|
|
ADY G 1824
Dans l'inventaire du 2 7bre 1790 fait par M. Girard commissaire en cette
partie...
...
Dans la nef et les bas-côtés du choeur
161. 50 bancs portatifs
162. 300 chaises en paille
163. 1 orgue
...
Dans la tour
165. 4 cloches dont 2 grosses et deux moyennes
...
Dans le clocher
166. 3 petites
Déclaration que le chapitre de ladite Eglise d'Auxerre fait du mobilier de
lad.Eglise pardevant MM les Officiers municipaux de la même ville, en exécution des lettres patentes du
Roi en date du 18 9bre 1789 et transcrites le 27 dud.mois au parlement.
...
Instruments de musique
1 clavecin
2 basses
1serpent
1 basson
La révolution trouva l'orgue en parfait état, et s'en accommoda fort bien.
Les organisateurs des fêtes républicaines qui voulaient rendre ces fêtes aussi pompeuses que possible
ne manquaient pas de s'en servir. C'est sûrement à "ce service" ou à "ses services" qu'il
fut de demeurer intact et de reprendre, en 1795, sa destination première. Cependant lorsque des jours
moins agités laissaient aux fidèles l'usage de l'antique édifice que leurs pères avaient élevé à la
gloire de Dieu , l'orgue redisait les chants sacrés d'autrefois, qui s'éteignaient de nouveau, quand
les Jacobins, reprenant le pouvoir, venaient à leur en interdire l'accès.
L'église fut fermée du 1er décembre 1790 au 15 janvier 1791 pour empêcher
la continuation de l'office canonial. Le culte fut exercé jusqu'en novembre 1793. A partir du 1er janvier
1794, elle fut affectée à la célébration des fêtes nationales et décadaires. Cette situation dura
jusqu'au 29 mars 1795, époque à laquelle elle fut violemment reprise par les catholiques qui en restèrent
maîtres jusqu'au 5 novembre 1798. Les Jacobins se servirent de l'église espérant donner ainsi plus de
pompe aux fêtes décadaires, et y ramener le peuple qui les abandonnait ; ils la possédèrent jusqu'au
17 nivôse an VIII (7 janvier 1800), date d'un arrêté de l'Administration municipale, qui mit en jouissance
partielle de l'église les fidèles de la paroisse.
Quel chagrin ce dut être pour le vénéralbe organiste du Chapitre Joseph
PALAIS, d'être témoin d'une telle profanation. En 1790 il était âgé de 84 ans, et tenait l'orgue depuis
1734 ; ce qui lui faisait 56 ans de service. Il allait prendre sa retraite avec une petite pension que,
selon l'usage, le Chapitre lui aurait servi. Ce fut l'Etat qui la lui paya. Le Directoire du département
appelé par la loi à en fixer le montant, se montra généreux, lui sachant gré, porte l'arrêté, "de ce
qu'il avait eu l'honneur d'enseigner les premiers rudiments de la musique à Jean-Jacques ROUSSEAU".
Il l'éleva à 800 livres. C'était beaucoup plus qu'il ne recevait quand il exerçait ses fonctions ; le
traitement de l'organiste était de 7 livres par semaine, avec droit aux distributions manuelles. La place de
l'organiste était à la nomination du Chapitre et n'était donnée qu'après concours. Cet usage a été continué
après la Révolution.
Après la réorganisation du culte, le premier titulaire fut un nommé
SERGENT, qui quitta la ville en 1813 après 10 ans de fonctions. Pour le remplacer on ouvrit un
concours, le 2 septembre de cette même année, dont les juges furent choisis parmi les musiciens amateurs
de la ville. Les membres du Conseil de Fabrique occupaient le banc d'oeuvre. Trois candidats de présentèrent :
- KOLBACHER, organiste de St-Etienne de Sens,
- François PREVITY et
- Joseph SUSTIGUE, ces deux derniers, espagnols.
Le premier ayant été reconnu supérieur aux deux autres fut reçu aux
appointements de 120 francs par an, ou 240 en se chargeant des réparations d'entretien de l'orgue. Kolbacher
quitta la ville le 20 avril 1816 et fut remplacé par Mme BARROIS à laquelle succéda en 1872 Mr
LYON, professeur de musique distingué, (qui exerçait encore en 1898) et qui s'ingénia à tirer le
meilleur parti possible de l'instrument très défectueux qui lui est confié.
