LES ORGUES

de la Cathédrale

d'Auxerre



Première partie

Chapitre premier

...

     ... Tandis qu'à Mayence apparaît, en 826, le premier orgue de pays franc... 1
...

     On peut faire remonter la trace des premiers instruments joués à la cathédrale Saint Etienne d'Auxerre à l'époque de François 1er de DINTEVILLE, 41ème évêque d'Auxerre (1513-1580).
     D'illustres historiens, dont l'abbé LEBEUF, chanoine et sous-chantre de l'Eglise Cathédrale, de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, donnent des versions contradictoires de mêmes faits , dont il sera question plus avant.
     Cependant dans ses

Mémoires concernant l'histoire ecclésiastique et civile d'Auxerre
-tome second-

contenant les actions des
"Comtes d'Auxerre, ou des Gouverneurs de l'Hotel de Ville d'Auxerre"

on peut extraire du
"Catalogue des Dignités Séculières de la Ville, des Ecrivains Auxerrois et des Illustres du pays"

un
"Catalogue des Anciens Gouverneurs de l'Hotel de Ville d'Auxerre".

Dans un paragraphe concernant les comptes de 1379 par Guillaume du VAL DE MARCY, un renvoi précise :
"On y lit qu'il y avoit un jeu d'orgue appartenant à la ville, dont on toucha à l'arrivée du Roi."
     Il s'agit là, sans doute, d'un orgue portatif destiné à des musiques profanes, aucun document ne nous renseignant sur une utilisation religieuse dans la cathédrale ou les autres églises de la ville.
     Cette année 1379 est la plus ancienne, dans l'état actuel de mes recherches (1997 pour cette tranche d'histoire), à laquelle on peut remonter pour faire mention d'orgues, lesdites recherches ne portant, pour le présent ouvrage, que sur la cathédrale, d'autres étant en cours pour les autres églises de la ville, voire parallèlement du département.
     Il est admis, que le premier orgue de la cathédrale fut installé en 1529 (1520 ?). Or, et toujours dans les

"Mémoires"

de l'abbé LEBEUF (dans le tome II), aux

"Mémoires historiques sur les évêques d'Auxerre"

une cinquième partie contient

"Les actions de onze évêques qui ont siégé depuis l'an 1514 jusqu'en l'an 1576"

du chapitre I relatif à

"François 1er de DINTEVILLE"

cité plus haut, l'extrait
"... C'est avec raison qu'on a vanté les ornements que Fran-
"çois de DINTEVILLE donna à son église cathédrale. Ils éclataient
"en or et en pierreries, et certainement aucun édifice de France
"n'en avait alors de plus beaux (si ce n'est peut-être la Ste
"Chapelle de Bourges). Ils furent depuis la proie des Calvinistes
"... Les orgues qu'il fit construire proche la grande porte de
"l'église coûtèrent beaucoup...".

     Le texte ne donne pas de date, mais dans la marge d'où est prélevé ce passage, deux dates précisent la période concernée, ce sont les années 1513-1530 (Edition de 1831).
     Cependant et, dans le même ouvrage un nom vient remettre en cause cette affirmation, bien que ne parlant pas des orgues :

"Chrestien MAILLARD, qui avoit été maître des enfants de
"choeur, en 1497, puis organiste, en 1499, était chanoine et sous-
"chantre au mois de décembre 1513, lorsqu'on indiqua le jour pour
"choisir un évêque après la mort de Jean BAILLET. On le retrouve
"dans les registres de 1523 et 1524."


     Une étude parue dans le

"Bulletin de la Société des Sciences"

de 1898 - 52ème volume :

"L'Evêque d'Auxerre et le Chapitre cathédral"

mentionne :
"... l'évêque François 1er de DINTEVILLE fit construire en
"1529 l'orgue auprès de la grande porte de l'église sous la pre-
"mière arcade à gauche en entrant. La pose de ce buffet nécessita
"la destruction de deux chapiteaux qui n'ont pas été refaits de-
"puis."
"... cet orgue subsista jusqu'en 1745 ou par une conclusion du 21 juillet il fut arrêté qu'il serait détruit 'parcequ'il périssait de vétusté'".

Il faut attacher une certaine attention à cette date dont il sera fait mention plus loin.
     Abel MOREAU, historien contemporain local, relate la suite des événements dans son livre :

"La Cathédrale d'Auxerre"

"Le 27 septembre 1567, les Calvinistes s'emparèrent d'Auxer-
"re, livrèrent la ville au pillage, s'acharnèrent sur la cathédrale,
"brisèrent les statues qui ornent les portails, les autels, les vi-
"traux, brûlent les stalles, montent à la tour et font choir les
"sept grosses cloches, enlèvent dans l'église les tombes de cui-
"vre, les colonnes du sanctuaire, les chandeliers, bénitiers,
"creusant sous le pavé où ils pensent trouver des trésors, empor-
"tent les tuyaux des orgues, arrachent les grilles, forcent les
"portes du trésor et s'emparent de tous les objets précieux...
"Jacques AMYOT, le pacifique évêque d'Auxerre, devait consacrer
"ses efforts à réparer les dégâts, dont beaucoup, hélas ! étaient
"irréparables".



