse.

Armoiries de Jean Baillet
Armoiries de Jean Baillet

           FRANCOIS DE DINTEVILLE, 1er du nom (XCIè évêque du 3 mai 1514 au 29 avril 1530)
... C'est avec raison qu'on a vanté les ornements que François de Dinteville donna à son église cathédrale. Ils éclataient en or et en pierreries, et certainement aucune église de France n'en avait alors de plus beaux [Si ce n'est peut-être la Sainte-Chapelle de Bourges]. Ils furent depuis la proie des calvinistes [Les huguenots s'emparèrent du trésor de la cathédrale en 1567...]. Les orgues qu'il fit construire proche la grande porte de l'église (mais ceci est une autre histoire contée sur ce site [l'auteur]...
Pour ce qui est du jubé... le goût de la nouvelle structure de ce temps-là ne mérite pas d'être suivi ; outre ce défaut dont on ne pouvait pas répondre alors, il pêche essentiellement en ce qu'il traverse tiute la face du choeur {L'abbé Lebeuf apprécie avec le goût d'un vrai archéologue la disposition malencontreuse de ce jubé. On ne doit pas être étonné si ses confrères l'ont fait disparaître. - Le bon chanoine,auteur de la vie de l'évêque, regardait ce jubé comme le plus beau de France, et ajoutait : "Miro lapidum tabulatû, raro artificio elegantique et..."(N. d. N.)}

Armoiries de Dinteville I & II
Armoiries des Dinteville oncle & neveu

           FRANCOIS DE DINTEVILLE, 2è du nom (XCIIè évêque du 4 mai 1530 au 27 septembre 1554)
... Si ce prélat fit décorer les piliers de l'église d'images en relief, comme le Chapitre le lui avait permis en 1543, il en est resté peu de choses, peut-être parce que les calvinistes jetèrent à terre ce qui avait été fait pas ses ordres. Les deux portes collatérales des ailes du choeur étaient ornées de figures différentes de celles qu'on y voit aujourd'hui ; à l'une des deux était représentée l'histoire de la visitation de la Sainte-Vierge. Ces figures pouvaient venir de lui, aussi bien que celles qui étaient dans la chapelle de Saint-Georges, au-dessous de l'endroit où l'on voit encore les armoiries de sa famille... On doit croire qu'il contribua à l'abolissement du jeu de la Pelotte, qui se pratiquait l'après-midi du jour de Pâques, dans la nef de la cathédrale [Mercure de France, mai 1726, p. 911 {Le jeu de la pelotte ou de la balle, dégénéré d'un vieil usage grave, d'un hommage symbolique rendu au Chapitre par le chanoine nouvellement élu, avait fini par transformer, le jour où il se célébrait, la nef de la cathédrale en une sorte de jeu de paume. (N. d. N.)}]
Son portrait est tiré dans des tableaux d'églises, dont la lapidation de saint Etienne, conservé sur l'autel de la chapelle de Saint-Alexandre au fond de l'église cathédrale (époque Lebeuf, à côté de la sacristie, dans le déambulatoire, époque actuelle)
- C'est sous l'épiscopat des évêques du nom de Dinteville que furent reconstruites un grand nombre d'églises des paroisses du diocèse. Les grands travaux de la cathédrale avaient amené dans la pays des maîtres-des-oeuvres, des sculpteurs, des maçons, qui répandirent leurs oeuvres de tous côtés. On remarque surtout au sud-ouest d'Auxerre une suite d'églises qui semblent coulées dans le même moule, à la richesse près. C'est le style ogival flamboyant complet. Les dais, les clochetons, les feuillages contournés, les moulures prismatiques annoncent la première moitié du XVIè siècle, en même temps que la décadence et la fin de ce style d'architecture qui devait fleurir avec le moyen-âge et mourir avec...