En 1898, l'étude (ci-dessus) faite par la Société des Sciences de l'Yonne
poursuit ainsi sur l'orgue, sa pyramide et leur emplacement :
"Grâce à Dieu ce monstrueux appendice attaché aux flancs
"du transept est appelé à disparaître dans un avenir très rap-
"proché. Mr l'abbé PINÇON curé de l'église cathédrale, que la So-
"ciété est heureuse de compter parmi ses nouveaux membres, a entre-
"pris, en faisant appel à la générosité de ses paroissiens, et de
"ceux qui aiment à favoriser l'epansion de l'art, d'établir de
"nouvelles orgues au-dessus de la porte principale. Puisse un
"prompt succès couronner ses efforts".
Le Maître Paul BERTHIER s'attache à retracer l'histoire de l'orgue et
Mr l'abbé LALLEMAND Maître de chapelle de la cathédrale de Sens s'est servi des notes manuscrites confiées
par le fils de Paul BERTHIER, Mr Jacques BERTHIER.
... Le buffet admirable qui était là, se trouve à l'é-
glise de Toucy (Yonne). Il est du plus pur style Louis XIV. Ce
nest donc pas le buffet offert par Jacques AMYOT -il n'a d'ail-
leurs pas de vanteaux. Ce n'est pas non plus ce qu'on aurait
construit en 1767. Il y eu donc à mon avis, une réfection entre
temps dont on ne trouve plus trace.
Par la suite, l'orgue fut encore augmenté : on voyait
de gros tuyaux en dehors du buffet. Dans la chapelle où le nouvel
orgue est maintenant établi, on avait fait un étage, à la hauteur
de la tribune, sur lequel se trouvaient les soufflets et, je crois bien,
encore quelques jeux...
En 1900, l'orgue était dans un état lamentable et Mr
l'archiprêtre Pinçon décida de le refaire. Des divers projets qui
lui furent soumis, le comité présidé par mon oncle Georges
BERTHIER retint celui du belge ANNEESSENS, offrant un orgue très
complet et à un prix fort modéré. Anneessens ne gardait rien de
l'ancien orgue, faisant place nette, et utilisant le système tu-
bulaire pneumatique, encore peu répandu. Les travaux furent menés
rapidement par Oscar REGAERT, qui plus tard s'installa à Auxerre,
rue Bérault, et construisit ou répara les deux orgues de St Eusè-
be, celui de St Martin d'Avallon, de Vezelay et beaucoup d'au-
tres.
Durant ce temps, le vieil orgue caduc, gisait dans le
bas-côté derrière la chaire, en attendant d'aller se
dresser, magnifique, dans la haute nef de Toucy... Il est cepen-
dant dommage qu'on n'ait pas gardé cette splendide boiserie en
la plaçant autrement et en supprimant ce support de plâtre, ce
support insupportable ! Ainsi, nous aurions
"un orgue historique"
auquel nous pourrions intéresser les Beaux-Arts.
Il garde à Toucy sa balustrade qui paraît plus ancienne
que le buffet avec son positif ; elle pourrait dater encore de
Jacques AMYOT ; peut-être... mais les armoiries martelées ne peu-
vent nous renseigner".
Ici s'arrêtent les très précieuses "notes" de Paul BERTHIER qui,
par ailleurs, retrace la carrière des organistes d'Auxerre.
Que nous apprennent ces notes ?
Reconnaissons d'abord que le buffet est de deux époques différentes : le
Positif et la balustrade sont sûrement les vestiges de l'orgue de Jacques AMYOT placé en 1591 au
"coin du choeur" à la cathédrale d'Auxerre. Le grand buffet est postérieur : pleinement Louis
XIV -fin XVIIème début XVIIIème siècle.
Le buffet Louis XIV a été profondément modifié : en regardant la photo :
l'esthétique du grand buffet semble avoir souffert d'un certain abaissement... on voit un vide le long de la
grande tourelle et en regardant de plus près, la partie femelle d'une mortaise béante, située 30 cm au-dessus
de la mortaise actuelle.
Auxerre 1900
|
Toucy 2000
|
Cette transformation est signée : ... en effet on peut relever sur l'écusson
du plus gros tuyau de la tourelle centrale l'inscription suivante :
"Cette montre a
été faite par
LEPINE Mtre facteur
d'orgues de
Paris
en l'année 1768
et du temps du Sr Palay
organiste en cette église".