M. LEBLANC-DAVAUD, en 1871 dans

"Recherches historiques et statistiques sur Auxerre, ses monuments et ses environs"

(Recherches sur les édifices. -paragraphe 8 sur les

profanations et la restauration de cette église)

cite

"LEBEUF : Prise d'Auxerre"

"L'ancien jeu d'orgue, qui garnissait toute la largeur de la
"nef, contre le grand portail, fut détruit entièrement, celui que
"l'évêque AMYOT a fait établir contre le portail méridional, ne
"peut lui être comparé".


Premier orgue ?
          Des détails nous sont donnés dans l'

"Histoire de la prise d'Auxerre par les Huguenots et de

la délivrance de la même ville"

par un chanoine de la cathédrale d'Auxerre. 17.. (S'agit-il de l'abbé LEBEUF ?)
"Les Huguenots emportèrent les tuiaux des orgues au nombre de
"sept mille et en brisèrent l'étui qui était l'un des plus magni-
"fiques du Royaume".

     Cette relation inspire trois reflexions :

* il ne peut être question de l'abbé LEBEUF qui écrit que le buffet n'a pas été détruit, en ces termes :
"... les Huguenots profitèrent depuis des tuiaux et n'y lais-
"sèrent que le buffet qui subsiste...".

** ensuite, il y a polémique au sujet des 7000 tuyaux, certains pensant qu'il est question de 700, d'autres que 7000 tuyaux pouvaient constituer un jeu unique, sorte de grand plein-jeu. Je ne trancherai pas dans ce débat, les deux hypothèses ayant ici leurs arguments : pour les 7000, l'abbé LEBEUF dit précédemment :
"l'ancien jeu d'orgue qui garnissait toute la largeur de la nef..." et puis ces grands plein-jeu n'étaient pas rares à cette époque, mais il n'est pas question ici de faire une histoire de l'orgue ; d'autre part, contre les 7000, le fait qu'il est habituel d'éxagérer dans des relations de ce genre, et aucun document d'archives ne mentionne d'orgue au-dessus du grand portail, mais seulement :
"... sous la première arcade à gauche en entrant."
enfin tout ce que l'on sait de cet orgue est qu'il contenait 14 jeux. Les partisans des 700 tuyaux diront que le compte peut être fait facilement :
clavier de 50 touches X 14 jeux donnent 700 tuyaux. Or, rien ne précise l'étendue des claviers, ni la composition des jeux et il n'est pas tenu compte du pédalier éventuel ;
*** le buffet de l'orgue subsista jusqu'en 1745 comme déjà écrit, ce qui constitue une autre contradiction.
     Dans les pièces justificatives de l'ouvrage ci-dessus, au chapitre

"Catalogues des principaux bienfaiteurs et restaurateurs

des églises d'Auxerre, depuis la spoliation arrivée en 1567"

à l'

article I :

de l'église Cathédrale :

"Messire AMYOT qui prit possession de l'évêché d'Auxerre en
"1571... fit aussi faire en 1591 toute la boiserie des nouvelles
"orgues, qu'on plaça au coin du choeur, et fournit à la dépense
"des tuyaux qui furent fondus par Frère Hilaire..."

     L'abbé LEBEUF dans la suite de ses

"Mémoires"

indique pour 1576 :
"En même temps que les ouvrages (l'église ayant besoin d'être
"bénie de nouveau 'à cause des profanations horribles que les Hu-
"guenots y avaient commises' le nouveau prélat commençat par là
"aussitôt après son arrivée...) se firent en bois, en cuivre, en
"pierre, l'évêque AMYOT songea à la construction d'un nouveau
"jeu d'orgues qu'il avait dessein de placer au coin du choeur. Il fit
"venir pour la confection des tuyaux, le Frère Hilaire, religieux
"de Notre-Dame en l'Isle, à Troyes, de l'Ordre du Val des Ecoliers
"qui passait pour très expérimenté."

     A nouveau deux dates : 1591 et 1576... Le bon évêque eut beaucoup de problèmes et le Chapitre se mit à contester ses réalisations et leur coût. On peut voir dans les documents qu'il a répondu à ses détracteurs et s'est justifié.



     Pour clore ce premier chapitre, une dernière référence :

Description générale et particulière du Duché de Bourgogne

Tome VI

Dijon

Causse 1781

p. 659 ou

Tome quatrième

Dijon

Victor Lagier 1848

p. 315

Eglise cathédrale

     Il est dommage que des deux tours à côté du grand portail de St Etienne, il n'y en ait qu'une de finie, ayant 183 pieds de hauteur, et que le buffet d'orgue ait été placé en 1768 à la porte latérale du midi, faute de fonds suffisants pour le mettre à la grande porte où il avait été posé par François d'Inteville en 1520.


1Ernold Le NOIR Poèmes sur Louis le Pieux. Epïtres au roi Pépin. Budé Paris, 1937 p. 193, note 1 dans : LA VALLEE D'AILLANT dans l'histoire des origines à nos jours Tome 4 Abbé A-J NOIROT



Corbeaux de l'ancienne tribune ?

La porte de l'ancienne tribune

Les chapiteaux non refaits

Retour

Chapitre deuxième

Chapitre troisième