           ROBERT DE LENONCOURT (XCIIIè évêque du 4 mars 1556 au 29 mars 1558, auquel on comptait à Rome 1559)
Le Chapitre lui députa à Régennes, le onzième jour d'août {1557}, trois dignités pour le remercier de lui avoir procuré la permission d'une coupe de deux cents arpents de bois dans la forêt de Merry [Cette coupe servit aux travaux de la tour de la cathédrale {Le Chapitre publia en 1556 une pancarte contenant l'énumération de toutes les indulgences accordées par les papes et par les évêques d'Auxerre, pour l'achèvement de la cathédrale. Il la fit suivre de l'approbation de Mgr de Lenoncourt ; c'était le moyen usité alors pour la construction de ces vastes et admirables basiliques. (Perriquet, éditeur)}]

Armoiries des Lenoncourt
Armoiries des Lenoncourt

           PHILIPPE DE LENONCOURT (XCIVè évêque du 22 octobre 1558 à l'automne 1562)
... (Réception de l'évêque) Le Chapitre en chapes reçut le pontife à la grande porte de l'église qui était fermée, et le doyen l'ayant harangué, lui fit prêter le serment accoutumé ; après quoi le délégué de l'archidiacre le fit entrer, disant Ingredere igitur benedicte Dei, et on chanta le Veni Creator. Etant arrivé au choeur, il lui présenta une des cordes du petit clocher, avec une formule aussi nouvelle que la présentation de cette corde [Selon les anciens procès-verbaux, c'était une corde de sonnette que l'évêque tirait à la grande porte de l'église pour la faire ouvrir. Il faut observer ici que les cordes du petit clocher de la cathédrale d'Auxerre aboutissent à l'aigle du choeur, comme dans la cathédrale de Chartres].

           JACQUES AMYOT (XCVIè évêque de mars 1571 au 6 février 1593)

Armoiries d'Amyot
Armoiries de Jacques Amyot

           FRANCOIS DE DONADIEU (XCVIIè évêque du 18 avril 1599 à 1625)
... En 1606, il paya la fonte de la seconde cloche de la tour, et huit ans après, celle de la grosse cloche.
[Voici l'inscription de la plus grosse de ces deux cloches, qui est rapportée dans un registre capitulaire de 1786.
Haec me sacra domus fecit, praesulque refecit,
Numen et ambo meo perferam astra sono.
Franciscus de Donadieu episc. Autiss. hoc tympanum
Pondo X. M., impensis capituli primo constatum, confractum
Suis expensis dono refici curavit. an 1614.

La seconde, dont le poids n'est pas connu, portait les armes de M. de Donadieu et la date de 1606.](Perriquet, éditeur)

Armoiries de Donadieu
Armoiries de François de Donadieu

           PIERRE DE BROC {connu sous le nom d'abbé de Saint-Mars}(Cè évêque de janvier 1639 au 7 juillet 1671)
... Il donna aussi alors une bonne partie de ce qui fut nécessaire pour refaire à neuf le pavé du choeur, dont les tombes épiscopales avaient été défigurées et brisées dans les guerres de la religion.

Armoiries de Broc
Armoiries de Pierre de Broc

           NICOLAS COLBERT (CIè évêque du 27 janvier 1671 au 5 septembre 1676)

Armoiries des Colbert
Armoiries des Colbert

...


           JEAN-BAPTISTE-MARIE CHAMPION de CICE (Evêque du 14 des calendes de mars 1760 au 16 novembre 1805 "dans l'émigration", à Halbertadt, en Prusse, dans le couvent des Franciscains où il fut enterré).
Pendant les premières années de l'épiscopat de M. de Cicé, le Chapitre cathédral occupa l'activité de ses principaux membres à des choses plus utiles et plus durables que les misérables querelles qui l'agitaient sous M. de Condorcet...
Dès 1744, frappé des difformités considérables que les constructions parasites causaient dans son église, le Chapitre avait fait abattre le grand jubé qui coupait la vue du choeur, et l'avait remplacé par deux petits ambons placés de chaque côté des piliers d'angle. Le projet de décorer le sanctuaire de la cathédrale dans le goût moderne, était depuis longtemps dans l'esprit des chanoines. M. de Cicé, consulté, y avait donné son approbation. Après de mûres délibérations, on adopta un plan général de décorations fait par M. Ledoux, architecte. Tout en détruisant plusieurs monuments d'antiquité regrettables [On vendit en 1776 les magnifiques tapisseries données par l'évêque Baillet, et que Louis XIV avait admirées. Elles ne servaient plus depuis les nouvelles dispositions du choeur. Elles furent achetées par l'Hôtel-Dieu qui les possède encore], et notamment plusieurs tombeaux, nous devons louer le Chapitre de la sobriété et de la simplicité qui présida aux travaux exécutés de 1767 à 1772. On éleva alors les belles grilles du choeur et des bas-côtés, le maître-autel et l'autel des fériés qui est derrière. Les anges qui portent les candélabres du maître-autel furent l'objet de longs et vifs débats...
Les chapelles des transepts furent également restaurées...
Le Chapitre avait fait démolir aussi, en 1768, l'énorme statue de St Christophe qui s'élevait à l'entrée de la nef {voir par ailleurs}.
Tandis que le Chapitre faisait ainsi travailler dans sa cathédrale, l'église de Saint-Germain tombait en ruines !