1768 -à une année près- c'est la date du déplacement de l'orgue.
D'après le facteur Ph. HARTMANN qui entretient l'orgue, au vu de cette
ancienne mortaise et des habitudes de l'époque, il est fort possible que cette façade ait possédé deux
petites montres superposées. Ces deux petites montres, si elles ont existé, dateraient du buffet postérieur
à l'orgue de Jacques AMYOT, lors d'une transformation dont la date est inconnue.
En 1768, l'orgue d'Auxerre (actuellement à Toucy) a donc l'aspect extérieur
actuel, du moins pour l'ensemble...
Une inscription a été relevée sur le premier tuyau de droite de la grande
tourelle :
"GADAULT
Facteur d'orgues
Rue Ste Croix
de la Bretonnerie
N° 45 à Paris
A Réparé Cette Orgue
En 1829".
(NdA) Il n'est pas fait mention d'une inscription injurieuse placée au-dessus de la
précédente :
"Le Nom
des anes se
trouvent partout".
et qui apparaît sur la photographie.
Reste cette foule de gros tuyaux que nous apercevons sur la photo auxerroise : ces
tuyaux subsistent toujours à Toucy mais sont disposés autrement. Ils sont tous en sapin, ce qui laisse à penser
à une origine franchement postérieure, placés là lors d'une réparation effectuée en 1840 par LETE
comme en fait foi une autre inscription tracée à la pointe sèche sur le tuyau de gauche de la grande
tourelle :
"Ceste orgue a tet réparée en 1840 par LNA LETE facteur
d'orgues à Mirecourt (vosges) et son compagnon Antoine
FILIPOWICZ officier polonais réfugié en France en
1832".
(En 1846, FORTIN l'archiprêtre signalera au préfet la dégradation des orgues ; il
est tombé traversant les voûtes, plus de 10 hectolitres d'eau sur le buffet, le plancher, les souffleries
de l'instrument)
A moins que la paternité ne puisse en être revendiquée par le facteur DUCROQUET
comme on peut le lire sur le tuyau à l'extrême gauche toujours de la grande tourelle :
"L'Entretien de
cet a été à Mr
Ducroquet en
l'année 1852
Eug. Corté (ou Corti NdA)
facteur d'orgues".
Cette hypothèse est plausible, car le pédalier actuel et certaines porcelaines situées
au-dessus de celui-ci semblent être plutôt attribuables à ce dernier facteur.
Le sommier en tout cas a disparu.
Reste également pendante la question des trois jeux ajoutés, (peut-être) par LEPINE...
S'agit-il d'un troisième clavier (de récit) placé au revers de la façade principale
comme on le faisait alors ? La difficulté actuelle d'accès dans le grand buffet (il faut descendre les cinq
plus gros tuyaux) ne permet pas de confirmer ou d'infirmer...
Tout ceci est certes des plus intéressant, mais ne fournit pas la composition en jeux.
Tout ce qu'on peut affirmer c'est que l'orgue possédait une montre de 8' et un 16' de pédale, ce dernier acquis
tardivement. La suite des investigations apprend que le sommier de grand orgue comportait 11 jeux...
L'orgue est composé d'une tribune avec sa balustrade, d'un buffet de positif situé
sur le plancher de cette tribune et d'un grand corps.
La balustrade : on a du refaire plusieurs panneaux, copie de même style pour
appareiller. En regardant le buffet de face, le panneau armorié de gauche semble être celui de Jacques
AMYOT, celui de droite porte les armoiries de Mgr ARDIN qui fut archevêque de Sens-Auxerre de 1891 à 1911.
Cette balustrade se présente donc dans le style fin XVIème. La décoration en est assez sobre au contraire
de celle du buffet de positif.
Le buffet de positif : il se présente sous l'aspect de trois tourelles, la
plus haute au centre, les deux autres aux extrémités, séparées entre elles par deux plates faces.
Chacune des tourelles comporte cinq tuyaux, chacune des plates faces, sept.
L'ensemble du buffet s'étale sur 198 cm, la grande tourelle mesurant 2 m de hauteur,
chacune des deux autres 1,40 m.
La décoration en est des plus riches, cornes d'abondance et feuillages entrecroisés
formant des guirlandes et des rinceaux. Un entablement horizontal vient joindre le haut des petites
tourelles à la tourelle centrale, elle-même couronnée d'un ange joufflu aux ailes déployées.
Chacune des trois tourelles se termine par un pot-à-feu malheureusement incomplet.
Le buffet de grand orgue : Bien que postérieur au buffet du positif, il en a
la même structure : une tourelle centrale plus élevée que les deux tourelles terminales, plus deux plates
faces. Si les tourelles comportent également chacune cinq tuyaux, les plates faces sont à deux compartiments
de six tuyaux chacune.
Le soubassement s'étale sur 2,60 m, non comprise la largeur des tourelles extrêmes
qui débordent.
Les pieds des tuyaux de cette façade, tous à la même hauteur, sont à 2,35 m du sol
de la tribune.
Cet instrument devait comporter plus de vingt jeux.
La console était en fenêtre.
Le pédalier "à la française" n'était déjà plus là, certainement : l'actuel
semble être d'origine 1840, probablement quand on ajouta un fonds de 16' à la pédale. Les plaquettes sont
également de cette époque.
La pédale s'étend sur deux octaves, de Ut1 à Ut3, soit 25 marches.
Les sommiers : celui du grand orgue (divisé en deux demi-sommiers par REGAERT
en 1900, côté Ut et côté Ut#) mesure deux fois 90 cm de large.
Il n'a pas été possible de mesurer sa longueur.
Derrière le soubassement s'ouvre le sommier desservant le grand orgue : il a
conservé ses soupapes d'origine en chêne très étroites.
Hauteur de la table : 1 cm
Hauteur des faux registres : 8 mm
Hauteur des chappes : 20 mm
Hauteur des barrages : 55 mm
Les rouleaux des tirants des registres sont anciens jusqu'à ce qu'ils rejoignent
les bâtons ronds à la console.
La tuyauterie :
Le diapason : il est un demi-ton au-dessus du diapason actuel : de plus, les
tuyaux bouchés ont été décalés vers le haut d'un degré, Ut sur Ut# ; les autres tuyaux ont été pavillonnés
ou recoupés, ce qui finalement donne un ton plus haut que le diapason original.
Les tuyaux du grand orgue :
1. - Montre 8' en etain non martelé de LEPINE ; en façade jusqu'au F3.
Biseaux dentelés et retouchés, toutes les lèvres ont été abaissées par un apport grossier de soudure qui les
laisse irrégulières. Nombreuses numérotations sur les pieds. Rouleaux de bois en face des bouches pour les
15 tuyaux des tourelles. A partir du F3 sur sommier, tuyaux diapasonnés aux bouches en meilleur état mais
sommets effilochés.
2. - Prestant 4' en étain non martelé, fin XVIIIème. Mêmes remarques que pour la
montre 8'.
3. - Bourdon 8', basses en chêne postées. Sur sommier à partir du C2, première
note marquée
"Flûte allemande du grand orgue".
Métal non martelé paraissant d'origine fin XVIIIème.
4. - Flûte 4', étain martelé à calottes mobiles marquée au premier tuyau
"Bourdon 8' du positif".
(donc décalé d'une octave). La deuxième est en plomb à calottes fixes et à cheminées. Ensuite et jusqu'au
F5 : tuyaux côniques.
Grande homogénéité de timbre malgré les origines diverses ; peut être joué en solo
à l'octave grave, ce qui donne une très belle petite flûte 8'.
5. - Bourdon 16', deux octaves en bois de sapin d'origine milieu XIXème. A partir
du C2 sur sommier : plomb martelé. Un certain nombre de tuyaux portent une ou deux bagues d'allongement à
la soudure moderne... deux ou trois ont traces de redressement après déséquerrage. Calottes mobiles.
Le premier tuyau porte la marque
"Nazard. Grand orgue".
Sans ces bagues d'allongement ce tuyau mesure 36 cm, ce qui semble être la mesure
du 1er C/Sol du Nazard.
Les deux derniers tuyaux sont en spoteed.
Les biseaux sont légèrement dentelés et en bon état, comme les tuyaux eux-mêmes.
Avec les cinq jeux anciens qu'il conserve au grand orgue et qui sont d'une
parfaite homogénéité à l'audition, nous possédons le meilleur Fonds d'Orgue qui soit, bien loin à la ronde.
L'ensemble mérite au plus haut point d'être compté parmi le
Mobilier protégé
Quel était l'orgue original ? De l'orgue de LEPINE il ne reste que la Montre 8'
et la Flûte allemande, cette dernière étant utilisée en Bourdon 8'... les autres jeux ont sans doute une
origine plus ancienne, Louis XIV probablement.