Armoiries de Champion de Cicé
Armoiries de Champion de Cicé

Voici à peu près l'ordre de construction de l'édifice :
— le chœur fut achevé à la fin du XIIIème siècle ; on jeta à cette époque les bases de la tour sud.
Le croisillon méridional du transept ainsi que la nef, sans les voûtes sont l'œuvre du XIVème siècle ;
— les bas-côtés ont été achevés vers 1350 ;
— le croisillon septentrional du transept, la façade et les voûtes de la nef au-dessus du portail sont du XVème siècle ;
— la tour nord ne vit son achèvement qu'en 1547 ;
— la tour sud ne fut jamais achevée, faute de ressources ;
          L'entrée des protestants dans la ville (27 septembre 1567) vint tout arrêter. Les protestants multiplièrent les dépradations dans la cathédrale à peine achevée.
          L'épiscopat d'AMYOT se passe à relever les ruines, et le XVIIème siècle porta ailleurs ses préoccupations.
          Hélas, la révolution allait marquer douloureusement son passage dans la cathédrale. En 1794, la cathédrale devient le Temple de la Raison. On y célébrera des cérémonies sacrilèges. La tombe de Jacques AMYOT fut profanée. Les vitraux du XIIIème siècle et le bas relief de St ETIENNE mourant échappèrent de justesse à la destruction.
          En 1795, les catholiques reprirent leur église. Mais l'accalmie n'était que de surface et, en 1797, la persécution reprit plus violente que jamais. La cathédrale devint le Temple de la Fraternité (Fructidor, an VI).
          Au XIVème siècle, la cathédrale subit diverses transformations. On fit disparaître les peintures du siècle précédent. VIOLLET-LE-DUC restaura le déambulatoire et la crypte. En 1927, les vitraux furent restaurés et remis autant que possible dans leur ordre chronologique. Ils ont été mis à l'abrit au cours de la dernière guerre. Leur pose a été considérablement ralentie le 4 août 1947 par une grêle très violente qui a endommagé ceux qui étaient déjà remis en place. A la réfection de ces dégâts les verriers ont travaillé plus d'une année (1948).
          Le propos de ce site n'est pas l'histoire de la cathédrale et il a fallu la limiter à l'essentiel. L'édifice est important et des ouvrages fort complets ont été publiés. La cathédrale d'Auxerre est à la fois le monument le plus vénérable et le plus remarquable de l'Auxerrois ; son histoire est l'Histoire même de l'Art Français, dont les différents styles, du XIème au XVIème siècle, se superposent sans se heurter.


Les voûtes ont une hauteur de 34,65 m au transept,
33m au choeur et à la grande nef dont la largeur
est de 13 m ; les bas-côtés ont 6 m chacun, ce qui
fait 25 m pour la largeur totale de l'église sans
compter les chapelles. La longueur de la cathé-
drale à l'intérieur est de 100 m.


La presque totalité des faits historiques ci-dessus est tirée de l'Abbé LEBEUF dans ses
MEMOIRES concernant l'Histoire civile et ecclésiastique d'AUXERRE et de son ANCIEN DIOCESE
dans une réimpression de l'édition d'Auxerre-Paris -1848-1855-, de 1978.







Musique religieuse
Notes d'art et d'histoire
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