BULLETIN DE LA SOCIETE DES SCIENCES DE L'YONNE
1959-60 - 98ème volume
L ' H O T E L D E S L O M B A R D S
... au numéro 2 de la rue des Lombards et 5 de la rue Joubert, dans lequel s'exploite un commerce de
café-restaurant.
... André FIGEAT, épicier-cirier reprend l'immeuble et y décède, en 1737...
Sa veuve, née Barbe ORILLARD continue le commerce jusqu'au 18 janvier 1744 et vend l'immeuble à Joseph PALAIS,
organiste de la cathédrale, en même temps
"maître de pension";
C'est un ami du philosophe Jean-Jacques ROUSSEAU auquel il avait, paraît-il, appris l'harmonie alors qu'ils
résidaient tous deux à Chambéry. Le département lui alloua d'ailleurs, une pension vers la fin de sa vie, pour
ce fait jugé remarquable par les dirigeants de l'époque. Lorsque J-J ROUSSEAU vint à Auxerre passer quelque
temps près de son ami PALAIS, il est fort probable qu'il logeait dans cette ancienne maison et que tous deux
se hataient fréquemment de rejoindre le café-billard MILLON, fondé en 1749 pour y jouer aux échecs.
Après la révolution cette maison n'a plus d'histoire.
Je mets dans la prosopographie des musiciens d'église une étude très détaillée de
Jean-Marc Baffert ainsi référencée :
Baffert Jean-Marc. Deux organistes amis de Rousseau : J.J. Palais et G. Trouflaut. In: Dix-huitième Siècle, n°25, 1993.
L'Europe des Lumières. pp; 493-502 ;
doi : https://doi.org/10.3406/dhs.1993.1946
https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1993_num_25_1_1946
PROCES-VERBAUX DE LA VILLE D'AUXERRE
PENDANT LA REVOLUTION
1790
8 Juillet
Programme de la fête du 14 juillet. - Le conseil arrête que tous les citoyens
seront invités à cette fête... qu'à dix heures une messe solennelle sera dite à la cathédrale, les drapeaux
de la milice bourgeoise seront déposés aux voûtes de cet édifice ; qu'après il sera chanté un Te Deum ;
enfin que MM..., officiers municipaux sont nommés pour demander au Chapitre les prières, messe et Te Deum
ordonnés.
Dimanche, 14 Juillet
Fête de la Fédération - ... A l'heure de 10 heures la Compagnie s'est
rendue en l'église cathédrale...
... Arrivée dans ladite cathédrale... la Compagnie est entrée dans le choeur... Après les prières et
cérémonies religieuses la Compagnie s'est rendue avec le clergé dans la nef, où, en sa présence et celle de
tous les citoyens, les huit drapeaux de la milice bourgeoise ont été déposés à la voûte de ladite. Le clergé
et la Compagnie rentrés dans le choeur, il a été célébré une messe solennelle.
... Aussitôt après a été chanté un Te Deum après lequel la Compagnie est sortie de l'église
cathédrale dans le même ordre qu'elle s'y était rendue.
15 Juillet
Demande d'une semaine de prières - Sur l'observation faite par un des messieurs
que le temps pluvieux que l'on éprouve depuis plus de quinze jours, peut causer des torts aux biens de la
campagne, et qu'il serait à propos de demander des prières, il a été arrêté que M. le maire voudra bien se rendre
auprès de MM. les grands vicaires, et leur demander, de la part de la Compagnie, d'ordonner une neuvaine de prières
à commencer de ce jour, pour obtenir de Dieu la cessation des pluies.
1791
12 Juillet
Réparations aux orgues de Saint Etienne - Les orgues de l'église saint Etienne
qui n'ont pas été touchées depuis plus de six mois, ayant besoin d'être réparées et accordées, le Conseil
charge M. Maure de faire faire ce travail par tel artiste qu'il voudra.
14 Juillet
Procès-verbal de la cérémonie qui a eu lieu aujourd'hui - A l'heure de 10
indiquée par la délibération du 9 de ce mois, et jusqu'à laquelle tout ce qui a été prescrit a été exécuté, le
corps municipal, sorti de l'Hôtel-de-Ville, s'est rendu en l'église paroissiale de Sainte-Etienne, à la tête de
la garde nationale et de la brigade de maréchaussée.
Arrivé dans ladite église, et après avoir fait déposer l'autel de la patrie dans la nef,
le corps municipal est entré dans le choeur, où il a occupé des sièges placés dans le milieu, comme faisant les
honneurs de la cérémonie.
Après la célébration de la messe, M. le maire est monté en chaire, et a prononcé un
discours qui a été vivement applaudi. Ensuite on s'est rendu sur la place Saint-Etienne, et à midi précis le
serment fédératif a été prêté par tous les citoyens des deux sexes, et avec des acclamations de joie. On est
rentré dans l'église pour y chanter le Te Deum, après lequel le corps municipal a repris sa marche et s'est
rendu à l'Hôtel-de-Ville, dans le même ordre qu'il était allé à la cérémonie.
16 Juillet
Payement des frais de culte - Sont entrés les sieurs Gautheron, sacristain de
l'église Saint-Etienne, Bonnote, chantre, Jobard, serpent, Notiny, suisse, et Benard, sonneur de ladite église.
Ils demandent un à-compte sur leurs traitements. Arrêté qu'ils recevront chacun un à-compte de 50 livres, sauf
répétition contre la fabrique quand elle sera organisée.
Procès-verbaux de l'Administration
Municipale de la Ville d'Auxerre pendant la Révolution
19 fructidor
Temple Saint-Etienne
Ouï le rapport d'un de ses membres et le commissaire du Directoire exécutif entendu ;
"L'administration considérant que le législateur, en
"instituant des fêtes nationales et publiques, n'a eu d'autre but
"que de présenter au peuple des spectacles propres à nourrir dans
"son âme le feu sacré de la liberté et resserer entre tous les ci-
"toyens les biens de la fraternité civile et de l'égalité politi-
"que ;
"Considérant que l'attention du législateur ne sera par-
"faitement remplie que lorsque ces fêtes si intéressantes et si
"instructives, soit par les grands souvenirs qu'elles nous rappel-
"lent, soit par les grands exemples qu'elles nous préparent, se-
"ront célébrées dans des édifices assez vastes pour contenir la
"totalité des citoyens ;
"Considérant enfin que le local affecté jusqu'ici à la
"célébration des fêts publiques est évidemment trop étroit ;
"qu'il est prouvé par l'expérience qu'il ne peut recevoir dans son
"enceinte qu'une très petite partie des cotoyens et que le temple
"dit Etienne, est le seul qui, par sa position et son étendue,
"réunisse tous les avantages désirés ;
"arrête ce qui suit :
"Le temple dit Etienne demeure uniquement consacré à la
"célébration des fêtes nationales et publiques. Il se nommera le
"Temple de la Fraternité".
"Article 2. - A la notification du présent les déposi-
"taires des clefs seront tenus de les remettre au secrétariat de
"l'administration municipale.
"Le présent arrêté sera envoyé à l'homologation du Dé-
"partement."
27 fructidor
Temple Saint-Etienne
L'arrêté de fermeture du temple dit de Saint-Etienne a été homologué le 19 par le
Département ; en conséquence l'administration ordonne que son arrêté soit notifié au citoyen Gagneur, ministre
du culte catholique, par deux administrateurs qui se feront rendre les clefs de l'édifice.
17 nivôse
Eglise Saint-Etienne, réouverture
Sur le rapport d'une pétition de citoyens de cette com-
"mune tendant à obtenir l'usage de la ci-devant église Saint-
"Etienne pour y exercer le culte. Vu les lois du 11 prérial an III
"et 7 vendémiaire an IV, et l'arrêté des consuls de la République
"du 7 de ce mois ;
"L'administration, ouï le rapport fait par un membre de
"la conférence qu'il a eue avec plusieurs administrateurs du Dé-
"partement sur l'objet de la pétition ;
"Considérant que les citoyens de cette commune étaient
"au premier jour de l'an II, en possession de l'édifice dont il
"s'agit ; qu'ils n'ont pu, ni du en être dépossédés, quoiqu'il y
"ait eu interruption du service du culte ; qu'en tout cas l'arrêté
"des consuls, leur assure de nousveau ladite possession ;
"Considérant aussi que par arrêté de l'administration
"centrale du 27 fructidor an VI, basé sur un arrêté du Directoire
"exécutif du 27 nivôse an V, et sur une instruction du ministre du
"27 ventôse suivant, le local dont il s'agit a été affecté à la
"célébration des fêtes nationales et décadaires et de toutes les
"fêtes publiques, mais que cette destination est compatible avec
"l'exercice des cultes, et que l'intention de l'administration
"centrale ne sera pas contrariée par l'usage de partie de cet eédi-
"fice pour les cérémonies religieuses.
"Arrête ce qui suit :
"La grande nef, les bas-côtés de ladite nef et toutes
"les chapelles et sacristie, qui y font leur entrée, faisant par-
"tie de l'édifice de la ci-devant église Saint-Etienne, seront
"remis à l'usage des citoyens pour s'en servir sous la surveil-
"lance des autorités constituées, aux termes des lois et arrêtés
"précités.
"Ils auront également l'usage des orgues, à la charge de
"les entretenir toujours en bon état.
"L'endroit appelé le dessous des cloches demeure réservé
"pour l'usage exclusif du préposé à la sonnerie, et nul autre ne
"pourra se servir de ce local, ni en avoir la clef.
"Il est rappelé aux citoyens que ladite partie église
"est également consacrée par la loi du 11 prairial à la tenue des
"assemblées ordonnées par la loi ; qu'ils sont chargés de l'entre-
"tenir et réparer ainsi qu'ils aviseront sans aucune contribution
"forcée ; que dans le cas où des citoyens exerçant des cultes dif-
"férents ou prétendus tels réclameraient concurremment l'usage du
"même local, il leur sera commun, sauf, de la part de l'adminis-
"tration, à fixer pour chaque culte les jours et heures plus con-
"venables ; qu'enfin nul ne peut remplir le ministère d'aucun cul-
"te dans ledit édifice sans l'avoir déclaré à l'administration, et
"s'il n'a fait devant elle la promesse de fidélité à la Constitu-
"tion prescrite par l'arrêté des consuls du 7 de ce mois, sous les
"peines prononcées par la loi du 7 vendémiaire an IV.
"Ils ne pourront établir aucun monument à demeure fixe
"dans la grande nef, ni au devant des grilles du ci-devant choeur
"et au contraire ils seront tenus de les laisser libre les jours
"de solennités nationales et décadaires et des fêtes publiques.
"L'état actuel des lieux sera constaté par le citoyen
"Ramponneau, administrateur municipal, contradictoirement avec les
"commissaires des pétitionnaires.
"Après la confection et signature dudit état des lieux,
"les clefs en seront remises au citoyen Delingette, indiqué par
"les pétitionnaires.
Sign" : WAULTIER, président,
TENAILLE, Edm FAURAX, ROBERT,
SOCHET, RAMPONNEAU et BUS-
SIER administrateurs.
ROBINET-PONTAGNY, commissaire
du gouvernement.
FAULTRIER, secrétaire en chef.
par M. Ch. Demay
6 pluviose
Eglise Saint-Etienne
Lecture d'une lettre du Département de ce jour, heure de midi, portant que les citoyens ont
commis des dégâts dans le temple de Saint-Etienne ; qu'ils ont forcé les grilles du choeur et des bas-côtés et détruit
les décorations servant à la célébration des fêtes nationales. Vérification faite, il est rapporté que les
grilles du choeur et des bas-côtés, les décorations et autres objets servant à la célébration des fêtes
nationales, sont dans le même état qu'au moment de la livraison de l'église au culte. Que le seul citoyen
qui se soit introduit dans le local des solennités nationales est le citoyen Denombret, directeur du temple,
qui y a numéroté tous les objets mobiliers, pour en assurer la propriété au Département.
Annuaire historique du département de l'Yonne
PERRIQUET 1866
Journal d'un auxerroix du 19 novembre 1796 au 7 septembre 1797
4 floréal
... A l'issue des vêpres de St Etienne, on a chanté le salut du St Sacrement,
qui est demeuré exposé toute la journée, après lequel on a chanté le Te Deum avec l'orgue, le verset et la
collecte d'action de grâce.
15 prairial
... Les première vêpres ont été chantées à St Etienne avec la plus grande
solennité ; on a touché de l'orgue.
9 thermidor
... Les reclus qui étaient à Auxerre s'y sont trouvés, ainsi que les plus
honorables citoyens, en grand nombre. La quête a été considérable, le choeur était paré comme aux fêtes
annuelles ; ensuite on a chanté le Te Deum avec l'orgue et en plain-chant. L'église était pleine ; depuis
sept ans, on n'avait pas étalé autant de luxe.
|
|